MONTRÉAL – Comme si Mauro Biello n’avait pas déjà eu à gérer assez de casse-tête cette saison, l’entraîneur-chef de l’Impact devra démontrer du doigté dans la gestion de son effectif alors que sa troupe pourrait disputer trois matchs déterminants en huit petits jours.

Le travail de Biello aurait été simplifié si la dernière partie de la saison régulière – dimanche au domicile du Revolution – ne pouvait pas avoir d’incidence sur le match de barrage, l’étape qui lance les séries de la MLS.

En effet, l’Impact (45 points) peut encore obtenir le privilège de procéder à cette rencontre sans lendemain devant ses partisans. Par contre, le club montréalais devra coiffer D.C. United (46 points) au classement. La tâche ne sera pas évidente puisque D.C. United traverse une séquence de six matchs sans défaite dont quatre victoires consécutives.

Si le classement demeure inchangé après la dernière journée du calendrier régulier, l’Impact se rendra chez D.C. United pour le match de barrage.

Ainsi, Biello sera un peu torturé sur les ressources à investir pour jouir du confort de la maison sans gaspiller des réserves cruciales pour cet affrontement éliminatoire.

« Je dois gérer la situation, je vais équilibrer la formation pour nous donner la meilleure chance de remporter ce match tout en étant prêt pour mercredi ou jeudi. Les gars qui ne vont pas jouer dimanche vont être sur un horaire différent de ceux qui iront sur le terrain », déclaré Biello qui a dû peser le pour et le contre de quelques scénarios.

« On sait tous que deux jours de repos, ce n’est pas beaucoup au soccer », a mentionné l’entraîneur.

Par contre, le temps maussade de mercredi a incité Biello à épargner ses réguliers. Il pourrait s’agir d’une mauvaise piste, mais il a écourté la séance d’entraînement de tous les joueurs – outre Evan Bush - qui ont entamé le plus récent match contre le Toronto FC. Cette décision démontre qu’il pourrait déléguer le même effectif partant.  

Chose certaine, Biello ne cache pas qu’il va ajuster sa stratégie pendant la rencontre contre le Revolution en fonction du résultat du match du D.C. United à Orlando qui sera joué simultanément.   

« Je vais équilibrer l’effectif pour contrer ce qui va se passer durant notre match, mais aussi dans les autres. Si je dois fermer le jeu ou pousser le tout, certains choix seront effectués en conséquence », a reconnu Biello.

Par la suite, l’entraîneur a employé une phrase qui peut indiquer une variante ou deux. 

« Il y a des gars que je ne peux pas risquer qui ne vont pas faire le voyage du tout. Il y aura des joueurs qui vont avoir leur chance de montrer qu’ils peuvent aider cette équipe à gagner », a-t-il confié.

En ce qui concerne les joueurs, ils n’auront pas à se poser autant de questions que leur patron. Leur boulot consiste plus à décrocher le meilleur résultat possible et à s’adapter par la suite.

« On veut essayer de finir pour avoir un match à domicile, c’est un avantage considérable en séries. En même temps, on sait qu’on jouera de nouveau mercredi ou jeudi. On va y aller un match à la fois », a réagi Bernier. 

« C’est très important d’être dans les séries. C’était notre but pour la saison. On fera notre travail, celui de gagner le match là-bas et on verra ensuite pour le résultat de D.C. », a exposé Ignacio Piatti. 

Dimanche dernier, Piatti ne cache pas qu’il a regardé le résultat des autres parties sur le tableau indicateur avant de retraiter au vestiaire à la demie. Bernier a plus l’intention de se laisser ce mandat au personnel technique.

« Je suis certain que des personnes seront au courant pendant qu’on va jouer. De notre côté, on va davantage se concentrer sur le match », a-t-il noté.

Autant Piatti que Bernier ont profité de l’occasion pour confirmer qu’ils se sentaient d’aplomb pour être titularisé pour trois matchs en l’espace de huit jours. 

« Ça fait partie de la réalité, on l’a vécu il n’y a pas trop longtemps. On est prêt pour cette possibilité et on se prépare pour ça », a précisé Bernier qui ne serait pas surpris de voir une certaine rotation de l’effectif dimanche.

C’est probablement rassurant pour Biello qui a essayé de multiples combinaisons dans le dernier droit de la saison pour trouver la composition la plus efficace.

« Le onze du moment semble avoir trouvé une cohésion, on est plus difficile à battre. Des gars comme Nacho, Didier (Drogba) et Matteo (Mancosu) peuvent faire la différence. Un onze s’est placé et nous donne la confiance de gagner des matchs », a admis Bernier.

Un déficit de 12 buts à combler!

Mathématiquement, le Revolution peut encore accéder aux éliminatoires, mais ça implique de rattraper un écart de 12 buts avec l’Union de Philadelphie. Même si on parle d’un scénario très improbable, ce n’est pas une bonne nouvelle pour l’Impact puisque le club de Jay Heaps fera tout en son pouvoir pour remonter la pente et remercier ses partisans.

« Ils attendent une grande foule et l’entraîneur a dit qu’il veut donner un grand spectacle aux partisans. C’est certain qu’ils vont essayer de gagner ce match pour se donner une chance », a compris Biello. 

« Des fois, c’est difficile de se préparer pour des matchs comme ça parce qu’une équipe va tenter sa chance et ouvrir le jeu. Quant à nous, on veut exploiter les espaces qu’ils vont nous donner », a-t-il enchaîné.

En somme, ça risque d’attaquer de partout sur le terrain surtout que le Revolution mise sur la bête noire de l’Impact, le dangereux buteur, Kei Kamara.

« Ils voudront sûrement jouer un match très offensif. C’est à nous de profiter des espaces qui suivront surtout que notre équipe est très bonne sur la contre-attaque », a exprimé Bernier qui en a vu d’autres.

Kamara sera déjà motivé pour ce duel, mais il risque de l’être encore car son grand ami, Dominic Oduro, ne ratera pas l’occasion de lui lancer un défi amical.

« On doit prendre un pari, je l’appelerai plus tard. Je vais lui dire de prendre les choses doucement, ils sont écartés des séries après tout. Ils pourraient envoyer leur équipe B et nous laisser nous amuser », a rigolé Oduro. 

« Des enjeux se décideront même au dernier match et c’est la beauté du sport. En espérant qu’on gagne et que D.C. perde », a fait remarquer le marchand de vitesse. 

Bernier croit justement que l’esprit d’équipe actuel de l’Impact sera à la hauteur pour ce test.

« Le vestiaire est bien animé et en vie dernièrement. On a atteint notre premier objectif d’accéder aux séries donc on ressent une confiance et c’est le plus important à ce stade-ci de la saison. »

Mais le véritable but se retrouve bien plus loin. 

« On se réfère à notre expérience de l’an passé, on sait qu’on veut faire encore mieux. Si on peut tout fracasser et mériter la coupe », a conclu le capitaine.