MONTRÉAL – Le soccer a beau être un sport planétaire, les frontières invisibles qui définissent l’espace dans lequel il est pratiqué sur une base professionnelle forment un bien petit monde.

Zorhan Bassong se souvient qu’à l’époque où il avait quitté le Québec pour rejoindre les académies de clubs belges, le directeur sportif du Standard de Liège avait démontré « un certain intérêt » envers lui. « J’étais même allé voir les dirigeants du Standard à l’époque », précise-t-il non sans un brin de fierté.

Bassong avait finalement quitté pour la France seulement pour revenir en Belgique trois ans plus tard, cette fois comme professionnel. Peu après ce transfert, il a débuté sa carrière internationale avec la sélection canadienne. En janvier 2020, il a pris part à deux matchs amicaux contre l’Islande et la Barbade.

L’homme qui l’avait remarqué à Liège, Olivier Renard, était maintenant à Montréal. Son intérêt ne s’était pas atténué.   

« Après ceux deux matchs, il y a quelques agents qui sont entrés en contact avec l’Impact et avec mon père. C’est à partir du mois d’août que les négociations ont commencé à vraiment prendre de l’ampleur, raconte le jeune homme de 21 ans. À partir de là, ils ont commencé à venir de plus en plus et c’est là que j’ai vu qu’ils avaient un réel intérêt envers moi. On m’a expliqué le projet sportif. J’ai eu un appel avec Olivier Renard et lorsque j’ai parlé avec lui, j’ai été directement convaincu et ça m’a donné envie de signer dès que c’était possible. »

L’Impact a confirmé l’embauche de Bassong mardi. La nouvelle recrue a signé un contrat de deux ans assorti de deux années d’option. « Nous avions un accord pour 2021 depuis un certain moment, a spécifié Renard par voie de communiqué. Nous avons préféré attendre pour en faire l’annonce pour ne pas déstabiliser les joueurs jouant à sa position et atteindre nos objectifs de 2020. »

Bassong est né à Toronto d’un père camerounais et d’une mère belge. Il était encore un poupon lorsque la famille a déménagé au Québec, sur la Rive-Sud de Montréal. À l’école primaire, il a été inscrit au programme sport-études du Collège Français de Longueuil. Patrick Leduc, l’ancien joueur de l’Impact qui occupe aujourd’hui le rôle de directeur de l’Académie du club, a été l’un de ses entraîneurs.

« Je me rappelle, étant tout petit, il y avait un joueur que j’aimais bien regarder, qui est d’ailleurs aujourd’hui entraîneur-adjoint de l’équipe nationale et entraîneur de l’équipe U23, Mauro Biello. Je me rappelle, je ne sais pas si j’ai encore ça dans mes archives, mais j’avais pris une photo avec lui. Ces gars-là, c’était des modèles pour moi à l’époque. »

À l’âge de 14 ans, Bassong s’exile en Belgique pour y continuer son développement. Il passe par Mouscron et Anderlecht. Après trois ans, il est transféré au club français de Lille. Il y joue 31 matchs avec l’équipe réserve, puis revient en Belgique avec le Cercle Bruges. Là-bas, sa progression frappe un mur. En 2019-2020, il passe quatre matchs sur le banc et n’est même pas en uniforme le reste du temps.

« J’ai donné le meilleur de moi-même là-bas. J’ai fait mon possible, se défend-il. Pour X raisons, ça n’a pas marché, mais voilà, je vais toujours être respectueux envers le Cercle Bruges. Ils ont quand même fait des trucs pour moi et tout ça. C’est sûr, dire que je ne suis pas un peu déçu, ça serait un mensonge. Mais je pense qu’à partir d’aujourd’hui, il faut que je regarde vers l’avant. Je ne dois pas penser au passé et à ce qui n’a pas fonctionné. Aujourd’hui je suis avec l’Impact et je suis prêt à tout donner pour l’Impact. »

Compétition à gauche

Le contrat de Bassong entrera en vigueur en 2021, ce qui veut dire qu’il ne sera pas disponible pour prendre part à la fin du parcours de l’Impact en Ligue des champions à la mi-décembre.

Le nouveau venu est décrit par Olivier Renard comme un défenseur « latéral gauche ou droit, et pouvant évoluer comme défenseur central dans une défense à trois. »

« Pour tout vous dire, dans tous les clubs que j’ai faits en Europe, j’ai toujours principalement joué latéral gauche, a précisé le principal intéressé. C’est à ce poste que j’ai été formé. J’ai aussi joué au milieu pour compenser lorsqu’il y avait des absences, tout ça. Et quelques fois aussi en tant que défenseur central dans une défense à trois. Donc on va dire que je suis un joueur avec une certaine polyvalence, je sais m’adapter à plusieurs systèmes. Mais le poste de prédilection, comme on dit, je pense que c’est celui de latéral gauche. »

Une compétition à l’interne se dessine donc entre Bassong et Mustafa Kizza, un international ougandais que l’Impact a mis sous contrat en juillet et qui a été impliqué comme remplaçant dans le dernier match de la saison régulière et dans la défaite contre le Revolution de la Nouvelle-Angleterre en match éliminatoire.

Bassong se décrit comme un joueur énergique et combatif. « On peut dire que j’ai une petite formation européenne. Là-bas, ça joue vite au foot, le jeu rapide. Je pense que je suis capable d’apporter de ce football européen. Mais le principal, c’est dans la mentalité. Tout est dans l’état d’esprit à mon avis. »

Son arrivée s’inscrit dans la volonté de Renard d’insérer dans son effectif des joueurs jeunes avec un bon potentiel de revente. Elle rajeunit également une brigade défensive qui a récemment été allégée par les départs annoncés de Jorge Corrales, Jukka Raitala et Rod Fanni.

En date du 1er décembre, les neuf défenseurs sous contrat avec l’Impact affichent une moyenne d’âge de 21,5 ans.