MONTRÉAL – Au soccer, une loi non-écrite veut qu’une équipe qui s’aperçoit qu’un joueur adverse est en souffrance prenne l’initiative d’arrêter le jeu pour lui permettre d’obtenir les soins nécessaires. En guise de reconnaissance pour cette preuve d’esprit sportif, il est entendu que les coéquipiers de l’éclopé remettront le ballon aux bons samaritains dès la reprise du jeu.

Mauro Biello croit que Toronto FC a violé cette règle sur le jeu qui a mené au but de Jozy Altidore et que a permis aux visiteurs de soutirer un match nul de 1-1 à l’Impact mercredi dans le match aller de la finale du Championnat canadien.

À la 29e minute, alors que l’Impact protégeait une avance d’un but, Daniel Lovitz est resté au sol et s’est mis à se tordre de douleur après être entré en contact avec Laurent Ciman sur le seuil de la surface de réparation montréalaise. Rapidement, le latéral gauche a signalé au banc des siens qu’il avait besoin d’aide. 

« Il y avait un grand trou dans son genou. C’était ouvert et vraiment... dégueulasse! », a décrit Biello après la rencontre.

Mais les joueurs du TFC ont ignoré les plaintes de Lovitz, un ancien coéquipier, et ont continué à faire circuler le ballon autour du grand rectangle adverse. Altidore en a éventuellement hérité à quelques centimètres du blessé, a déjoué Kyle Fisher et a décoché un tir que le gardien Maxime Crépeau n’a pu maîtriser.

« Je ne suis même pas certain que nos gars savaient qu’un joueur adverse était au sol, a plaidé l’entraîneur torontois Greg Vanney. Le jeu était assez éloigné et de toute façon, en réalité, nous ne sommes pas obligés d’envoyer le ballon à l’extérieur du terrain. L’arbitre peut toujours arrêter le jeu s’il le veut. Mais honnêtement, je ne suis pas certain que nos gars savaient qu’il y avait un joueur au sol. Je ne sais pas quoi dire de plus. »

Biello n’a pas eu l’air impressionné par l’argument de son vis-à-vis lorsqu’il lui a été relayé.

« Il était assis en plein milieu de la surface. C’est sûr qu’ils étaient en train d’attaquer, mais si vous voyez des images de son genou, vous n’en reviendrez pas. Mais bon, au final, c’est la décision qu’ils ont prise. Si la même situation se produit de notre côté, on saura comment réagir. »

Le pilote montréalais n’en voulait pas seulement aux hommes de Vanney. À ses yeux, l’arbitre Silviu Petrescu a manqué le bateau en remisant son sifflet sur la séquence.

« J’étais déçu et je l’ai laissé savoir au quatrième officiel. C’est incroyable. [Lovitz] était dans le milieu de la boîte. J’aurais pu comprendre qu’on laisse l’action se poursuivre s’il avait été un peu à l’écart, plus loin du but. Mais il est un défenseur et il était directement dans la surface. C’est décevant parce qu’ils en ont profité pour marquer, mais il n’y a rien qu’on puisse y faire, alors on va l’oublier et passer à autre chose. »

L’incompréhension de Biello n’était pas nécessairement partagée par ses joueurs, plus conciliants envers l’attitude adoptée par l’adversaire.

« Dan est tough et quand il reste au sol, tu sais que c’est sérieux. Je savais que ça n’allait pas, mais il fallait gérer la situation. Peut-être faire faute avant ou stopper le jeu parce qu’on sait qu’on a un joueur en moins et en plus, il élimine la ligne du hors-jeu parce qu’il est derrière notre défense. Mais ça se passe très vite et par la suite, il fallait juste réagir au ballon. »

« J’aurais bien aimé qu’ils arrêtent de jouer, mais si j’avais été à leur place, j’aurais probablement fait la même chose, a candidement admis Chris Duvall. Je crois qu’aucun d’entre nous ne se doutait vraiment de ce qui se passait avec Lovitz à ce moment. Ça aurait été un beau geste de leur part, mais ce n’était pas le genre de match dans lequel on pouvait s’en attendre. »

« Ça fait partie du jeu et il aurait fallu s’ajuster. On ne l’a pas fait et on en a payé le prix », a simplement résumé Kyle Fisher.

Impact 1 - Toronto FC 1

Lovitz a reçu des points de suture pour refermer la plaie qui l’a forcé à sortir du terrain sur une civière. Biello a dit qu’il était « correct », mais n’a pas définir plus précisément son statut pour le match que l’Impact disputera samedi à Columbus.

L’Impact sort donc de ce duel avec ses rivaux torontois avec une situation potentiellement compliquée en défense. Déjà privé d’Ambroise Oyongo, perdu pour le reste de la saison en raison d’une déchirure ligamentaire à un genou, il pourrait maintenant se retrouver sans latéral gauche naturel. Il devra aussi se priver de Duvall pour le match retour de la finale du Championnat canadien. Ce dernier y est devenu inadmissible en écopant de son deuxième carton jaune de la compétition mercredi. 

Avec seulement cinq défenseurs disponibles pour le match qui déterminera le gagnant de la Coupe des Voyageurs, Biello pourrait être contraint de délaisser le schéma en 5-3-2 qu’il a valorisé au cours des trois derniers matchs.