MONTRÉAL – Sur le terrain, Jack McInerney touche la cible avec une régularité inégalée depuis le début de la saison. En entrevue, il démontre la même efficacité. Même sans crampons, le jeune attaquant ne connaît qu’une direction : droit au but.

McInerney a expliqué mardi ce qui l’avait motivé à célébrer son récent but vainqueur contre le FC Dallas en portant un index à la bouche, comme pour exiger le silence à un destinataire encore inconnu.

« Je sais qu’il y a un tas de rumeurs qui circulent à mon sujet, qu’on raconte que je ne me défonce pas à l’entraînement, et je crois que c’est de la foutaise », a lancé le joueur de 22 ans avec son franc-parler habituel.

McInerney prétend que sa boutade ne visait personne en particulier et surtout pas Frank Klopas, même si celui-ci semble réticent à lui accorder toute sa confiance depuis le début de la saison. « Je ne sais pas d’où ça vient, mais je sais que Frank n’a jamais dit ça », répond-il d’abord pour immuniser son entraîneur avant de viser d’un ton calme les membres de la confrérie des médias qui l’entouraient.

« Vous êtes ici pour une séance d’entraînement par semaine, alors je ne vois pas sur quoi vous pouvez vous baser pour juger mon effort au travail. Je n’aime pas lire de telles choses parce que je sais que je me présente ici pour donner tout ce que j’ai à chaque jour », a insisté le numéro 99.

On ignore d’où il tire ses informations, mais on peut comprendre McInerney d’être sensible à la critique. Même s’il n’a pas profité d’un temps de jeu équivalent à celui accordé à Ignacio Piatti ou Andrés Romero, ses cinq buts depuis le début de la saison – deux en MLS, deux en Ligue des champions et un en Championnat canadien - représentent pour l’instant la référence chez l’Impact.

« Je crois que je joue présentement le meilleur soccer de ma carrière, juge Jack Mac, auteur d’une saison de 12 buts en 2013 avec l’Union de Philadelphie. Pas seulement parce que je marque, mais aussi parce que je crée des opportunités pour mes coéquipiers et que je me débrouille bien en possession de ballon. C’est un aspect auquel j’ai eu de la difficulté à m’ajuster en MLS en raison du gabarit si imposant des défenseurs. C’est une ligue physique, surtout pour un petit joueur comme moi, mais j’ai l’impression d’avoir fait beaucoup de progrès depuis deux ou trois ans. »

Sa contribution s’élève effectivement au-delà de la feuille de pointage. On le sent davantage impliqué dans la construction offensive plutôt qu’uniquement concentré sur la finition. Le centre précis qu’il a servi sur le but de Dilly Duka contre le Real Salt Lake lui a procuré autant de satisfaction, dit-il, que lorsqu’un de ses propres tirs va se placer dans la lucarne. Et sa plus récente réussite contre Dallas a laissé entrevoir une nouvelle chimie avec Piatti qu’il promet n’être que la pointe de l’iceberg.

Enfin deux victoires de suite

« Frank m’a dit qu’il était fier de moi, a confié McInerney au sujet de sa plus récente sortie. J’ai fait du bon travail défensivement. Les statistiques prouvent que j’ai bien fait en poursuite et que j’ai occupé efficacement le milieu de terrain. »

« Je m’attends à d’autres performances semblables de sa part parce que maintenant qu’il l’a fait une fois, il n’y a pas de raison pour qu’il ne le fasse pas de nouveau », a ajouté Klopas.

Alourdi par l’amertume d’un joueur à qui on hésitait à confier un rôle de premier plan à son arrivée au camp d’entraînement, McInerney a retrouvé la sérénité depuis quelques semaines.

« Un joueur de mon âge est parfois son pire ennemi. Quand tu ne joues pas, tu crois toujours que tu ne fais pas les choses correctement et tu te mets à trop penser. Et un attaquant qui pense trop, c’est un attaquant qui dévisse ses tirs, qui envoie le ballon par-dessus le but, qui rate des jeux faciles. En revanche, un attaquant relax a tendance à faire du bon boulot et présentement, c’est plutôt évident que je suis assez relax. »

Toujours aussi mince

Les succès de McInerney ne changent rien à la situation précaire de l’Impact à sa position. Au risque de se répéter, Cameron Porter ne reviendra pas au jeu cette saison, Kenny Cooper vient de se faire opérer et Dominic Oduro soigne une blessure mineure à l’aine, ce qui fait en sorte que les jeunes Anthony Jackson-Hamel et Romario Williams sont présentement les seules autres options disponibles.

Même avant l’hécatombe, au milieu de l’hiver, Klopas avait dit que l’organisation chercherait à ajouter un pilier offensif de premier plan en cours de route. Après une saison morte axée sur la reconstruction, il s’agissait croyait-on de la seule carence qui n’avait pas été comblée.

La fenêtre des transferts internationaux s’ouvrira le 8 juillet et alors que les différents championnats européens s’apprêtent à fermer boutique jusqu’au début d’une nouvelle saison, Klopas assure que ses patrons continuent de scruter le marché à la recherche du prochain Di Vaio.

« On arrivera bientôt au tiers de la saison et il faudra s’arrêter pour évaluer nos besoins. Pour le moment, on peut dire qu’on est mince à l’avant. Partout ailleurs, quand tout le monde est santé, notre profondeur nous offre différentes options, mais à l’attaque, même si je fais confiance à nos jeunes et que je n’hésiterais pas à les envoyer dans l’action, c’est plus mince », a répété l’entraîneur.

Au cours de l’hiver, l’Impact avait fendu l’air dans sa tentative de convaincre l’Italien Alberto Gilardino de traverser l’Atlantique. Aujourd’hui, les plus rêveurs voient Andrea Pirlo ou Didier Drogba, que des récentes rumeurs envoient en MLS, porter le Bleu-blanc-noir à partir de l’été.

« Ce n’est pas toujours facile d’amener des nouveaux de l’extérieur, prévient toutefois Klopas. Peu importe sur qui vous mettez la main, vous savez que vous devrez lui laisser un peu de temps pour s’ajuster. À moins que ce soit Messi... Lui pourrait peut-être nous aider immédiatement! »