PRAGUE (AFP) - Fou de ballon rond et fan de Liverpool, un géographe tchèque, Radovan Jelinek, a réussi à concilier métier et passion pour créer un atlas mondial du soccer qui explique en cartes et tableaux simples le sport le plus populaire du monde.

"Le soccer réunit les gens dans le monde entier", s'enthousiasme Radovan Jelinek, 36 ans, dans son petit bureau de la banlieue de Prague. "C'est un jeu tellement excitant à regarder mais en même temps tellement simple: il suffit d'une sorte de balle et de quatre briques pour figurer les poteaux".

Pendant quatre ans, il a passé de longues heures à éplucher ses archives, consulter des experts et demander de l'aide à des contributeurs, recrutés parmi ses connaissances ou bien encore sur internet. Radovan Jelinek est désormais un grand érudit du soccer, capable de disserter sur des versions primitives du jeu en Chine 2500 ans avant Jésus-Christ.

Le résultat est un livre de 232 pages, qui liste quelque 10 000 clubs et raconte -en 170 cartes, tableaux et diagrammes- l'expansion du sport dans le monde, son histoire, sa popularité comparée aux autres sports ou encore les flux migratoires du marché mondial des transferts.

Regorgeant de chiffres, l'atlas rappelle que le plus vieux stade du monde en service est situé à Chesterfield en Angleterre (1866), que le plus grand est situé à Pyongyang, en Corée du Nord (150.000 places) et que l'Allemagne a le plus grand nombre de licenciés (6 millions).

Catastrophes

Réalisé en tchèque il y a quatre ans, le livre baptisé "Le Premier atlas mondial du soccer" a été traduit en allemand et en anglais. Jelinek en a maintenant vendu 20 000 exemplaires mais il souligne qu'il n'est pas devenu riche pour autant.

"Cela m'a paru naturel de faire cela: combiner mon amour du soccer et mon expérience de la géographie et des statistiques", explique-t-il.

"La plupart des livres de soccer sont très secs. J'ai voulu montrer le jeu dans son ensemble, de manière à ce que même les gens qui ne sont pas fans puissent s'y intéresser, ajoute-t-il. Le thème principal est le soccer mais le livre révèle aussi beaucoup de choses sur l'histoire et la géographie."

Les heures les plus sombres du soccer ne sont pas oubliées, en particulier la tragique décennie des années 80 qui a coûté la vie à plus de 800 supporteurs dans des catastrophes à répétition: au Heysel à Bruxelles ou à Sheffield en Angleterre par exemple, sans oublier la bousculade moins connue du stade Lénine à Moscou qui fit 340 morts en 1982.

Prouesses

Mais alors que l'équipe nationale tchèque fait des prouesses lors de l'actuel Championnat d'Europe des nations, Radovan Jelinek avoue qu'il a secrètement soutenu l'Angleterre, car il est un vieux fan de Liverpool.

"Je me souviens avoir vu sous le communisme la finale de la Coupe d'Europe des clubs champions entre Liverpool et le Borussia Moenchengladbach (1977). Mon oncle, qui avait émigré en Angleterre, m'avait dit que je ne faisais rien de faux si je soutenais Liverpool et c'est ce que j'ai fait depuis lors."

Sa passion dévorante pour son livre n'est vraiment du goût de sa femme, avec qui il vient d'avoir un bébé. Elle l'exhorte à trouver "un travail convenable". Mais la pression conjugale ne l'a pas dissuadé de travailler à une version actualisée de l'atlas mondial. Il a même mis en chantier un atlas du soccer tchèque, qui remonte à la fin du 19e siècle quand le pays faisait encore partie de l'Empire austro-hongrois.

"Ma femme déteste le soccer car j'y consacre beaucoup trop de temps mais c'est quelque chose que j'adore faire, je pense aussi qu'il y a encore plusieurs atlas à faire", dit-il.