LONDRES (AFP) - Le milliardaire américain Malcolm Glazer s'est assuré lundi plus de 75% des parts de Manchester United, ce qui lui donne de facto le contrôle complet du club de soccer anglais et même la possibilité de le retirer de la Bourse de Londres s'il le souhaite.

L'homme d'affaires de Palm Beach (Floride) a annoncé lundi soir dans un communiqué à la Bourse de Londres que sa société véhicule Red Football avait acquis dans la journée 2.352.123 actions au prix de 300 pence par action, ce qui porte sa participation totale à 199.421.033 actions, soit 75,70% du capital de Manchester United.

Cette annonce était attendue depuis le début de la journée et plusieurs sources l'avaient estimée inévitable,
M. Glazer détenant vendredi soir 74,81% du club.

"Ce qui importe désormais, c'est ce que veut faire Glazer", a commenté Richard Hunter, analyste à la maison de courtage Hargreaves Lansdown Stockbrokers.

Selon la réglementation boursière britannique, détenir plus de 75% du capital donne carte blanche sur l'avenir du club, et notamment le droit d'en modifier les statuts.

Supporteurs hostiles

Il pourra ainsi prendre les décisions qu'il souhaite sans faire voter les actionnaires, et les supporteurs du club le soupçonnent en particulier de vouloir retirer Manchester United de la Bourse de Londres, où il est coté depuis 1991, et s'endetter sur ses comptes.

Les supporteurs du club soupçonnent aussi Glazer de vouloir vendre leur stade mythique d'Old Trafford, pour le relouer ensuite, ou de signer un contrat de sponsoring, comme l'a fait Arsenal avec Emirates pour son nouveau stade d'Ashburton Grove, qui portera pendant 15 ans le nom de la compagnie aérienne.

Une participation supérieure à 90% du capital obligerait les actionnaires minoritaires du club à céder leurs titres à l'Américain, selon la réglementation financière britannique.

Les actionnaires-supporteurs réunis dans l'association Shareholders United, hostiles à Malcolm Glazer, disent détenir environ 18% des actions, mais les analystes estiment leur participation aux alentours de 10%.

Malcolm Glazer, qui a fait part de ses intentions à l'égard du club en octobre dernier, propose de racheter les actions Manchester United qu'il ne détient pas encore au prix unitaire de 300 pence, ce qui valorise le club à 790,3 milliards de livres (1,162 milliard d'euros).

Les supporteurs hostiles à Malcolm Glazer ont menacé de perturber la finale de la Coupe d'Angleterre de football, le 21 mai à Cardiff.

Self made man

Ancienne vedette française de Manchester United, Eric Cantona s'est déclaré lundi solidaire des supporteurs.

"United existe depuis plus d'un siècle, avec sa philosophie et son identité propres, ainsi qu'un très solide sens de la formation des jeunes", a confié Cantona, 39 ans, au tabloïd The Sun. "Et maintenant, voilà qu'un Américain qui n'y connaît rien au football débarque de nulle part. Je suis à 100% avec les supporteurs de MU".

En revanche Arsène Wenger, le manageur français du club londonien d'Arsenal, champions d'Angleterre de la dernière saison, avait défendu vendredi Malcolm Glazer.

"Je ne suis pas d'accord avec les supporteurs de Manchester United qui craignent pour l'avenir de leur club parce qu'une personne extérieure y investit 790 millions de livres (1,15 md d'euros). Croyez-vous qu'elle veuille détruire le club en investissant une telle somme ?", avait-il demandé.

Malcolm Glazer, 78 ans, est un vrai "self made man" à l'américaine. Fils d'un immigré lituanien, il a commencé à travailler à l'âge de huit ans dans la fabrique familiale de pièces détachées pour montres.

A la mort de son père en 1943, il prend les commandes de l'affaire et la développe, avant d'investir dans l'immobilier d'entreprise puis de se diversifier tous azimuts.