MONTRÉAL – Il faut toujours en prendre et en laisser avec les matchs préparatoires. Quand ils impliquent une équipe qui comptent sur une dizaine de joueurs qui ne peuvent probablement pas encore appeler tous leurs nouveaux coéquipiers par leur nom, la logique veut qu’on en laisse plus qu’on en prenne.  

Il serait donc sage de prendre avec un grain de sel la défaite de 2-0 qu’a subie le CF Montréal jeudi contre le FC Tormenta, un club qui évolue en USL League One, le troisième échelon hiérarchique des championnats de soccer aux États-Unis. C’est du moins l’avis d’Amar Sejdic, dont les deux saisons d’ancienneté en font l’un des joueurs ayant le plus de vécu au club.

« Le pointage final envoie un message qui diffère de l’interprétation qu’on fait du match à l’interne, a dit le milieu de terrain américain au lendemain du revers. C’est facile de tirer des conclusions d’une défaite de 0-2, plusieurs questions peuvent être soulevées. L’affaire, c’est qu’on s’habitue encore à ce que les entraîneurs veulent bâtir avec nous. »

« On a eu un nombre fou d’occasions de marquer, surtout en deuxième demie, des occasions qu’on n’a pu mettre au fond, ajoute Sejdic, qu’on doit prendre au mot puisque le match était disputé à huis clos et à l’abri des caméras. C’est mieux de les rater maintenant qu’une fois que la saison sera commencée. »

« Beaucoup de gars revenaient de leur équipe nationale, d’autres revenaient de blessure. On a eu un seul entraînement afin de préparer ce match, a rappelé le défenseur Zorhan Bassong. Donc franchement, pour ce que j’ai vu, oui il y a beaucoup de trucs sur lesquels il faut travailler, mais je pense aussi qu’il y a beaucoup de points positifs qu’on peut retenir de ce match-là. »

Au-delà de ce réajustement nécessaire des perspectives, ce premier match laboratoire pour le CF Montréal vient quand même servir de rappel sur la position précaire dans laquelle se retrouve le club à l’aube de la nouvelle saison. Ce groupe forcé à l’exil, au talent limité et au sein duquel les familiarités sont encore à bâtir, n’a plus qu’une semaine devant lui pour arriver à proposer quelque chose de cohérent. Une semaine avant que les actions soient liées à de réelles conséquences. Une semaine qui risque de passer très vite.

« Le temps n’est pas de notre côté afin de rallier tout le monde à la façon dont on veut jouer, dont on veut défendre, dont on veut garder le ballon, réalise Sejdic. Tout ça, c’est évidemment un chantier qui est toujours en cours, un projet qu’on continue de bâtir à chaque entraînement, à chaque jour. Et ultimement, ça sera comme ça toute la saison. »

Réaliste, Sejdic note qu’il serait utopique de penser que les joueurs du CF Montréal avanceront au diapason dans un futur proche.

« Il y a des équipes en Europe qui ont besoin de plusieurs années pour se doter d’une fondation, d’une identité, d’une culture. Ici, on en est qu’au point de départ. On a des entraîneurs qui sont là depuis quelques années et un petit noyau de joueurs qui se connaissent, mais il y a aussi beaucoup de nouveauté. »  

« Il y a des relations à établir, pas seulement en tant que coéquipiers sur le terrain, mais juste comme des gars qui doivent apprendre à se connaître à l’extérieur du soccer. Je ne m’attends pas à ce que ça soit parfait le jour de notre premier match, le 17 avril, mais c’est la base pour n’importe quelle équipe qui aspire au succès. »  

Bassong en duel avec Kizza

Montréal pourrait en avoir plein les bras pour le lancement de sa saison 2021. Son premier adversaire sera le Toronto FC, un rival mieux nanti, mieux rodé et historiquement intimidant. Mais Zorhan Bassong est d’avis que le CF MTL n’aurait pu tomber sur un meilleur stimulant pour s’assurer d’être à son affaire pour son match inaugural.

« Je le vois comme une belle opportunité. Ce sont nos grands rivaux, c’est un derby. Dans un sens, tout le monde voudra être prêt pour ce match, la concentration de tous sera au maximum. Hier, on jouait notre match et on comparait chaque situation à ce que ça pourrait donner contre Toronto. Je crois que les joueurs sont déjà très motivés pour ce match. Personnellement, je ne pourrais espérer mieux. »

Bassong est l’un de ceux qui ont raté la première partie du camp préparatoire afin de répondre à l’appel de leur sélection nationale. Convoqué par Mauro Biello pour aider l’équipe canadienne des moins de 23 ans dans la dernière étape des qualifications pour une place aux Jeux olympiques de Tokyo, il a passé quelques semaines au Mexique en compagnie de ses coéquipiers du CF Montréal Zachary Brault-Guillard, Ballou Tabla et James Pantemis.

Bassong a commencé le tournoi sur le banc. Il a fait son entrée comme substitut dans le deuxième match de la phase de groupe et s’est installé comme titulaire jusqu’au match de demi-finale perdu contre le Mexique. Sa polyvalence a bien servi Biello, qui l’a utilisé en milieu de terrain et sur l’aile gauche dans un 3-5-2.

Avec le CF Montréal, Bassong a reçu le signal qu’il évoluera comme latéral gauche, sa position naturelle. Il sera en compétition pour des minutes de jeu avec l’Ougandais Mustafa Kizza.

« Je pense qu’on est deux joueurs avec des profils un peu différents, mais tous les deux intéressants. On a dix jours pour préparer la saison et tous les deux on va se battre pour ce poste. Je pense qu’il n’y a rien de clair encore dans les idées du coach. Pour le moment, je pense que tous les deux on mériterait de pouvoir disputer les matchs. C’est maintenant à nous de se battre pour voir qui peut aller mériter ce poste de titulaire. »