Lunettes de soleil au visage et casquette des Yankees à l’envers, Didier Drogba est débarqué en sol montréalais avec la prestance d’une superstar internationale en juillet dernier. Une arrivée qui reflétait une longue carrière largement décorée. Bref, le passé. À quoi pouvait-on s’attendre pour la suite? Drogba avait-il encore quelque chose à offrir? Après un mois d’action, la question ne se pose plus.

Hors concours

Impact 2 - D.C. United 0

Avec ses deux buts contre un D.C. United à la déroute, l’Ivoirien a porté son total à sept en six matchs. La quantité en soi est impressionnante, mais la qualité de son doublé samedi soir était dans une classe à part. Un mélange parfait de confiance et de qualité technique a d’abord offert un bijou aux fans de l’Impact. Un coup franc d’une trentaine de mètres décerné dans des circonstances quelque peu bizarres, puisque le sifflet s’est fait entendre trop rapidement sur l’action. La plupart des arbitres auraient laissé l’avantage à Dominic Oduro qui se retrouvait seul avec le gardien. En somme, les partisans montréalais peuvent, pour une fois, remercier un arbitre.

Sur son deuxième, c’est une combinaison de puissance et de délicatesse qui a permis d’attaquer de front un adversaire avant de soulever le ballon au-dessus d’un Bill Hamid qui avait quitté sa ligne de but. Le défenseur central Steve Birnbaum a semblé effrayé par la vision d’un Drogba fonçant droit sur lui et sa décision de reculer sur 30 mètres a joué à la faveur de l’attaquant. Un passement de jambe plus tard, la « légende » ajoutait un peu d’éclat à sa bannière, accrochée derrière le but des visiteurs, et soulevait la foule pour une seconde fois dans le match.

« Je suis content de mon choix de ville »

Le côté sombre de la force

À la 53e minute, Birnbaum subissait un autre coup d’assommoir, littéralement cette fois. Le coup d’épaule, ou de coude selon Ben Olsen qui était hors de lui sur le banc des visiteurs, asséné par l’Ivoirien était un message clair pour la défense du D.C. United qui se tournait vers la robustesse pour le contenir. Le geste ne méritait rien de plus qu’un avertissement, mais ce genre de séquence pourrait se multiplier d’ici la fin de la saison et Drogba devra se contenir. Mauro Biello devra aussi s’assurer de bien mesurer le niveau d’émotions de son joueur désigné. Ce dernier aurait pu être retiré vers l’heure de jeu, mais un score encore précaire de 2-0 et l’absence d’Anthony Jackson-Hamel ont poussé Biello à être plus patient.

Milieu réinventé

La créativité en tiers offensif et le pressing collectif sont deux facettes du jeu où l’Impact a peiné cette saison. Comme ce fut le cas à San Jose dix jours plus tôt, Biello a décidé d’inverser son triangle en milieu de terrain. Mieux équipé pour mettre la défense adverse sous pression, le Onze montréalais a aussi été fluide en possession.

Marco Donadel a bien balayé devant la défense, alors que Nigel Reo-Coker a connu son meilleur match de la saison un cran plus haut. À ses côtés, Patrice Bernier entamait un match de MLS pour la première fois depuis le mois de juin. Une bonne performance pour le capitaine qui a su utiliser son expérience et sa qualité technique pour passer à travers quelques moments plus difficiles physiquement.

Et Nacho?

Ce nouveau dynamisme en milieu de terrain pourrait inciter Biello à pousser l’expérience loin. Ignacio Piatti reprendra-t-il immédiatement le même poste dans le onze de départ? Pour le moment, je trouve l’Impact plus entreprenant avec deux milieux offensifs. L’Argentin préfère toutefois les grands espaces à la congestion. Je doute qu’un partenaire à ses côtés lui permette de jouer sur ses qualités. Et sur la gauche? Voilà une expérience qui vaudrait la peine d’être tentée en vue des séries.