LONDRES - « Ce n'est pas un secret, c'est le poste que j'ai toujours voulu » : 25 ans après le début de sa carrière d'entraîneur, et 10 ans après un camouflet de sa Fédération, Sam Allardyce peut savourer sa nomination vendredi à la tête de la sélection anglaise (FA).

Nommé pour deux ans, l'entraîneur à la tête de Sunderland la saison passée, aura la lourde tâche de faire oublier les désillusions répétées des Three Lions ces dernières années, notamment l'élimination surprise par les Islandais dès les huitièmes de finale de l'Euro 2016 en France en juin.

« En plus de son objectif prioritaire, qui sera la qualification pour la phase finale de la Coupe du monde 2018 en Russie, Allardyce aura la charge de façonner une équipe forte, déterminée et de développer le potentiel de la jeune et talentueuse équipe anglaise », a affirmé la Fédération dans un communiqué.

« Je suis honoré d'être choisi. Je ferai tout ce que je peux pour aider l'Angleterre à obtenir de bons résultats, et pour apporter à notre nation et à nos partisans les succès qu'ils méritent », a déclaré le technicien anglais dans un communiqué de la FA. « Nous avons des joueurs talentueux et dévoués, et il est temps pour nous de nous montrer à la hauteur. »

Allardyce prend une petite revanche dix ans après une première tentative infructueuse pour entraîner la sélection : en 2006, la Fédération lui avait préféré Steve McLaren pour succéder au Suédois Sven-Goran Eriksson.

Maigre palmarès

Il faut dire qu'à 61 ans, l'ancien défenseur ne présente pas un CV très reluisant. Il n'a pas entraîné de grand club européen comme son prédécesseur Roy Hodgson passé par l'Inter de Milan. Il n'a pas non plus remporté de C1 comme l'Italien Fabio Capello avec le Milan AC ni même de C3 comme Eriksson avec Göteborg.

Il peut se targuer en revanche d'être le genre d'entraîneur qui tire le meilleur de ses effectifs, alors qu'il n'était pas forcément destiné à une carrière sur le banc.

À 36 ans, lorsque le prêtre Joe Young l'appelle pour lui confier les rênes de la modeste équipe irlandaise de Limerick, Allardyce croît à une blague : « Il m'a dit "t'es en train de te foutre de moi Reidy?" », a raconté le père Young au Daily Telegraph. « Il pensait que j'étais Peter Reid (ancien joueur d'Everton, et ami d'Allardyce), et que je lui faisais une blague ».

Une fois la surprise passée, le technicien emmène son équipe jusqu'au titre en deuxième division irlandaise, en 1992.

Quelques montées, beaucoup de maintiens

Allardyce, qui a lutté une bonne partie de sa vie contre une dyslexie, a ensuite rejoint l'Angleterre et Blackpool, en 1994, puis Notts County en 1997. Après une série de 18 matchs sans victoires, et une relégation, le technicien rebondit et fait remonter son équipe en Premier League avant de rejoindre Bolton.

En huit ans passés chez les Wanderers, il connaît la relégation mais aussi les plus belles heures de sa carrière, et développe son style défensif et agressif qui lui vaudra de nombreuses critiques outre-Manche par la suite.

Allardyce mène le club du nord de l'Angleterre à la 6e place du championnat, et lui offre la première qualification européenne de son histoire en 2005.

Après un passage éclair à Newcastle entre 2007 et 2008, il permet à Blackburn de se maintenir dans l'élite en 2009, puis à West Ham de la rejoindre et d'y rester entre 2011 et 2015, mais il est écarté en raison du mécontentement des fans envers son style de jeu. « Tu travailles avec ce que tu as et tu essayes d'en tirer le meilleur », s'était-il alors défendu dans une interview au Daily Telegraph.

Il rejoint alors Sunderland, et décroche un énième maintien en 2015-2016, avant de pouvoir enfin s'attaquer à son plus grand défi.