LONDRES - Manchester City a de nouveau empoché dimanche, sous la forme d'un doublé contre Newcastle (2-0), crucial dans la course au titre, les dividendes du colossal investissement consenti pour faire venir de Barcelone l'Ivoirien Yaya Touré, l'homme de base des probables futurs champions d'Angleterre.

Il y a deux ans, le cheik Mansour d'Abu Dhabi avait dû signer un chèque de 24 millions de livres (près de 30 millions d'euros) au Barça pour s'attacher les services du milieu de terrain, et surtout accepter de lui verser 250.000 livres par semaine, soit un des plus gros salaires du monde.

Aux yeux des supporteurs de City au moins, ce qu'a réussi Touré dimanche à St James' Park, où le club a fait un pas décisif vers son premier sacre depuis 44 ans, n'a pas de prix.

Le tournant de la rencontre a eu lieu vers l'heure de jeu lorsque l'entraîneur Roberto Mancini a décidé de remplacer Samir Nasri par Nigel de Jong en milieu de terrain, pour permettre à Touré de se porter aux avant-postes.

Quelques minutes plus tard, l'Ivoirien débloquait la situation d'un superbe intérieur du pied de vingt mètres. Il allait tuer le suspense à quelques secondes de la fin en marquant son sixième but de la saison d'un tir de près.

Ce dénouement, Touré, gorgé de confiance, l'avait lui-même annoncé à ses coéquipiers à la veille de la rencontre.

"Samedi, il nous a dit à l'entraînement que c'était à son tour de briller. Il y croyait, et quand on entend ce genre de choses de la part de ce genre de joueur, on commence à y croire aussi", a raconté le défenseur anglais Joleon Lescott au Manchester Evening News, soulignant l'influence sur le groupe de Touré.

Le vrai joueur de l'année

Mancini aussi croyait en son joueur, l'un des cinq qu'il a le plus utilisés cette saison alors même qu'il a manqué un mois de compétition en février pour aller disputer la CAN avec la Côte d'Ivoire.

Avant le match, l'Italien avait pris Touré à part pour un briefing individuel. "Il m'a dit qu'il fallait que je sois à la hauteur. J'ai toujours pensé que j'étais venu dans ce club pour écrire l'histoire", a dit le joueur africain de l'année 2011 après la victoire.

L'Ivoirien a commencé à le faire la saison dernière, dès sa première saison en bleu ciel, en marquant les buts décisifs en demi-finale de la Coupe d'Angleterre contre Manchester United, puis en finale contre Stoke. C'était le premier trophée soulevé par les "Citizens" depuis 25 ans.

Pour Touré, qui fêtera ses 29 ans le 13 mai, c'était la continuation d'une razzia commencée à son arrivée à Barcelone. En trois saisons, il avait amassé pas moins de sept titres, dont une Ligue des champions en 2009, déjà contre les "Red Devils", ses adversaires préférés.

Pourtant, avant de devenir l'un des meilleurs milieux de terrain du monde, l'ancien joueur de l'ASEC Mimosas a bourlingué aux quatre coins de l'Europe, dans des clubs au prestige variable, Beveren (Belgique), Metalurg Donetsk (Ukraine), Olympiakos Le Pirée (Grèce), puis Monaco.

C'est à Barcelone que ses qualités techniques, exceptionnelles pour un joueur aussi puissants(1,91 m, 90 kg), son relâchement dans l'action, un peu à la manière d'un Patrick Vieira, désormais un de ses dirigeants à City, et sa polyvalence, ont éclaté au grand jour.

"Avec lui, on a deux joueurs en un seul", a commenté dans une chronique au Daily Mail l'ancien joueur Jamie Redknapp, pour qui Yaya Touré est, plus que le buteur d'Arsenal Robin Van Persie, le vrai footballeur de l'année en Angleterre.