MONTRÉAL - À la suite du revers contre l’une des pires formations de l’Est (l’Union de Philadelphie) le 22 août, Laurent Ciman avait déploré l’absence de philosophie chez l’Impact de Montréal.

Même s’il n’est arrivé avec l’organisation que depuis quelques mois, Ciman a visé juste en abordant ce dossier qui est revenu à plusieurs reprises lors du long point de presse des dirigeants de l’Impact dimanche en lien avec le congédiement de Frank Klopas.

En héritant du poste d’entraîneur par intérim jusqu’à la conclusion de la saison, Mauro Biello (qui rencontrera les médias lundi à 11h) obtiendra l’occasion d’exercer une influence plus marquée sur cette philosophie.

« Mauro aura ses idées, c’est lui qui prendra les décisions et, évidemment, les entraîneurs tendent toujours l’oreille vers les conseils de leur personnel », a noté Adam Braz, le directeur technique.

Par contre, Braz a été on ne peut plus clair en précisant que la « philosophie globale » du club – qui a souvent été contestée par les partisans les plus fervents - sera toujours déterminée par le comité technique et pas seulement l’entraîneur.

« Changer le momentum »

« On joue un système de 4-2-3-1 avec un attaquant qui peut marquer des buts. On a fait de la contre-attaque avec succès, mais on a aussi montré qu’on peut déstabiliser adversaire qui reste bas sur le terrain sauf que ce n’est pas arrivé dernièrement », a exposé Braz.

« S’il pense à modifier le tout pour le dernier tiers de la saison, il va le faire. Ensuite, si Mauro reste comme entraîneur à temps, on abordera ce sujet après la fin de la saison », a-t-il enchaîné.

Biello, qui a connu un succès intéressant en remplacement de Jesse Marsch en 2012 et lors des suspensions fréquentes à Marco Schällibaum et Klopas, sera certainement tenté d’agrémenter la recette avec sa touche personnelle.

C’est encore plus vrai puisque l’Impact n’a marqué que quatre buts depuis six matchs. Cette chute de production affecte la perception de certains amateurs qui jugent l’équipe trop conservatrice.

« Avant la mauvaise séquence, nous étions au sixième rang pour les buts marqués alors je ne dirais pas que c’est un problème. Je ne suis pas vraiment d’accord sur cette affirmation. Je pense qu’on a des joueurs qui peuvent faire lever les partisans de leur siège », a répondu Braz avec justesse.

Le hic, c’est que la tendance récente ne sera pas facile à renverser surtout que la transaction de Jack McInerney a amputé l’Impact d’un producteur offensif.

« Ce fut une décision prise pour l’effectif et le plafond salarial. C’est venu au moment de l’arrivée de Didier (Drogba) et (Johan) Venegas. Je n’aime pas regarder derrière, je me concentre sur l’avenir et nous avons assez de joueurs pour marquer des buts. On a eu beaucoup d’occasions dernièrement et c’est un bon signe », a exprimé le directeur technique.

Mais comme l’a demandé avec logique le collègue Patrick Friolet, qu’est-ce qui permet de croire que le changement d’entraîneur aidera les joueurs à concrétiser les chances de marquer ?

« Ce sera à Mauro d’aider pour la confiance », a répondu Braz en rappelant que Klopas avait été sacrifié seulement en fonction des résultats et non des menaces générées.

En se voyant confier l’équipe pour le tiers d’une saison, Biello reçoit le mandat idéal pour convaincre les dirigeants de retenir son C.V. pour la candidature d’entraîneur. De l’avis de certains, Enzo Concina aurait pu recevoir ce vote de confiance étant donné sa vaste expérience en MLS et en Europe.

« Mauro est le premier assistant et c’est la façon de faire sur la planète soccer de confier l’interim à celui qui occupe ce rôle. Ensuite, Enzo pourra prodiguer ses conseils avec son expérience et l’aider dans ce sens », a-t-il justifié.

Patience envers l’Académie et la relève québécoise

Les bruits qui courent laissent croire que les joueurs locaux qui évoluent avec l’Impact sont souvent pénalisés au profit des athlètes dénichés à l’extérieur. Du moins, le seuil de tolérance serait moins élevé pour les joueurs québécois ou ceux qui proviennent de l’Académie du club.

À ce sujet, Braz a exprimé son désaccord.

« En ce qui concerne le temps de jeu, c’est une récompense qui se mérite. Ils doivent montrer chaque jour à l’entraînement qu’ils peuvent faire une différence sur le terrain », a indiqué Braz.

« Que le joueur vienne du Québec, de l’Argentine ou de la Côte d’Ivoire, c’est la même chose pour tous. Les jeunes d’ici font du bon travail et c’est à eux de prendre leurs chances quand elles se présentent », a-t-il continué.

Du même souffle, il s’est assuré de mentionner le désir de l’organisation à miser sur davantage de joueurs formés sur son territoire.

« C’est certain qu’on veut voir plus de joueurs d’ici sur le terrain, c’est la raison pour laquelle on a investi autant dans l’Académie. Ce n’est pas seulement pour le paraître, mais ça prend de la patience », a insisté l’ancien joueur de l’Impact.

Parlant de l’Académie, Braz a tenu à tempérer les attentes des gens qui souhaitent voir les joueurs issus de ce modèle s’établir comme des piliers du club.

« C’est important de comprendre que l’Académie est encore jeune. On pourra la juger davantage quand elle aura plus de maturité dans quelques années et qu’on aura formé des athlètes depuis leur jeunesse. C’est à ce moment qu’on pourra déterminer si elle fait un bon travail », a relativisé le directeur technique.

Cette évolution aurait justement atteint un autre niveau cette année.

« L’interaction, l’intégration et la complicité, tout cela n’a jamais été aussi à la hauteur avec l’Académie. Il y a eu un gros travail effectué dans ce sens par Adam, Mauro et Philippe Eullaffroy (le principal responsable de cette aventure). C’est devenu un lieu de concertation entre les deux équipes et on a remarqué une amélioration considérable qui est moins perceptible pour les gens », a tenu à ajouter le vice-président exécutif, Richard Legendre.