MONTRÉAL – L’Impact a trouvé le fond du filet sur 75 % de ses frappes cadrés depuis le début de cette jeune saison 2019. Sortie de son contexte, cette statistique évoque un taux de rendement ahurissant.  

 

Cette moyenne tape-à-l’œil tait toutefois une réalité un peu moins rayonnante. Il suffit en effet d’un calcul rapide pour comprendre qu’après deux matchs, l’équipe n’a placé que quatre tirs entre les poteaux adverses.

 

« On a seulement cadré quatre tirs après deux matchs? », a répété le défenseur Zakaria Diallo, pensif, lorsque placé devant ce constat. Je sais pas, je regarde pas les statistiques. Mais une victoire et une défaite, c’est bien. »

 

C’est vrai, mais l’Impact se retrouvera rapidement dans l’eau chaude s’il ne trouve pas un moyen de générer davantage en possession du ballon. Sa marche vers le tiers offensif était laborieuse au possible samedi dernier contre le Dynamo de Houston et les rares fois où il a assiégé la zone ennemie se sont soldées en infructueuses approximations.

 

Au final, la belle volée mise par Saphir Taïder derrière le gardien Joe Willis aura été la seule véritable menace générée pendant 90 pénibles minutes.

 

« Je pense qu’il faut qu’on ait plus de mobilité quand on est en possession du ballon, a théorisé l’entraîneur-chef Rémi Garde mardi. Je trouve qu’on a manqué de joueurs qui se projetaient dans les espaces. Parce qu’on veut bien occuper le terrain, comme je le souhaite, parfois on est en position et le ballon se promène de pieds en pieds. Mais ce n’est pas uniquement comme ça qu’on déstabilise un adversaire. Il faut aussi se projeter vers l’avant, faire des courses, recevoir le ballon dans les espaces et le donner dans les espaces. Je voudrais retrouver cet équilibre-là qu’on avait commencé à trouver dans les matchs préparatoires. »

 

« Il faut qu’on ait plus d’énergie en avant, sommait dans le même ordre d’idée Samuel Piette. On était un peu trop statique, surtout dans le tiers offensif. On avait le ballon, surtout en deuxième demie, on contrôlait le jeu, mais rien ne se passait vraiment. Je ne crois pas que ce soit un problème de créativité, parce qu’on a la qualité, mais on n’était pas tous sur la même longueur d’onde. »

 

Un problème tactique?

 

Et si ce n’est pas la créativité des joueurs, mais celle de l’entraîneur, qui était mise en cause? Lors de sa première rencontre de la semaine avec les journalistes, Garde a été attiré dans un intéressant débat auquel il s’est prêté avec une belle candeur. Au centre de la discussion: la validité du schéma en 4-3-3, qu’il favorise, et les possibilités auxquelles pourrait l’ouvrir une transition vers un 4-2-3-1, où deux milieux défensifs s’occuperaient de la relance et à qui deux joueurs s’offriraient en option plus haut dans l’axe.

 

« Il y a des avantages dans le 4-2-3-1, certes, quand on a les joueurs adéquats pour ça, a répondu le stratège français. J’ai toujours un peu de misère, comme on dit ici, sur le 4-2-3-1 avec des joueurs comme Saphir [Taïder]. Est-il un joueur suffisamment structuré et attentif défensivement pour jouer aux côtés de Sam [Piette] ou est-ce qu’on serait en déséquilibre? J’ai plusieurs fois tenté cette situation. Parfois, ça a marché et d’autres fois on a été complètement en déséquilibre parce que ça fait jouer un peu – même beaucoup – Saphir contre nature. »

 

Et si Taïder était muté en « numéro 10 », plus haut sur le terrain, derrière l’attaquant?

 

« J’y ai pensé, bien sûr, a répliqué Garde. C’est une possibilité, mais en 4-2-3-1, les joueurs de côté doivent aussi défendre un peu plus. Donc ça demanderait à Nacho de défendre un peu plus qu’il le fait déjà. Voilà, c’est une question d’équilibre. Je ne suis pas dogmatique sur le 4-3-3 au point de dire qu’il n’y a que ce système qui marche, mais je l’ai répété plusieurs fois, j’essaie de mettre mes joueurs, avec leurs qualités, dans les meilleures dispositions, plutôt que de me dire que celui-ci sera mieux là et que les autres vont s’adapter. Il est certain que le 4-2-3-1 pourrait peut-être, parfois, nous permettre d’être plus en nombre devant, mais aussi d’être plus exposés défensivement. C’est une réflexion que j’ai en permanence. »

 

Piette : « Je joue ce que je vois »

 

La propension de l’Impact à construire ses attaques par les ailes – dans son 4-3-3, les défenseurs latéraux sont appelés à migrer vers le nord afin de combiner avec les ailiers pour tenter de diriger des centres vers la surface – n’a jusqu’ici pas permis de mettre en valeur son nouvel attaquant.

 

Louangé à juste titre pour son effort soutenu en récupération de ballon, Maxi Urruti tarde à exercer le même effet en possession. L’Archer argentin n’a toujours pas décoché de projectile sur la cible en 170 minutes de travail avec ses nouveaux partenaires.

 

Quand on l’expose à cette inclination collective, mais qu’il reconnaît aussi comme étant la sienne, à favoriser les corridors latéraux, Piette se braque légèrement.

 

« Moi, je joue ce que je vois, ce qui est ouvert, se défend-il. Je sais que c’est une critique qui revient souvent pour mon cas, mais moi, quand je reçois la balle et que je vois Maxi qui est contre deux grands bonhommes en avant, je pourrais lui faire la passe, mais je sais qu’il a 10% de chance de la garder. Pourquoi jouer cette passe alors que j’ai [Micheal] Azira qui ouvre sur le côté, qui va prendre deux touches, qui va jouer à [Bacary Sagna] et qu’on va aller attaquer sur les côtés? J’ai un peu de misère avec cette critique-là, je ne la comprends pas toujours. »

« On a Saphir qui est un peu plus créatif, qui va risquer un peu plus de passes des fois, donc qui ne gardera pas toujours la possession. Moi, je suis plus quelqu’un qui veut amener un dynamisme différent. C’est comme ça que je vois mon jeu. Je ne vois pas l’avantage de tenter une passe pour mettre mon équipe dans le pétrin. »