Ce n'est pas tous les jours que l'on joue une rencontre à saveur internationale à la maison. La grande visite de l'AS Roma n'est pas passée inaperçue. C'est une grande équipe respectée et je suis persuadé que bien des membres de la communauté italienne étaient enchantés de retrouver sous leurs yeux une de leurs équipes fétiches.

De grands noms comme Francesco Totti et Daniele De Rossi notamment étaient sur la pelouse du Stade Saputo. Habituellement, ce n'est que par le truchement de la télévision qu'on peut les voir. Cette fois, ils étaient dans notre cour et les deux équipes ont donné un bon spectacle avec des buts et une deuxième demie plus ouverte.

Je dirais que la première demie a été plus à caractère italien, c'est-à-dire plus serrée et plus propre. Après la mi-temps, on a assisté à un jeu plus ouvert où nous avons créé des occasions. Nous avons touché la barre et profité de plusieurs chances de marquer alors qu'il y avait plus de jeunes joueurs sur la pelouse. On a vu des jeunes comme David Choinière et Jean-Yves Ballou Tabla s'exprimer sur le terrain malgré leur jeune âge. Anthony Jackson-Hamel aussi a eu des chances tout comme Matteo Mancosu.

Personnellement, cette partie n'avait pas nécessairement la même saveur. C'était quand même la troisième fois que j'affrontais cette équipe. À l'époque de la Ligue Europa, la rencontre avait un enjeu nettement plus important. Ceci étant dit, j'ai apprécié avoir la chance de mesurer les deux clubs. Puis c'était un honneur d'être le capitaine de l'Impact et de me retrouver aux côtés de Daniele De Rossi, qui est avec cette équipe depuis tellement longtemps. Cette partie va demeurer un événement important pour le sport montréalais et pour l'Impact.

On a vu à quel niveau loge l'AS Roma, qui nous a fait payer pour deux erreurs qui se sont transformées en buts. Face à ce type d'équipe, tu paies cash pour tes erreurs et ce n'est pas très long. Le football européen est très efficace et l'exécution est très rapide. On a fait deux erreurs et ils en ont profité pour toucher la cible deux fois.

On a bien vu que ce n'était pas le même élan qu'en MLS où tu peux parfois reprendre ton souffle quand l'adversaire rate son coup. Mais ce n'est pas la même chose avec les équipes d'Europe. En bon québécois, je dirais qu'ils ne niaisent  pas longtemps pour te faire payer.

J'ai amorcé la première demie avec Marco Donadel comme partenaire. Puis, j'ai joué environ 15 minutes avec Hernán Bernardello. Ce n'est pas la première fois qu'Hernán et moi sommes jumelés. C'était arrivé il y a quelques années pendant environ cinq parties avant qu'il soit blessé. Je connais son style, alors l'adaptation n'a pas été difficile à faire et je pense que la chimie pourrait s'installer rapidement entre nous si l'on avait la chance d'être jumelés.

Les jeunes se donnent en spectacle

Les amateurs ont eu la chance de voir de jeunes joueurs montrer leurs talents face à l'AS Roma. Parmi eux, Jean-Yves Ballou Tabla, 17 ans, a retenu l'attention et je dois dire qu'on est toujours curieux de voir comment les jeunes vont réagir lors d'un match professionnel. On est surpris parce qu'on ne sait pas comment le jeune va répondre.

À l'entraînement, on voit que Jean-Yves a de belles qualités. Il y en a beaucoup de jeunes qui ont du talent, mais c'est surtout une question de développer une mentalité et une attitude de joueur professionnel. On a vu qu'il a eu beaucoup de sang-froid et qu'il a créé des occasions. David Choinière et Thomas Meilleur-Giguère ont démontré de belles choses aussi. On parle moins de Giguère parce qu'il est défenseur et qu'il est moins en vue, mais il a été très bon.

Les jeunes ont laissé leur marque

Ils ont tous beaucoup de sang-froid et une grande confiance en leurs moyens. Ils ont eu une opportunité et ils l'ont saisie.

Ballou a démontré l'étendue de son talent, mais n'oublions pas que ce n'est qu'un match. Lui et les autres doivent continuer à se développer pour que cette attitude de professionnel devienne quelque chose de routinier.

Les jeunes que vous avez vus sont près de grimper chez les professionnels. Ils sont à l'Académie de l'Impact où on les prépare à devenir pros. Les gars savent ce que ça prend. Ils connaissent les rudiments, les devoirs et les responsabilités qu'on attend d'un professionnel. C'est maintenant à eux de saisir leur chance quand ils sont sur le terrain.

On sait qu'ils ont le talent, mais les gars doivent maintenant démontrer qu'ils sont capables de rester au sommet. Dans tous les sports, beaucoup de jeunes arrivent à gravir les échelons jusqu'au sommet, mais ils doivent apprendre à faire preuve de professionnalisme. Pour avoir une belle carrière, il faut faire preuve de constance et être capable de montrer ton talent entraînement après entraînement et match après match. C'est ça être un professionnel.

C'est difficile de comparer le style de Ballou à un joueur en particulier. Je ne pense pas qu'il y a un joueur chez l'Impact qui a un style qui se rapproche du sien. Il a un sens de l'attaque avec des qualités de déstabilisateur un peu comme Romero et Piatti, qui sont des joueurs qui aiment être dans le drible, l'improvisation et la créativité.

Ballou et David sont des joueurs sur le flanc offensif qui doivent être créatifs et intuitifs. Ils font confiance à leur instinct pour déstabiliser un match. Ils arrivent à trouver le bon geste qui va mener à un but ou à une passe décisive.

David est avec l'équipe première et il continue à travailler fort. Comme Ballou, il va de l'avant et il joue son style. Parfois, ça fonctionne, d'autres fois non, mais il continue. Les deux joueurs sont attentifs à leurs erreurs et ne cessent d'apprendre. Ils ont confiance en eux, ce qui est déjà une très bonne chose.

Sacré virus

J'ai été contraint de rater le dernier match contre le D.C. United en raison d'un virus qui m'a mis K.-O. Pour le bien de l'équipe qui devait voyager, le médecin m'a incité à rester à la maison pour éviter de contaminer mes coéquipiers. J'avais beau me dire que j'étais capable de jouer, ça n'aurait pas été une bonne chose. Quand j'ai vu le temps chaud qu'il faisait au RFK Stadium, je serais sûrement tombé. J'ai commencé à mieux me sentir à partir de dimanche et j'étais correct lundi.

Comme vous tous, j'ai bien vu que nous n'avions pas joué un grand match à Washington. Cette rencontre ne marquera pas l'histoire de l'Impact, mais le bon côté est que même si nous n'avons pas été extraordinaires, nous avons été en mesure de récolter un point. Ça veut dire que nous sommes capables de passer à travers un match amorphe et d'obtenir tout de même un résultat. Par la suite, on essaie d'évacuer ce match rapidement de notre esprit et on se prépare à la prochaine rencontre.

Avouez que vous étiez nombreux à avoir abandonné quand Didier Drogba a été chassé de la partie. Peu de gens donnaient cher de notre peau parce que rien ne démontrait qu'on allait revenir. Et pourtant, nous avons comblé l'écart, et au final, nous avons arraché deux points au D.C. United.

Samedi, on retrouvera nos partisans alors que le Dynamo de Houston sera de passage sur notre pelouse. Je sais que cette équipe a des ennuis sur la route cette saison, mais notre priorité est de prendre les trois points au classement qui demeure très serré dans l'Est.

On a échappé le dernier match au chapitre de la performance, ce qui ne nous a pas empêchés de prendre un point sur la route, mais nous serons chez nous cette fois. On sait où Houston se situe au classement, mais pour nous, ce n'est plus une question d'adversaire, c'est simplement une question d'aller chercher les trois points.

*Propos recueillis par Robert Latendresse