MONTRÉAL – Dans le vestiaire de l’Impact, on prononce le nom avec prudence, presque du bout des lèvres.

Il est évidemment trop tôt pour comparer une attaquant qui n’a disputé que quatre matchs dans l’uniforme bleu-blanc-noir avec l’une des plus grandes vedettes de l’histoire de l’organisation, mais à peine un mois après son arrivée à Montréal, Matteo Mancosu inspire déjà des comparaisons avec Marco Di Vaio.

On en reparlera plus sérieusement quand Mancosu aura 32 buts de plus au compteur – et donc le même total que son compatriote a réussi à atteindre en deux saisons et demie à Montréal – mais reste qu’il y a un petit quelque chose dans l’allure du petit nouveau qui rappelle l’ancien joueur désigné d’IMFC.

« Je me suis fait rire tout seul en début de rencontre quand j’ai vu qu’il s’était mis hors jeu. Marco pouvait se faire siffler une bonne dizaine de fois dans un même match, alors ils ont certainement ce point en commun », rigolait Evan Bush après la victoire du onze montréalais, samedi.

« Mais sérieusement, il est en quelque sorte similaire dans sa façon de bouger, a ajouté Bush. Ses appels sont intelligents. Comme tout bon attaquant italien, il rôde sur la ligne arrière et possède ce don de se terrer derrière les défenseurs. Il représente un ajout de taille pour nous. »

« Il bouge beaucoup et fait beaucoup d’appels, a remarqué Patrice Bernier. Il n’en fait pas juste un ou deux et n’attend pas seulement la passe précise. Que ce soit Nacho, moi-même ou Hernan [Bernardello], on le trouve parce qu’il joue sur cette limite. Je ne veux pas le comparer à Marco Di Vaio, mais c’est le même style d’attaquant qui va chercher la profondeur. »

À son premier départ en MLS, Mancosu a effectivement développé une intéressante et prometteuse chimie avec ses partenaires du milieu de terrain. En première demie, par exemple, des relais d’Ignacio Piatti et de Harry Shipp lui ont permis de de s’échapper devant le gardien du Dynamo.

« Son mouvement est très bon, note Mauro Biello. Et quand les autres joueurs vont comprendre le synchronisme de ses mouvements, il va être encore plus efficace parce qu’aussitôt qu’on trouve des ballons entre les lignes, il a cette capacité de faire ce mouvement. Si on peut le trouver derrière la ligne défensive, il va se retrouver seul avec le gardien souvent. »

Un sixième sens

Mauro Biello est un homme de détails. L’entraîneur de l’Impact n’a jamais caché qu’il aimait voir ses marqueurs secouer les cordages en tout temps, même à l’entraînement. Mancosu a dû lui tomber dans l’œil assez rapidement puisque dès ses premières foulées sur le gazon du Centre Nutrilait, après avoir été obtenu du Bologne FC sous forme de prêt, l’attaquant de 31 ans a commencé à remplir le filet.

Cette bonne habitude l’a suivi sur les terrains de la MLS. Le natif de Cagliari a fait mouche sur son premier tir officiel en Amérique du Nord, la cerise sur le sundae dans une victoire de 5-1 contre Philadelphie. Il a maintenant récolté un point dans trois matchs consécutifs et touchés la cible sur la moitié des quatre tirs qu’il a cadrés.

« C’est impressionnant, mais depuis qu’il est arrivé, on ne va pas se le cacher, il démontre à l’entraînement qu’il a envie, il a envie de marquer, a remarqué Ambroise Oyongo. Même quand il rentre en matchs, il montre qu’il peut apporter beaucoup. Aujourd’hui, il a eu la chance de débuter et il nous a encore fait avancer. »

Samedi, Mancosu a donné la victoire à l’Impact grâce à un complexe enchaînement de touches amorcé par un contrôle de poitrine suivi par une touchette du genou droit, tout ça avec deux défenseurs dans les culottes. Puis dès que la balle a touché le sol, elle a pris la direction du fond du filet.

« Quand on regarde son but, c’est fantastique parce qu’on a l’impression qu’il sait exactement où il va la mettre, mais il ne regarde pas du tout où le but se situe, s’émerveillait Hassoun Camara. Quand je l’ai vu enchaîner comme il l’a fait, j’étais pratiquement sûr qu’il allait marquer parce qu’il cadre très souvent. »

« C’est comique parce qu’il a marqué le but le plus difficile, le plus compliqué, acquiesçait Bernier. Il a eu d’autres occasions où il n’avait qu’à finir. Là, il était dos au but, fallait qu’il enchaîne... C’était plus complexe que toutes les autres chances qu’il avait eues auparavant, mais tu le vois à l’entraînement, il a une aisance à savoir où est le but du pied gauche, du pied droit. Je suis content pour lui parce qu’il travaille fort. »

Un tandem avec Drogba?

Jusqu’ici, Mancosu a été utilisé dans un rôle de remplaçant de luxe. Il a fait trois entrées remarquées en fin de match et s’il a obtenu un premier départ samedi, c’est uniquement parce que Didier Drogba n’était pas à la disposition de son entraîneur.

Mais de la façon dont il joue, le franc-tireur risque de forcer son patron à trouver des façons de l’envoyer plus fréquemment sur le terrain. En point de presse après la victoire contre le Dynamo, Biello a affirmé qu’il pourrait envisager de combiner les forces de ses deux buteurs dans un schéma tactique à deux attaquants.

« Ça pourrait être une option puisque les deux affichent un profil différent. Avec Matteo qui cherche les espaces derrière et Didier qui aime jouer au ballon, on pourrait aller chercher un bel équilibre. Matteo a déjà joué sur les ailes aussi, alors ça pourrait être une autre possibilité », a énuméré le stratège de l’Impact.

« Quand on a fait son acquisition, on en a souvent discuté. Et avec [Hernan] Bernardello qui joue comme il le fait au milieu de terrain, ça nous donne cette option parce qu’il est physiquement capable de fermer les espaces et de se battre avec seulement deux joueurs au milieu. C’est donc une possibilité. »