MONTRÉAL – Patrice Bernier s’était donné comme objectif de jouer au soccer jusqu’à l’âge de 38 ans. La direction de l’Impact s’était engagée à garder son capitaine pour une autre saison. Les deux parties ont obtenu satisfaction.   

L’Impact a officialisé lundi la mise sous contrat de Bernier pour une autre année, sa sixième avec l’équipe depuis son retour en MLS. Le milieu de terrain québécois a par le fait même confirmé qu’il tirerait un trait sur sa carrière au terme de la prochaine saison.

Bernier restera par la suite associé au club en occupant un rôle d’entraîneur au sein de son académie.

« Il n’y a jamais eu de doute que Patrice resterait avec nous, car il fait partie d’une catégorie de joueurs québécois qui auront toujours leur place au sein du club », a déclaré le président de l’Impact Joey Saputo.

Bernier a affirmé que la retraite s’était immiscée dans ses pensées depuis quelques années, mais qu’une rencontre qu’il a eue avec le grand patron à la fin de la saison 2016 l’avait convaincu que le temps était venu d’amorcer la transition vers son après-carrière.

« En tant que joueur, tu veux toujours continuer le plus longtemps possible, mais je réalise que tout ce que j’avais à prouver, je l’ai fait. Et présentement l’équipe est solide et m’offre une chance de finir en beauté. J’ai la chance de contrôler ma sortie et, en plus, de le faire chez moi. »

Lors du bilan de fin de saison de l’équipe, en décembre, le Brossardois avait réitéré son désir d’ajouter une saison à sa feuille de route et n’avait pas totalement écarté la possibilité de s’expatrier une autre fois si on ne voulait plus de lui à la maison. Mais après réflexion, il est arrivé à la conclusion qu’il ne se serait pas vu avec une autre équipe.

« On pense toujours que c’est mieux ailleurs, mais me connaissant, avec mon côté analytique, j’aurais peut-être juste été plus frustré d’être ailleurs et de voir que les choses ne sont pas pareilles à ce que j’ai été habitué. Ici, c’est plus simple et plus facile. »

Bernier a aussi assuré que sa décision n’avait pas été influencée par l’intense déception encaissée par l’élimination de l’équipe aux mains du Toronto FC en finale de l’Association Est.

« Même si on avait gagné, j’aurais voulu revenir. Je ne suis pas du style à vouloir finir avec le sundae. Mais c’est sûr que ça donne quelque chose de supplémentaire à vouloir atteindre. »

Le numéro 8 du Bleu-blanc-noir amorcera donc à partir de la semaine prochaine une série de « dernières fois » qui le mèneront à ses dernières foulées sur un terrain de soccer. Le dernier camp d’entraînement, le dernier match au Stade olympique, le dernier duel contre Toronto... Bernier dit ne pas avoir encerclé de date en particulier sur son calendrier et être plutôt concentré à apprécier chaque étape du voyage.

« Je pense que c’est mieux de l’annoncer dès le départ que de traîner ça en cours de saison et de courir le risque de se laisser influencer par des choses qui peuvent arriver. Ça joue avec ta façon de penser. Tandis que là, c’est clair que je peux apprécier la saison sans avoir trop de stress par rapport à ce qui va arriver par la suite. »

Donner au suivant

En 2012, Bernier est rentré au bercail après un séjour de dix ans en Europe sans trop savoir ce que l’avenir lui réservait. Trois ans plus tard, il a fait les démarches pour obtenir la licence qui pourrait lui permettre de grimper les échelons dans la profession d’entraîneur.

« Je voulais voir si c’était quelque chose qui m’attirait ou si au contraire je ne voulais pas m’embarquer là-dedans. Dès que je suis arrivé là, j’ai compris qu’il y avait quelque chose pour moi là-dedans. »

« Plus tu vieillis, plus tu réalises que tu as tendance à dialoguer beaucoup plus avec les joueurs et à porter attention à certains aspects du terrain, dit Bernier. Quand tu es jeune, tu veux seulement jouer, être dans le ‘onze’ et performer. Tu penses plus à toi. Mais là ça fait quelque temps que je regarde davantage la situation sur le terrain et que j’essaie de communiquer avec les autres. »

Pour Joey Saputo, l’implication de Bernier au-delà de sa carrière de joueur représente un symbole fort de l’identité qu’a voulu se donner son organisation depuis sa création.

« Le fait qu’il ait décidé de rester avec l’organisation, ça résume pour moi la raison pour laquelle on est ici aujourd’hui, pour laquelle l’Impact existe. J’avais dit lors de notre conférence de presse en décembre que pour moi, l’Impact est un club un peu différent des autres et que ce qu’on voulait, c’est un club avec un certain caractère. Je parle du caractère francophone, qui est très important pour moi, et Patrice va être capable d’aider à poursuivre le développement de jeunes joueurs québécois. »

« J’aime vraiment le soccer et ça me permettra de rester sur le terrain, si on veut, sans être joueur. Quand on y pense, on n’est pas beaucoup de Québécois à avoir eu des carrières dans le soccer. Ça sera ma façon de donner au suivant », conclut Bernier.