PORTO (AFP) - Le cauchemar de l'Italie est devenu réalité: le Danemark et la Suède, en faisant match nul 2-2 mardi, lors de la 3e et dernière journée du groupe C de l'Euro-2004 de soccer, se sont qualifiés pour les quarts de finale, laissant la Squadra Azzurra entre dépit et colère.

Avant ce duel nordique, la presse italienne n'avait cessé de crier au complot possible entre voisins de la mer Baltique, puisqu'un nul à partir de 2-2 mettait fin aux derniers espoirs italiens, même en cas de succès contre la Bulgarie, déjà éliminée (et battue 2-1 mardi soir).

Au regard de l'intensité du match entre Danois et Suédois, il est difficile de penser que ce match ait pu être arrangé. Le défenseur danois Niclas Jensen a d'ailleurs payé l'engagement physique de cette rencontre: touché à une cheville, il a été hospitalisé et devrait dire adieu à la compétition.

Le sélectionneur italien Giovanni Trapattoni restait digne après le match. "Je suis persuadé que l'éthique existe dans le sport. Personnellement, je n'ai aucune suspicion", a-t-il précisé, ajoutant qu'il n'était pas question pour l'Italie de saisir l'Union européenne de soccer(UEFA) d'une quelconque réclamation.

Allégations "ridicules"

Mais les joueurs du "Trap" n'ont pas tous été aussi élégants. "Je ne peux pas y croire. Deux pays si fiers de leur fair-play qui font 2-2", lâchait ainsi le gardien de but Gianluigi Buffon.

Le camp scandinave ne veut en tout cas plus entendre parler de cette "théorie du complot" lancée par le pays de Machiavel. Ces allégations ont été qualifiées de "ridicules" par le sélectionneur danois Morten Olsen, très irrité par la presse italienne, tandis que son homologue suédois Lars Lagerbaeck assurait qu'il suffisait de "regarder la vidéo du match pour voir que les deux équipes voulaient la victoire".

L'attaquant de la Suède Henrik Larsson rétorquait pour sa part que "même Steven Spielberg n'aurait pas pu écrire un scénario comme celui-là", tandis que son partenaire et milieu offensif Kim Kaellstroem assénait: "Les Italiens auraient mieux fait de gagner leurs autres matches au lieu de se plaindre".

Quelques minutes plus tôt, avant ce tourbillon de déclarations, l'Italien Antonio Cassano, avait bien cru devenir le héros de tout un peuple en marquant le but de la victoire dans les dernières secondes contre les Bulgares (2-1, 90+4e). Mais Mattias Jonson, en égalisant lui aussi en fin de rencontre pour la Suède (2-2, 89e), avait déjà scellé le sort des Italiens.

Comptes à rendre

L'image de Cassano passant du bonheur aux larmes (quand le banc des remplaçants lui a fait comprendre que tout était fini) est tout ce qui restera d'une sélection italienne qui quitte le tournoi sans panache (0-0 contre le Danemark et 1-1 contre la Suède lors des deux premiers matches).

Maintenant l'heure est venue pour la Squadra de rendre des comptes aux Tiffosi, après une élimination précoce qui fait tâche pour le finaliste déçu de la dernière édition (battu par la France) et vainqueur de l'épreuve en 1968.

Les journaux italiens annoncent déjà la démission de Giovanni Trapattoni en fin de semaine et son remplacement probable par Marcello Lippi, ancien entraîneur de la Juventus Turin.

Les joueurs ne seront pas épargnés. "Les milliardaires azzurri rentrent à la maison" titraient ainsi de façon acide les journaux italiens mercredi. Christian Vieri, qui a gâché tant d'occasions face à la Suède (1-1), et Francesco Totti, suspendu trois matches pour avoir craché au visage d'un joueur danois, n'ont pas répondu à l'attente de leurs supporteurs et peuvent se faire du souci.