MONTRÉAL - Il s’en est fallu de peu pour que l’Impact et les Sounders de Seattle croisent le fer dans le duel le plus important de la saison 2016. Trois mois plus tard, le Stade olympique sera le théâtre de la revanche du match qui n’a jamais eu lieu alors que le onze montréalais inaugurera sa saison locale contre les champions en titre de la Coupe MLS.

Les Sounders étaient déjà qualifiés pour la grande finale quand l’Impact s’est présenté à Toronto avec l’objectif ambitieux, mais très réaliste, de les y rejoindre en novembre dernier. Avec en réserve une victoire de 3-2 acquise dans le match aller, le Bleu-blanc-noir n’avait besoin que d’un nul ou d’un autre gain pour assurer à son tour sa place au match de championnat du circuit Garber.

La suite est bien connue. Le Toronto FC a eu le meilleur au terme d’un spectacle épique sur la pelouse du BMO Field et ce sont les Reds qui sont allés représenter l’Association Est en grande finale, où ils ont ultimement été renversés de cruelle façon.

L’Impact a été critiqué pour son conservatisme au cours de la fenêtre de reconstruction qui a suivi. Des vétérans qui ne cadraient plus dans les plans ont été invités à quitter l’équipe et ont majoritairement été remplacés par des jeunes formés au club. En attendant l’arrivée du milieu de terrain Blerim Dzemaili à l’été, les quelques nouveaux visages arrivés de l’extérieur, comme Chris Duvall et Adrian Arregui, dotent l’effectif d’une belle profondeur, mais n’affichent pas le profil tape-à-l’œil réclamé par les partisans.

Les Sounders ont préconisé une approche similaire en préparation pour la défense de leur titre. L’attaquant Nelson Valdez, le milieu de terrain Andreas Ivanschitz et le défenseur Tyrone Mears, qui étaient en uniforme pour le dernier match de la saison, font partie des treize joueurs dont le contrat n’a pas été renouvelé. Pour tenter de les remplacer, les vétérans Will Bruin et Harry Shipp ont été acquis par voie de transaction, les jeunes espoirs Seyi Adekoya et Henry Wingo ont été promus au sein de la première équipe et le Suédois Gustav Svensson a accepté de traverser l’Atlantique pour mettre sa polyvalence au service de l’entraîneur Brian Schmetzer.

Mais au-dessus de ce remue-ménage, le visage de l’équipe, taillé à même son dangereux onze partant, demeure sensiblement inchangé. C’est contre une formation réellement redoutable que l’Impact tentera d’obtenir sa première victoire de la saison ce soir.

« Il reste quelques morceaux à ajouter ici et là, le travail n’est pas fini et la saison est encore jeune, prévient Schmetzer, qui amorce sa première saison complète à la barre des Sounders. Notre préoccupation principale était de savoir si Clint [Dempsey] serait de retour au non. Nous avons eu la réponse que nous espérions et pouvons maintenant nous concentrer sur une vision à plus long terme. Comme je le disais, le travail n’est pas fini. »

Dempsey, c’est cet attaquant plus grand que nature, aux prises avec des problèmes cardiaques et dont les Sounders ont dû se passer pour le dernier droit de leur saison dorée. Celui qu’on surnomme « Deuce » a reçu le feu vert des médecins pour renouer avec l’action et a été l’unique buteur des siens dans une défaite surprise de 2-1 à Houston lors de la première semaine du calendrier.

« Ils sont plus dangereux avec lui, ça ne fait aucun doute, observe le gardien Evan Bush. Il semble toujours avoir un lapin à sortir de son chapeau, que ce soit un contrôle de balle dans une partie du terrain où on ne l’attend pas ou un ballon qu’il vous glisse entre les jambes, des trucs du genre. Il faudra l’avoir à l’œil, mais on peut en dire autant de [Nicolas] Lodeiro et [Jordan] Morris. Ensemble, ils forment un tout pas piqué des vers. »

« C’est bon de le voir de retour, je crois que toute la grande famille du soccer s’en réjouit, mais demain il faudra se concentrer sur nous et sur ce que nous tentons d’accomplir », prévient Dominic Oduro.

L’entraîneur de l’Impact, Mauro Biello, se méfie des ruses du monstre à trois têtes des prochains visiteurs.

« Ils tentent constamment de créer des engorgements, des surnombres. Lodeiro aime converger vers l’intérieur, Dempsey aime décaler vers l’extérieur, tout comme Morris... ils se déplacent dans une rotation constante. On devra donc bien communiquer entre nous pour bien gérer ce casse-tête quand ils auront le ballon. »

Tel que confirmé vendredi, Biello pourra compter sur le retour au jeu de Victor Cabrera (hanche), qui reprendra sa place en défense centrale à la place d’Hassoun Camara (suspension). Wandrille Lefèvre (commotion) et Adrian Arregui (papiers) seront également au service de l’entraîneur. Andrés Romero (bas du corps) demeure quant à lui à l’écart.

Le retour de Shipp

Avant de faire le voyage à Toronto pour y disputer la grande finale, l’hiver dernier, Brian Schmetzer s’était permis de loger un appel à Mauro Biello, un bon ami, pour sonder son expertise au sujet d’un rival torontois qu’il connaît comme le fond de sa poche.

Le pilote des Sounders avait déjà préparé son plan B quand un journaliste lui a rappelé qu’il ne pourrait pas recevoir l’aide de Biello dans sa quête de sortir vainqueur de Montréal en fin de semaine.

« Peut-être, mais je peux toujours me servir de Harry Shipp », a-t-il répondu en riant.

Shipp est de retour sur le terrain qui était le sien la saison dernière. Arrivé à l’Impact par le biais d’une transaction avec le Fire de Chicago au beau milieu du camp d’entraînement, le jeune milieu de terrain s’était rapidement adapté à sa nouvelle équipe, mais sa chute au sein de l’effectif fut tout aussi précipitée. Il n’a finalement joué que 1596 minutes sous les ordres de Biello et a été échangé en retour d’une somme d’argent au terme de la saison.

« Quand je suis arrivé durant le calendrier préparatoire, l’équipe jouait d’une façon complètement différente qu’elle le faisait plusieurs mois plus tard à la fin de la saison, s’est rappelé Shipp, qui était tout sourire lors de ses retrouvailles avec les journalistes montréalais. Je ne blâme personne pour ça. Je crois qu’avec les joueurs qui étaient en place, c’était la bonne décision à prendre. Si j’avais été à la place des entraîneurs, j’aurais fait la même chose, alors je ne leur en veux pas. Mais mon style de jeu ne cadrait simplement plus avec ce qui se faisait ici. »

Shipp dit n’avoir jamais exigé une transaction en cours de saison, mais qu’une séparation à l’amiable était la seule option envisageable pour les deux parties après l’élimination de l’équipe. À Seattle, il croit qu’il pourra donner un second souffle à sa carrière.

« Jusqu’à maintenant, ça se passe bien. J’ai été blessé pendant quelques semaines dans le camp d’entraînement, mais à part ça je ne peux pas me plaindre. L’équipe est bourrée de talent et j’essaie d’y faire ma place. On m’a essayé à différentes positions et j’espère pouvoir éventuellement prouver ma valeur en situation de match. »

« Dans le 4-2-3-1 qu’on préconise, il cadre bien dans divers rôles, explique Schmetzer, plus sérieux. C’est un joueur talentueux qui est toujours dans la fleur de l’âge. Il arrive parfois que les choses ne fonctionnent pas trop avec un club, pour une raison ou une autre, mais que ça finisse par débloquer ailleurs. On espère que ce sera le cas avec Harry. »