MONTRÉAL – Hassoun Camara est frustré. Mais l’exaspération du défenseur de l’Impact n’a rien à voir avec une blessure récurrente, un temps de jeu insuffisant ou une querelle avec un coéquipier.

« Si vous m’enlevez la neige de Montréal, ça ira très bien. J’en peux plus, là! », rouspétait le grand Français, mardi, en se penchant pour enfiler ses espadrilles après l’entraînement de l’équipe.

Camara, vous l’aurez compris, est simplement frappé par le blues du printemps, un malaise auquel semblent échapper bien peu de Québécois. Mais le vétéran de 29 ans aurait d’autres raisons de s’apitoyer sur son sort.  

Depuis deux ans, Camara fait partie des meubles au sein de la brigade défensive montréalaise. En 2013, il a été titularisé pour 32 des 34 matchs de l’équipe en saison régulière. L’an dernier, il a obtenu 28 départs en MLS et sept autres lors du championnat canadien et de la Ligue des champions. 

Cette année, c’est inhabituellement tranquille pour le latéral droit. Ralenti par une blessure à une cheville avant même le début de la campagne, Camara a perdu des minutes au profit du nouveau venu argentin Victor Cabrera. Il a également dû rater un match en raison d’une suspension.

Pour éviter de rouiller, Camara a accepté d’endosser l’uniforme du FC Montréal, le club-école de l’Impact en USL, samedi.

« C’était très important pour moi parce que j’ai carrément loupé ma préparation, a-t-il avoué. Sur les six matchs qu’on a faits, j’en ai pratiquement raté cinq et demi. Alors quand le coach m’a demandé si ça me disait de jouer avec les jeunes, j’ai tout de suite dit oui pour essayer de garder la forme, à tout le moins. »

Camara, qui dans les faits a débuté deux des trois matchs de l’Impact en MLS en plus d’être utilisé sporadiquement en Ligue des champions, admet qu’il a de la difficulté à trouver ses aises en ce début de saison.

« C’est sûr qu’il y a un flow à retrouver. Surtout que personnellement, avec mon gabarit et mes aptitudes physiques, il faut absolument que je sois à 100% physiquement pour pouvoir m’exprimer à mon mieux. C’est sûr que c’est difficile quand on n’a pas trop eu de minutes en présaison. »

Par moments, Camara semble avoir la mèche courte. Son comportement lors du match du 21 mars en Nouvelle-Angleterre en a irrité plusieurs. Ce jour-là, il a écopé de deux cartons jaunes difficilement pardonnables, provoquant son expulsion et imposant à ses coéquipiers une situation de désavantage numérique pendant près d’une demi-heure.

Mais malgré les apparences, Camara assure être dans un bon état d’esprit.

« J’ai joué beaucoup de matchs avec l’Impact et des choses comme ça peuvent arriver. C’est sûr que c’est frustrant d’essayer de gommer cette facette du jeu, mais en même temps, des bêtises, ça arrive à tout le monde. Et ça, c’en était une. C’est à moi de corriger ça et de passer à autre chose. »

Le sourire de McInerney

C’est fou l’effet qu’un petit but peut avoir sur l’humeur d’un joueur payé pour en marquer.

Mardi, la moue qu’affichait Jack McInerney une semaine plus tôt avait cédé sa place à un petit sourire qu’il avait peine à réprimer 48 heures après avoir célébré sa première réussite de la saison dans un match nul face à l’Orlando City SC.

« Ça fait du bien, n’a pas caché le jeune attaquant lors de sa rencontre hebdomadaire avec les journalistes. Mon attitude à l’entraînement est probablement un peu plus positive aujourd’hui et ç’a un effet direct sur ma confiance. On a fait quelques exercices de finition aujourd’hui et j’ai réussi quelques beaux buts. Je crois que je pourrai bâtir là-dessus cette semaine, en espérant pouvoir continuer à aider l’équipe. »

McInerney a obtenu au moins 70 minutes de jeu dans chacun des trois matchs de l’Impact en MLS cette saison, mais s’est vu confier un rôle limité en Ligue des champions. L’absence de Cameron Porter risque toutefois de changer la donne. Par nécessité, l’entraîneur Frank Klopas risque de faire appel aux services de Jack Mac mardi prochain au Costa Rica, alors que l’Impact disputera le match retour de sa série de deux matchs contre L.D. Alajuelense.

« Je ne peux que me défoncer chaque jour à l’entraînement et au final, les entraîneurs prendront les décisions au niveau tactique. Je crois qu’il est évident pour tout le monde qu’on aura besoin d’un autre but, mais il est fort possible qu’on joue de prudence en attendant les ouvertures comme on l’a fait jusqu’ici en CONCACAF. Il est trop tôt pour savoir ce que les entraîneurs ont en tête présentement. »

En raison de l’absence de plusieurs joueurs réguliers à l’entraînement, McInerney et Romario Williams ont été appelés à occuper le même espace dans le tiers offensif mardi. Klopas a rapidement prévenu les journalistes de ne pas sauter aux conclusions : un schéma tactique à deux attaquants n’est pas nécessairement dans les plans, a-t-il insisté.

Mais pour ce que ça vaut, McInerney n’a pas détesté l’expérience.

« Je pense que je peux m’impliquer davantage dans le jeu dans un 4-4-2. Dans un 4-5-1, l’entraîneur me demande de rester en haut et de ne même pas prendre la peine de revenir chercher le ballon. Il me dit que si je n’ai pas le ballon, c’est la faute des milieux de terrain. Mais c’est évident que si je ne touche pas au ballon, ma confiance n’est pas là. Alors je préfère jouer en 4-4-2, mais si on parvient à provoquer des chances et à dominer en possession dans un 4-5-1, ça peut aussi bien me servir. »

En attendant de connaître son rôle pour le prochain match, McInerney repense au dernier qu’il a disputé. Il dit avoir pris le temps de visionner son but, un petit bijou qui est en lice pour la palme hebdomadaire de la MLS, à quelques reprises.

« Il y a d’autres bons candidats. Celui de Pontius était pas mal, DeLeon a fait un travail extraordinaire pour préparer ce but. Mais je crois que le mien était bien. Je suis surtout persuadé que ce n’était pas mon dernier. »