MONTRÉAL – Il serait exagéré de parler d’un deuil, mais Amar Sejdic risque assurément de ressentir un certain vide sans la présence de Patrice Bernier dans l’entourage du CF Montréal.

Bernier, qui a récemment quitté son poste d’entraîneur-adjoint au sein de la première équipe du club pour accepter un rôle d’analyste à la télévision, s’est avéré être un précieux conseiller pour le jeune milieu de terrain américain en 2020 au sein du staff de Thierry Henry.

« Je n’étais pas ici à l’époque où il jouait, bien sûr, mais j’ai regardé ses clips, j’ai étudié son style de jeu, a affirmé Sejdic jeudi. C’était un joueur très cérébral et intelligent. Il avait une belle compréhension de l’espace qu’il occupait et de l’effet de chacun de ses mouvements sur le terrain. Sa façon de trouver les bons espaces en première touche, d’exécuter les passes clés, de briser les lignes avec une seule passe. Il m’en a appris énormément, que ce soit sur la façon de positionner mon corps ou sur la manière dont on peut changer un match simplement en tournant avec le pied droit au lieu du gauche. »

« C’est certainement une perte pour nous, mais tout le monde trace son propre chemin. Ça a été un plaisir d’apprendre de lui l’année dernière. »

La dernière saison a été celle de l’éclosion pour Sejdic, un choix de deuxième ronde de l’Impact au repêchage de 2019. Limité à 68 petites minutes de jeu à son année recrue, l’ancien de l’Université du Maryland a pris part à un total de 15 matchs, dont huit dans un rôle de titulaire, en 2020. Profitant notamment du départ de Saphir Taïder, il a démarré cinq matchs consécutifs en l’espace de 17 jours en octobre, enfilant au cours de la séquence ses deux premiers buts en MLS.

Mais les histoires comme la sienne ont été racontées en boucle à Montréal au cours des dernières années.

En 2018, la recrue Ken Krolicki s’était vite hissé parmi les favoris de l’entraîneur Rémi Garde et avait disputé 24 des 34 matchs de l’équipe. L’année suivante, il avait obtenu à peine 500 minutes de jeu et avait quitté le club l’hiver venu. En 2019, ça avait été au tour de Shamit Shome de gagner en importance dans les plans de l’équipe. Vingt-sept matchs, plus de 1600 minutes et pour lui aussi, un premier but en carrière. Mais l’an dernier, le jeune Canadien n’a pas su gagner la faveur d’Henry et s’est vite retrouvé sur la voie d’évitement. Il jouera en Première Ligue Canadienne en 2021.

Sejdic ne pourra donc rien prendre pour acquis au cours des prochains mois, d’autant plus que l’entraîneur qui lui a donné sa chance n’y est plus pour assurer le suivi.

« Au-delà de toute mise en contexte, je crois que la complaisance est nuisible pour n’importe quel joueur, estime Sejdic. Ça sera important pour tous les gars qui sont ici depuis quelques années de rester humbles et d’être conscient qu’on ne reçoit pas de cadeau dans ce métier, tout doit être mérité. Il y a aura de la compétition à plusieurs positions et ça sera important que tout le monde se présente avec beaucoup d’énergie et un esprit compétitif parce que c’est la meilleure façon de s’améliorer en tant que groupe. »

Des buts et des passes

Dans un monde idéal, Sejdic ne ferait pas partie des titulaires réguliers du CF Montréal en 2021. L’arrivée de renfort en milieu de terrain, nommément celle des jeunes Djordje Mihailovic et Ahmed Hamdi, devrait logiquement le reléguer au rang de substitut.

Les nombreux imprévus liés au contexte sanitaire, le départ probable de certains de ses coéquipiers en équipe nationale, les inévitables blessures qui marqueront le cours de la saison et les fluctuations habituelles dans la forme de chacun sont autant de facteurs qui devraient lui fournir l’occasion de prouver sa valeur. Mais pour le moment, il considère qu’il est beaucoup trop tôt pour s’avancer sur le rôle qui lui sera confié lorsque l’heure du retour au jeu aura sonné.

« Il faut que vous compreniez que les gars qui ont dû se soumettre à une quarantaine ne sont arrivés au camp que depuis quatre jours. On essaie encore de retrouver nos jambes. On a amplement de temps devant nous pour déterminer tout ça. Les choses vont se mettre en place sur le terrain, des conversations viendront mettre tout ça au clair en temps et lieu. On y verra plus clair à mesure que le camp gagnera en fluidité. »

D’un point de vue personnel, Sejdic souhaiterait développer le côté plus décisif qu’on lui a découvert l’an dernier.

« Si je peux aller davantage vers l’avant, je veux le faire. Je veux mettre quelques passes décisives à ma fiche et marquer quelques buts de plus, des buts importants. Mais en général, je veux juste faire en sorte qu’on puisse me faire confiance quand je suis sur le terrain. Je veux m’assurer de faire ma juste part pour aider le collectif. »