MONTRÉAL – Evan Bush en avait long à dire dans le vestiaire de l’Impact samedi soir. Et quelque chose nous dit qu’il a dû se retenir pour ne pas en dire encore plus.

Le vétéran gardien fumait après avoir vu son équipe bousiller une avance de deux buts et se contenter d’un nul amer contre des visiteurs qui étaient dans les câbles avec dix minutes à faire au match.

Impact 2 - Sounders 2

« Je me rappelle clairement avoir regardé le cadran vers la 76e minute et nous avoir trouvé un peu trop confortables. J’y repense et je me dis que c’était exactement la même chose l’an passé quand on menait 3-0 contre Toronto [en finale de l’Est]. On est détendus, on veut entendre les « Olé! Olé! » de la foule, mais ce n’est pas le temps. Il faut finir le match, point final. »

Auteur de deux solides performances en autant de sorties depuis le début de la saison, Bush peut se permettre de hausser le ton devant les micros. Samedi, il semblait se diriger sans trop de problème vers son premier jeu blanc de la saison quand une faute commise par Laurent Ciman dans sa surface de réparation a ouvert la porte au but de Nicolas Lodeiro sur penalty.

Bush était tout aussi exempt de reproche sur le but égalisateur de Will Bruin, qui s’est fait oublier dans la circulation lourde à l’atterrissage d’un ballon aérien dans les arrêts de jeu. La séquence, un éducatif parfait pour illustrer les carences qui continuent de hanter le Bleu-blanc-noir, a particulièrement irrité le cerbère.

« Quand vous protégez une avance d’un but, il n’y a aucune raison pour que vos gars soient en train de se replier, face à leur propre filet, pour tenter de contrer un centre. Ça ne se peut pas. Tactiquement, il faut être un peu plus intelligent dans ce genre de situation et ce soir, on ne l’a pas été. »

« On ne peut rendre la vie aussi facile à l’adversaire, a renchéri Bush. Ils donnent la balle à leur gardien, attaquent sur le flanc, placent trois gros gars dans notre surface et réagissent plus rapidement que nous. Résultat : un tir à bout portant gratuit. Il y a beaucoup de choses qui ne doivent pas arriver sur ce but. »

Véritable rat de gymnase, Bush a aussi lancé une pointe peu subtile à ses coéquipiers en laissant sous-entendre que tout le monde n’était pas dans une forme satisfaisante pour attaquer le début de saison en forme. Que ceux à qui le chapeau fait le portent!

« C’est assez évident qu’on s’est complètement éteint en fin de match, a expliqué Bush. La saison est jeune et c’est une réalité dans toutes les équipes, mais chacun est responsable de sa condition physique. Nos entraînements sont bons, mais si un gars juge qu’il doit en faire plus pour se mettre au niveau, qu’il le fasse. Je préfère travailler dur le mardi et le mercredi et gagner le samedi que flâner toute la semaine et perdre une avance de deux buts le jour du match. Mais ça, ce n’est que mon avis... »

« Lundi, quand on va retourner au travail, il faut réaliser qu’il faut faire 10, 15, 20% de plus pour finir les matchs et en sortir avec les trois points, qu’on arrête d’en perdre inutilement comme ça », avait déclaré Patrice Bernier quelques minutes plus tôt.

Ciman : « J’ai failli à ma mission »

Autant Bush a été tranchant, autant Ciman n’en menait pas large devant son casier. Le Général avait l’impression d’avoir coûté la victoire à son équipe avec la faute coûteuse qui lui a été décernée en fin de match.

« On prend les trois points aujourd’hui si je ne prends pas le penalty, s’est désolé le défenseur belge. J’ai trouvé [le contact] léger, c’est mon avis personnel, mais je tiens à m’excuser auprès de mes coéquipiers. [...] C’est sûr que le coach va vouloir trouver du positif, mais moi je me juge personnellement et je ne suis pas satisfait. Je suis déçu pour l’équipe parce que j’ai failli à ma mission. »

Comme Bush, Ciman ne pouvait que constater que le onze montréalais avait mal géré son avance en fin de match.

« On peut être content du secteur offensif, je pense qu’on a vu de belles choses. Mais après le penalty, on a arrêté de jouer. Peut-être qu’on a voulu enfoncer le clou, mettre un troisième but et on s’est découvert. Ça a causé notre perte ce soir. Avec l’expérience qu’on a, ça ne doit pas arriver. »

Dans son point de presse d’après-match, Biello a affirmé qu’il s’attendait à mieux d’une équipe aussi aguerrie que la sienne.

« J’ai huit ou neuf gars qui sont âgés de plus de 30 ans et qui ont joué dans plusieurs matchs comme ça. Je peux envoyer des messages, mais sur le terrain, il faut être capable de reconnaître ces moments et de mieux les gérer. »

Un mois difficile en vue

La victoire aurait été précieuse pour l’Impact, qui s’engage dans une séquence qui ne s’annonce pas de tout repos. La formation montréalaise ne rejouera pas à domicile avant le 15 avril alors qu’elle recevra l’équipe d’expansion d’Atlanta dans le premier match de la saison au Stade Saputo.

D’ici là, l’Impact jouera trois matchs à l’étranger contre New York City FC, Chicago et Los Angeles.

« On va jouer contre des bonnes équipes, dans des endroits qui ne sont pas faciles. Il va falloir se relever et faire preuve de caractère », reconnaît Bernier.

« Je me fous où on s’en va jouer, a conclu Bush sur un ton plus impatient. On peut gagner des matchs sur la route, on peut gagner n’importe où, tant qu’on se donne la peine de les terminer. »

« La pression, c’est quelque chose que vous voulez voir, que vous fabriquez, a ajouté Bush à l’endroit des journalistes. Mais la vraie pression, on ne la ressent qu’à la toute fin de la saison. Dans cette ligue, rien n’est joué avant le mois d’octobre. L’année dernière, les Sounders étaient à dix points d’une place en séries au mois de juillet et ils ont tout raflé. Il n’y a pas de pression, pas de panique. Il y a un sentiment d’urgence, mais ça, on ne devrait jamais le perdre. »