MONTRÉAL – Frank Klopas affirme avec assurance s’être fait beaucoup plus d’amis qu’il ne s’est mis de personnes à dos durant les nombreuses années qu’il a passées à jouer, gérer et diriger dans la Ville des Vents.

Mais l’entraîneur de l’Impact est fort conscient que même le réseau de contacts le plus étoffé ne lui serait d’aucune aide pour tenter d’arracher Didier Drogba des griffes du Fire de Chicago, le club qui négocie présentement en priorité avec l’attaquant ivoirien envers qui Joey Saputo a publiquement manifesté son intérêt.

« Je ne crois pas qu’on serait prêt à m’aider de cette façon! », blague lucidement le stratège d’origine grecque. « Présentement, on ne peut qu’attendre de voir ce qui va se passer. Il n’y a rien d’autre que l’on puisse faire. »

Klopas, qui milite ouvertement depuis le tout premier jour du camp d’entraînement pour l’ajout d’un attaquant de premier plan à son effectif, accueillerait bien évidemment Drogba à bras ouverts. Mais alors que Montréal s’enflamme au sujet de l’arrivée possible de l’ancienne vedette de Chelsea, le pilote du onze montréalais a des préoccupations plus criantes.

Malgré les blessures qui l’ont affligé en début de saison, l’Impact est arrivé à la borne de mi-saison avec un rendement offensif plus que respectable. En effet, le Bleu-blanc-noir affiche la quatrième meilleure moyenne de buts par partie (1,41) de son association. Ses 24 réussites le placent à égalité avec D.C. United, les meneurs dans l’Est, qui ont toutefois disputé cinq matchs de plus.

« Mais là où on devra s’améliorer, c’est au niveau des buts accordés, estimait franchement Klopas mercredi. Si on ne le fait pas, ce sera très difficile pour nous d’atteindre un niveau acceptable en deuxième moitié de saison. On doit être plus constants et ça commence par une plus grande efficacité collective en défensive. »

« Je dirais qu’en général, si la constance est ce qu’on recherche, il faudra assurément être meilleurs, admet aussi le gardien Evan Bush. On a obtenu de bons résultats à la maison, on a battu quelques bons clubs, on a finalement arraché une victoire à l’étranger, mais ça nous prend plus de points sur la route. Cependant, peu importe notre place actuelle au classement, je vois beaucoup de potentiel dans la partie du calendrier qui s’en vient. »

Malgré les matchs en mains qu’il possède sur ses rivaux et sa proximité avec le sixième et dernier rang donnant accès aux séries dans l’Est, l’Impact aura fort à faire pour améliorer sa position au cours des prochains mois. Son principal obstacle : un calendrier hostile. Après avoir accueilli les Sounders de Seattle samedi, Montréal disputera sept matchs en août, dont quatre dans les douze premiers jours du mois.

Mais l’arrivée prochaine de renforts est source d’optimisme au sein du club. Tout semble indiquer que le défenseur Hassoun Camara et le milieu de terrain Eric Alexander seront à la disposition de Klopas pour entreprendre cette lourde commande. Justin Mapp devrait également recevoir le feu vert des médecins dans un avenir rapproché.

« L’équipe n’a probablement jamais compté sur autant de profondeur depuis que j’en fais partie, observe Evan Bush, qui en est à sa cinquième année à Montréal. Plusieurs gars seront appelés à contribuer au cours des prochains mois. Août sera chargé et octobre sera complètement fou. On ne veut pas s’emporter, mais on croit qu’on a une équipe qui pourra se frayer un chemin. »

« On forme une équipe améliorée, mais quand vous amenez autant de nouveaux joueurs comme on l’a fait en début d’année, ça prend un moment avant que les gars puissent bâtir une chimie. Il y a des moments où tout semble parfait et d’autres où ça clique un peu moins », remarque pour sa part Klopas.

« Et on est toujours en quête du onze partant idéal, ajoute l’entraîneur. Ça n’a pas toujours été évident avec toutes les blessures, mais on s’en approche. J’aime notre identité et notre positionnement. Bien sûr, on aimerait être plus haut au classement. Il y a certainement deux ou trois victoires qu’on regrette d’avoir échappé, mais tout est très serré. »

Congestion au milieu de terrain

Cette belle profondeur a toutefois atteint son point de saturation au milieu de terrain. L’arrivée récente de Kyle Bekker, obtenu la semaine dernière en retour du défenseur Bakary Soumare, crée en effet une congestion à une position où il y avait déjà des mécontents.

Klopas, qui peine déjà à accommoder tous ses vétérans devant le mur défensif, admet que la situation n’est pas idéale.

« J’ai été clair avec Kyle. Il y a foule à sa position et il se retrouve dans un environnement compétitif. Il y aura des moments où il aura la chance de jouer et d’autres où ce sera difficile pour lui d’être en uniforme. C’est la réalité pour un gars comme lui qui arrive au sein de notre équipe présentement », a statué Klopas, qui voit néanmoins en Bekker une belle carte que l’Impact pourra jouer au cours des prochaines saisons.

« Il est un joueur intelligent, un bon passeur. Il couvre aussi beaucoup de terrain et prend de bonnes décisions. Il suffit maintenant de trouver avec qui le jumeler sur le terrain. »

Pour l’instant, Bekker risque de trouver le temps long. Marco Donadel et Calum Mallace semblent présentement avoir la faveur de l’entraîneur à la position de milieu défensif. Patrice Bernier n’a pas été utilisé au cours des trois derniers matchs et Nigel Reo-Coker n’obtient que des miettes depuis un mois. C’est le travail de Klopas de rendre tout ce beau monde heureux.

« C’est difficile! À chaque semaine, un entraîneur fait onze heureux et 17 mécontents. Ça ne change jamais », ne peut que constater Klopas.