Dans une saison où Mauro Biello a rarement compté sur un effectif complet, c’est par essais et erreurs que l’entraîneur de l’Impact tente toujours de trouver la bonne recette. Jusqu’à maintenant cette approche a donné des résultats tous plus surprenants les uns que les autres.

Une cuisante défaite de 4-1 mercredi soir, dix jours après une performance titanesque à Toronto, en est la plus récente démonstration.

Variable inchangée

En défense, Biello a tenté à peu près toutes les combinaisons possibles et semble avoir arrêté son choix sur Ambroise Oyongo, Laurent Ciman, Hassoun Camara et Donny Toia. Un doute subsiste sur ce dernier au poste de latéral droit.

Au milieu, Nacho Piatti a été la seule constante. Dans l’axe, les nombreuses blessures ont changé le visage du triangle tout au long de la saison. Sur la droite, Lucas Ontivero n’a pas eu l’influence espérée sur son couloir, ce qui a fait de ce poste une porte tournante où Oduro, Salazar et Mancosu se sont partagé le travail.  

Avec cette panoplie d’expériences tentées au cours des 27 derniers matchs, il reste une variable que l’Impact semble réticent à modifier, et pour cause.

Un monument

Didier Drogba est un personnage plus grand que nature qui a rempli le Stade Saputo et l’a fait vibrer comme jamais auparavant. Sur un bon jour, bien qu’il approche de la quarantaine, il reste dans une classe à part. Une entrée qui a complètement changé le cours du match à Chicago le 16 avril, et un triplé contre Philadelphie au mois de juillet, nous l’ont rappelé.

Les performances dominantes de l’Ivoirien ont toutefois été peu nombreuses en 2016 et son influence sur le groupe semble moins percutante que l’an dernier. Est-il temps d’ouvrir la porte à quelqu’un d’autre ?

Plus facile à dire qu’à faire lorsqu’il est question d’une légende vivante du foot qui a fait faire un pas de géant à l’Impact en quelques mois seulement.

Je crois néanmoins que Biello et son personnel technique se doivent d’évaluer froidement toutes les options possibles, afin de maximiser le rendement de l’équipe sur la fin de saison.

Portrait détaillé

Avec une moyenne d’un but marqué toutes les 158 minutes, Drogba offre un rendement fort acceptable en comparaison à ceux de Sebastian Giovinco (139mins), David Villa (137mins) ou Bradley Wright-Phillips (131mins).

Une analyse détaillée de sa contribution soulève néanmoins une question intéressante.

Comment ?

En 2015, DD marquait 33% de ses buts (4 sur 12)  sur coup de pied arrêté. Ce chiffre est passé à 44% jusqu’à maintenant en 2016. À 38 ans, sa qualité sur coup franc offre des bijoux aux supporters et lui permet de peser sur un match, mais masque peut-être un apport moins important en cours de jeu.

Des cinq buts restants, trois ont été marqués lors d’un même match contre Philadelphie.

Quand ?

Quatre de ses neuf buts ont été marqués dans les dix minutes suivant son entrée sur le terrain et un seul après la 60e. Que ce soit les jambes qui manquent, un service déficient ou l’adversaire qui s’ajuste bien, sa contribution offensive sur la durée d’une rencontre n’est pas le même qu’à sa sortie des blocs de départ.

Bien qu’on puisse faire dire ce que l’on veut aux chiffres, ces statistiques ressemblent davantage à celles d’un « super-sub » qu’à celles d’un titulaire. Sachant que l’Impact affirme souvent que l’équipe passe avant tout, je me permets de poser la question sous une nouvelle forme.

Le bleu-blanc-noir serait-il mieux servi en faisant entrer l’Ivoirien en cours de match ?

Alternative

Cette question est déchirante pour deux raisons. D’une part, on parle ici d’un quadruple champion d’Angleterre et vainqueur de la Ligue des Champions. D’autre part, une véritable alternative cogne à la porte.

Matteo Mancosu impressionne depuis son arrivée en juillet dernier. Ses appels en profondeur apportent une dimension qui manque à l’Impact et son énergie contagieuse génère plus de mouvement sur le terrain.

Dans tout autre contexte, ses entrées convaincantes à répétition lui auraient mérité davantage que les trois départs qu’il a présentement à sa fiche. Avec chaque match qui passe, il devient de plus en plus difficile de justifier sa présence sur le banc.

Que ce soit en le faisant jouer aux côtés de Drogba dans un 4-4-2 ou en lui confiant carrément le rôle d’attaquant de pointe, l’Italien a beaucoup à contribuer à une attaque qui peine.

Maximiser le rendement

La défense et le milieu présentent aussi leurs lots d’imperfections, alors loin de moi l’idée de faire de Didier Drogba le bouc émissaire du Onze Montréalais.

Au contraire, l’Impact devra lui être reconnaissant pour de longues années à venir puisque son lègue dépassera largement ceux de Marco Di Vaio et Alessandro Nesta. De plus, son apport sur le reste de la saison sera essentiel si l’Impact nourrit toujours l’ambition d’atteindre, au minimum, la finale de l’Est.

Je me demande simplement si d’autres options s’offrent à Mauro Biello, afin de maximiser l’effectif qu’il a sous la main.

En ce sens, la place de Didier Drogba dans le onze de départ est-elle intouchable?