Avec 30 minutes à jouer, les Montréalais étaient encore dans le coup et l’attention s’est tournée vers la ligne de touche pour voir quel tour Frank Klopas avait dans son sac. L’introduction de Porter pour McInerney et Alexander pour Piatti a apporté de la fraîcheur, sans toutefois modifier une animation tactique qui n’avait jusque-là rien donné. C’est avec moins de dix minutes à jouer que l’Impact est finalement passé à deux attaquants avec l’entrée d’Oduro. Trop peu trop tard.

Plus d’une fois la saison dernière, on a senti le onze montréalais à court d’idées en fin de match et le scénario s’est répété à Washington. Reo-Coker, à bout d’énergies, aurait pu céder sa place à Bernier. Passer à trois défenseurs aurait permis de pousser un joueur supplémentaire vers l’avant et mettre davantage de pression sur l’adversaire. Camara aurait pu être envoyé devant pour gagner des ballons de la tête et jouer de façon plus directe... Peu importe le choix préconisé, il fallait en faire un et avant la 86e minute.

Un entraîneur ne peut enfiler les crampons, mais à eux seuls, ses choix de changements peuvent se transformer en cinq ou six points au classement et s’avérer être la différence entre l’atteinte des séries ou en être écarté. Avec un Frank Klopas plus agressif en fin de match cette saison, l’Impact récoltera non seulement plus de points, mais les partisans y gagneront aussi en divertissement.

Piliers moins solides

Offensivement, Ignacio Piatti a été la plus grande déception de cette rencontre. L’Argentin peine à se mettre en marche après son opération au genou. Mis à part quelques belles actions contre Pachuca au Mexique, il n’a toujours pas démontré le touché de balle et la qualité de distribution qui ont fait vibrer les partisans l’an dernier.

Avec le départ de Di Vaio, Nacho semble en prendre beaucoup sur ses épaules et cherche parfois à faire la différence à lui seul. Les contrôles de trop, la mauvaise protection de balle et les passes mal ajustées de samedi en sont possiblement le résultat. Avec quelques matchs supplémentaires et un peu plus de simplicité, Piatti sera de retour à son meilleur dans les prochaines semaines.

À l’autre bout du terrain, Laurent Ciman a montré les deux côtés de sa médaille. D’une part, son sens de l’anticipation pour intercepter les passes de l’adversaire et la qualité de ses longues diagonales en relance sont un véritable régal. D’autre part, le Belge a démontré quelques excès de confiance en possession du ballon et une certaine impatience en phase défensive.

L’Impact a fait tout un coup en mettant Ciman sous contrat et ce dernier a été un élément clé du succès contre Pachuca, mais est-il vraiment positif qu’un défenseur central soit le sujet de conversation à l’issue de trois matchs consécutifs? Ciman devra ajuster quelques aspects de son jeu pour bien s’adapter à la MLS, mais l’équipe devra surtout mieux s’occuper du ballon devant lui pour que les défenseurs ne fassent pas la « Une » chaque semaine.

Effet Concina?

Chargé d’organiser la défense la saison dernière, Nikos Kounenakis a été le seul dommage collatéral au sein du personnel technique après une année 2014 pénible. C’est à Enzo Concina que le club a fait appel pour la présente campagne et même si on a fait grand cas de l’arrivée de Soumaré et Ciman en défense centrale, ce sont les couloirs qui m’ont laissé entrevoir son influence samedi.

Préoccupé par une défense centrale fragile derrière lui, Hassoun Camara était très hésitant à se projeter vers l’avant l’an dernier. J’ai senti le défenseur français plus libéré contre le DC United. Bien que rares, il a saisi les occasions de prendre le couloir droit en dédoublement avec conviction. Un apport offensif venant de l’arrière qui sera essentiel pour une équipe qui désire jouer en contre-attaque et qui attend toujours un marqueur de premier plan.

Sur la gauche, Donny Toia a également offert une bonne performance, lui qui en était à son troisième départ consécutif. Solide dans les duels et juste techniquement, il a lui aussi ajouté sa contribution offensive au moment opportun. Son tir en puissance à la 35e minute, sur une action entamée par Camara, a d’ailleurs illustré ce qui pourrait s’avérer un changement d’approche important dans le rôle des défenseurs latéraux en 2015.

Un autre pas dans la bonne direction.