En voyant Rudy Camacho se présenter au bilan d’une saison difficile avec un chandail fluo floqué des mots Hardcore Pleasure, je croyais avoir eu ma dose d’ironie. Je n’avais rien vu.

 

Après deux heures à écouter 23 joueurs et un entraîneur par intérim défiler, c’est finalement derrière les caméras et loin des micros que la bombe est tombée. Sans que la haute direction soit présente pour gérer ce qui prend des allures de crise.

 

« Nacho a décidé de ne pas parler aujourd’hui », annonçait Patrick Vallée (directeur des communications) en revenant d’une énième visite en coulisses pour savoir ce qui se passait avec l’Argentin.

 

Ce serait après avoir été informé que l’Impact avait l’intention d’exercer son option en vue de 2020, qu’Ignacio Piatti a quitté le centre d’entraînement sans s’adresser à la presse.

 

Une réaction étonnante pour un joueur qui affirmait, il y a quelques jours à peine, qu’il souhaitait être de retour la saison prochaine.

 

Parler d’anguille sous roche serait un euphémisme.

 

Bluff

 

Si le joueur était parfaitement sincère dans son désir de demeurer à Montréal, l’intention d’exercer son option aurait dû déclencher une cérémonie au champagne plutôt qu’un départ en catimini par la porte d’en arrière.

 

Nacho Piatti bluffait-t-il en disant vouloir rester? Possible. Sa volonté de terminer sa carrière en Amérique du Sud, plus près de son père dont la santé est fragile, n’a jamais été un secret.

 

Depuis le tout début de sa relation avec l’Impact, l’Argentin a négocié fort. Son arrivée tardive en 2014, alors qu’on l’avait laissé poursuivre un parcours de Copa Libertadores avec San Lorenzo en est un premier exemple.

 

Sa déclaration-choc en plein Stade Saputo au mois d’août 2017, alors qu’il affirmait n’avoir qu’une dizaine de matchs à jouer Montréal, en est un autre. Cette sortie publique avait mis une pression suffisante sur Joey Saputo qui lui offrait plus de 4M$ par année un mois plus tard.

 

Piatti a-t-il joué une partie de poker de trop?

 

C’est un faux pas franchement décevant si le message d’espoir qu’il a lancé aux supporters vendredi n’était pas totalement sincère.

 

Dans ta cour

 

« Si ce n’était que de moi, je serais ici l’année prochaine. » Voilà ce que Piatti avait lancé pour mettre la balle dans le camp de la direction quatre jours avant le bilan.

 

En affirmant sa volonté (ou en menaçant) d’exercer l’option, l’organisation vient de pelleter la décision dans la cour du joueur.

 

Si ce n’était que pour forcer Piatti à porter l’odieux de la séparation, ça ne valait pas la peine. Pas après tout ce qu’il a fait pour le club.

 

Cinq ans après son arrivée dans la Métropole, le meilleur joueur de l’histoire de l’Impact est-il sur le point de rejoindre les Didier Drogba et Laurent Ciman de ce monde sur la liste des divorces acrimonieux ?

 

Ce serait d’une tristesse inouïe.

 

Pour le chèque ?

 

Le 10 juillet dernier, alors que des rumeurs insistantes ramenaient l’ailier dans son pays, Kevin Gilmore a précisé la position de l’Impact sur Twitter.

 

À ce moment, j’y voyais une tactique d’affaires plus qu’une réelle intention de reconduire le joueur désigné pour 2020. J’ai la même impression aujourd’hui.

 

Je peine à croire que Kevin Gilmore veuille redonner environ 4M$ à un joueur qui aura bientôt 35 ans et qui a été blessé toute la saison. C’est un risque qui me paraît déraisonnable. Surtout pour un club en reconstruction.

 

Ceci dit, le président souhaite peut-être capitaliser sur le départ de Nacho en utilisant l’option comme levier, afin d’empocher un chèque de transfert pour son joueur étoile.

 

Si tel est le cas, il sera intéressant de voir jusqu’où Gilmore poussera le pari. Didier Drogba avait un pied dans le staff de Chelsea avant qu’on ne le force à revenir honorer son contrat. À partir de ce moment, l’Ivorien était à Montréal de corps. Mais pas d’esprit.

 

Quelle somme de transfert vaudrait une embrouille avec Piatti? J’attends votre prix !