Quatre-vingt-dix minutes. C’est tout de qui nous sépare d’une étape jamais franchie auparavant par une équipe de MLS, celle d’une victoire au championnat CONCACAF des clubs. C’est avec une bonne dose de satisfaction que nous sommes revenus à Montréal mercredi après avoir obtenu un verdict nul de 1-1 dans le match aller contre Club América, mais évidemment nous ne sommes pas rassasiés, puisqu’il reste encore la moitié du boulot à abattre.

Autant nos énergies seront portées sur le match retour de mercredi prochain au Stade olympique, il y a quand même lieu de se féliciter de notre prestation au Mexique. Après tout, nous étions confrontés à un club de renommée internationale et le fait de fouler la pelouse d’un stade mythique aurait pu s’avérer intimidant pour les joueurs de l’Impact. Il n’est pas rare de voir une équipe se faire massacrer lorsque ce club évolue devant ses partisans. À preuve, la majorité des clubs qui se sont rendus au stade Azteca durant ce championnat ont pris trois ou quatre buts.

Mais nous avons tenu notre bout avec une organisation défensive à la hauteur, une rigueur et une ténacité avec laquelle il est difficile de rivaliser. Comme ce fut le cas dans nos confrontations avec Pachuca et Alajuelense, les contre-attaques se sont retrouvées au centre de notre plan de match. La rapidité que nous procurent des joueurs comme Dominic Oduro, Dilly Duka et Nacho Piatti, trois gars qui vont rapidement vers l’avant, est essentielle afin de créer des occasions, et heureusement pour nous, l’une d’elles a été concrétisée par Ignacio dans le premier quart d’heure du match. C’est un déploiement offensif bien différent de celui de l’Impact à son entrée en MLS, durant les saisons 2012 et 2013. On vit par coups offensifs si je peux m’exprimer ainsi, et ça nous sied bien.

Je crois que le but de Piatti a permis de jeter une douche froide sur la foule partisane des locaux. L’équipe a conservé les mêmes effectifs que lors de son match de la fin de semaine, quelques jours plus tôt, et à mon avis s’était donné pour objectif de dominer la possession du ballon, pensant nous essouffler à long terme et prévoyant que l’altitude pourrait nous nuire à quelque part en deuxième mi-temps. Je pense que le but qu’ils ont pris à la 16e minute a été un coup de fouet. On savait qu’en raison de leur style, des espaces allaient se libérer. Sans dire qu’ils ont enfoncé le bouton panique, ils ont certainement dû s’éloigner de ce qu’ils prévoyaient faire.

Patrice Bernier et Michael ArroyoDès les premiers instants de la deuxième demie, ils ont mis le pied sur l’accélérateur et ça leur a permis de générer quelques bonnes occasions. La charnière centrale a été sollicitée, mais tant Laurent Ciman que Bakary Soumaré ont répondu avec beaucoup d'hardiesse et de droiture lorsqu’ils ont été défiés. Chacun a misé sur ses forces – pour Bakary, c’est l’implication physique dans les duels, pour Laurent, c’est l’anticipation et le positionnement par rapport aux lignes de passes – et au final, il n’y a pas grand-chose qui passe devant Evan Bush. C’est fantastique car par le passé, avec ce genre de match, on aurait possiblement subi les contrecoups au score.

Bush a lui-même été à la hauteur avec son sang-froid habituel. Il a été calme et en contrôle, particulièrement en première moitié. Comme vous le savez sans doute, il y a fort à parier que nous allons le perdre en vue du match retour en raison d’une accumulation de cartons jaunes (au moment d’écrire ces lignes, la décision des hautes instances de la CONCACAF n’a pas été rendue). C’est malheureux, mais il faudra négocier avec cette situation avec professionnalisme car on ne peut rien y changer.

Est-ce que le gardien remplaçant sera Jon Smits, qui nous a été prêté par par le FC Edmonton de la NASL, ou bien aurons-nous une dérogation nous permettant d’aller puiser ailleurs, que ce soit en MLS ou dans une autre ligue? Je n’en sais pas plus que vous, mais la réalité demeure la même : nous allons devoir tout mettre en œuvre pour mettre en confiance celui qui aura le mandat le protéger notre filet mercredi prochain.

Une expérience incomparable

Étant donné la portée historique de cette rencontre, sa signification et l’enceinte mythique dans laquelle elle était disputée, mon père et mon beau-père ont décidé d’effectuer le voyage pour vivre aux premières loges l’expérience, sachant que cette chance ne se présenterait peut-être pas une deuxième fois.

De retour avec le sourire

C’était réellement important pour moi que mon père y soit. Dès un jeune âge, il se plaisait à me parler des joutes inoubliables qui s’y sont déroulées au fil des ans, notamment les prouesses de Pelé et de Diego Maradona lors des Mondiaux de 1970 et 1986.

Ils ont vécu l’expérience complète aux abords du terrain. Ils exhibaient fièrement leur maillot de l’Impact, donc il va sans dire qu’ils ont été confrontés à ce que signifie de se retrouver dans un environnement comme celui-là. Le contraire aurait été surprenant ; ils ont été la cible de quelques projectiles et de plaisanteries, ce qui fait partie de l’héritage du soccer latin. Des gardiens de sécurité sur place les avaient même avertis que des débordements étaient possibles tant la ferveur des fanatiques est grande! Somme toute, tout s’est conclu dans l’ordre, et le plus beau cadeau qu’on ait pu leur faire, c’est de leur offrir un résultat comme celui obtenu.

Le Stade sera plein à craquer!

Tandis que les préparatifs vont bon train pour les 90 minutes les plus importantes de l’histoire de l’Impact, on se réjouit à l’avance de savoir que le support des partisans sera monstrueux.

Lors des phases précédentes, la réponse du 12e joueur témoignait déjà d’un appui inconditionnel, mais cette fois, les estrades du Stade olympique seront remplies à pleine capacité. C’est assez remarquable de constater que les 59 000 billets disponibles ont trouvé preneur en l’espace d’une semaine! On espère que la foule sera bruyante et qu’elle sera derrière nous dans les hauts comme les bas, car on le sait, le rythme peut basculer quelques fois en l’espace de 90 minutes.

On pourra même affirmer que notre popularité aura été plus grande pour cette finale. Alors qu’on annonçait au préalable 100 000 sièges vendus au stade Azteca, la foule aura été de « seulement » 56 000 personnes...

C’est carrément le scénario rêvé de pouvoir conclure le tout à domicile et de pouvoir célébrer avec la population montréalaise une victoire d’envergure, mais justement, ça reste conditionnel à un dernier match impeccable.

La ville de Montréal et la MLS sont derrière nous. Une fois de plus, mercredi soir, marquons l’histoire!

* Propos recuellis par Maxime Desroches