RIO DE JANEIRO, (AFP) - Flamengo, la plus populaire des équipes de soccer du Brésil, traverse l'une des pires crises de ses cent années d'existence: le club croule sous les dettes et est en proie à des accusations de corruption et de détournements de fonds pour le paiement de pots de vin.

Le club se trouve au bord de la faillite, sans avoir les moyens de faire face à cette grave situation, qui affecte le rendement de ses joueurs, sans salaire depuis trois mois et sans perspective d'être payés rapidement.

Le 19 février, Flamengo avait annoncé la démission de trois de ses vice-présidents, Amir Bocaiuva (juridique), Kim Peixoto (administration) et Murilo Ramos (finances), ainsi que le licenciement de Mario Monteiro, responsable du département soccer depuis moins de deux mois.

Les dettes totales du club s'élèvent à 70 millions de dollars, si l'on inclut les impôts dus à l'Etat de Rio. A court terme, les dettes se montent à quelque 4,5 millions de dollars. Elles seront réduites, en partie, grâce à l'argent que Flamengo va recevoir pour sa participation à la Copa Libertadores et au Championnat Rio-Sao Paulo.

Mais ces recettes ne seront pas très importantes, car l'équipe rouge et noire est d'ores et déjà éliminée de la première phase de la Copa Libertadores (elle est actuellement dernière du groupe 8) et n'a presque plus de chances de se maintenir dans le tournoi Rio-Sao Paulo (elle pointe à la 14e place sur 16 du classement). Les besoins se feront donc rapidement sentir, aucune rentrée d'argent n'étant prévue avant août prochain, date de la Coupe des champions.

Vente de joueurs

La presse sportive de Rio a révélé que les dépenses mensuelles du club s'élevaient à environ un million de dollars. Côté recettes, Flamengo reçoit 200 000 dollars par mois grâce à un contrat avec la compagnie nationale des pétroles, Petrobras, et deux versements annuels de 860 000 dollars de la multinationale américaine Nike.

Pour alléger ses dettes à court terme, Flamengo devra donc négocier prochainement le transfert de certains de ses joueurs jouissant des contrats les plus coûteux, comme le Yougoslave Dejan Petkovic (220 000 dollars mensuels).

Pour les supporteurs et la presse sportive, le responsable de cette situation est l'actuel président du club, Edmundo Santos Silva, dont le mandat avait été prolongé de trois ans, officiellement pour réaliser des projets négociés avec une firme suisse de marketing sportif, ISMM-ISL, partenaire de la FIFA pour les droits commerciaux et télévisés de la Coupe du monde. Mais celle-ci a fait faillite en mai 2001.

Flamengo s'est alors retrouvé sans le sou, alors que Santos Silva avait déjà passé des contrats mirobolants, avec notamment Edilson, Juninho, Leonardo, Petkovic et Vampeta. Après de nombreuses défaites et sans avoir remporté de titre important, il va devoir négocier leur départ. Edilson et Vampeta sont déjà partis.

Le surintendant de l'équipe, Alvaro Marques, a déclaré à la presse que le club devra recueillir au moins 6,4 milliards de dollars grâce au transfert de ces joueurs.

Flamengo, champion de l'Etat de Rio en mai 2001, a disputé 15 matches sans victoire de décembre à février. Début mars, il a toutefois gagné contre les Colombiens d'Once Caldas, en Copa Libertadores, et contre Corinthians, dans le Championnat Rio-Sao Paulo.