J’ai vécu de grands moments depuis que je suis revenu avec l’Impact en 2012. Jamais je n’aurais cru cela lorsque je suis parti vers l’Europe.

Le soccer à cette époque n’était pas ce qu’il devient aujourd’hui. Il continue à progresser au Québec. J’ai vécu des stades pleins, que ce soit en 2012 pour la venue de David Beckham ou le match d’ouverture en MLS. Et un moment encore un peu plus grand mercredi, parce que c’était 61 004 bruyants partisans qui se sont présentés au Stade olympique pour le match retour de la finale de la Ligue des champions de la CONCACAF contre Club América.

Il s’agissait de fans fiers de leur ville et de cette équipe. Moi-même, je suis fier de voir que les gens ont répondu à l’appel et qu’ils se sont présentés. Oui, il y en a qui ne sont pas encore de fidèles fans de l’Impact de Montréal, mais ils sont venus au stade. Ils ont peut-être eu une étincelle de vouloir continuer à être un partisan de l’Impact. Ils s’accrocheront peut-être à ce club et à cette histoire que nous essayons continuellement de faire grandir.

Nous voulons créer chez les gens un sentiment d’appartenance et leur faire vivre des émotions comme celles des derniers mois pour vraiment s’accrocher au soccer. Le soccer est différent du hockey, mais on y vit de grands moments de passion aussi. De grands moments d’être de fiers Montréalais et Québécois.

C’est sûr que la déception est encore vive un peu plus de 24 heures après la défaite face à Club América. Nous étions aux portes de la Coupe du monde des clubs. Un pied quasiment dedans. Transporter la coupe de la Ligue des champions de la CONCACAF chez soi à Montréal devant ses partisans aurait été un grand moment historique, mais qui n’a pas été réussi malheureusement.

Dans l’amertume et la déception, nous réalisons que nous avons fait un beau parcours parce que personne ne nous attendait vraiment en finale. Mais voilà. C’est fini. Les grandes émotions sont complétées et il faut maintenant penser à la MLS qui est notre gagne-pain.

Encore la deuxième mi-temps

Après le but d’Andrés Romero à la huitième minute, nous étions très contents. Nous semblions avoir accompli le plus difficile qui est de marquer et de mettre l’équipe adverse sur la corde raide. Je crois qu’il y avait un sentiment que nous allions leur rendre la vie plus difficile.

Mais un match, c’est 90 minutes. Pendant la première mi-temps, il y a eu de grands moments émotifs et intenses. Cela a gardé les gens sur le bout de leur siège. Il ne voulait pas s’asseoir puisque quelque chose de bon comme de mauvais pouvait se produire même si nous avions marqué.

Les Mexicains ont eu une occasion ou deux. Ils ont frappé la barre horizontale. On aurait cru que les dieux du soccer étaient avec nous à ce moment-là voyant notre parcours. Mais en deuxième mi-temps, ce fut une autre histoire.

C’est l’histoire d’une équipe qui a régulièrement un double visage si on peut dire. Ils avaient des qualités qui leur ont permis de profiter de nos erreurs alors que nous n’étions pas à notre mieux. Tu vas payer le prix dans ce temps-là. Et on l’a payé cash. Nous avons perdu un peu de concentration, d’organisation et nous avons commis des erreurs techniques. Ce genre d’équipe peut te les faire payer très cher offensivement. Et ils l’ont fait en deuxième mi-temps et vous connaissez la suite.

Ils ont été patients tout le match. Dans les deux rencontres de la finale, ils ont pesé sur l’accélérateur. Il avait aussi l’expérience de ce genre de compétition. Avec cette victoire, ils ont remporté leur sixième trophée de la Ligue des champions.

On ne les a jamais vus paniquer même quand on a marqué un but, que ce soit au stade Azteca ou mercredi au Stade olympique. On doit en apprendre là-dessus parce que nous sommes encore une jeune équipe, que ce soit le club ou la formation elle-même parce qu’il y a de nouveaux visages. On a du travail à faire pour que ça n’arrive plus dans les matchs de MLS ou en Championnat canadien.

Vouloir revivre ces grands moments

Le soccer est un sport dominant mondialement et en grande progression au Québec depuis quelque temps déjà. Il a besoin de ces grands moments pour que les gens s’attachent au club et au soccer.

Tous les jeunes de l’équipe réserve et de l’Académie, les fans et nos mordus ont goûté à cette excitation et veulent revivre cela. En fait, tout amateur de sport a vécu des émotions. Ils ont compris l’envergure du match et que Montréal peut répondre à l’appel dans de grands moments.

Les jeunes du club qui ne faisaient pas partie de l’équipe première aimeraient un jour pouvoir aller à la Ligue des champions pour vivre ça et essayer de gagner la MLS pour expérimenter ces moments qui ne viennent pas souvent dans une carrière ou même dans une vie. On vit pour avoir des moments intenses comme ceux-là. Ce match va laisser des souvenirs comme celui de 2009 face à Santos Laguna. Des jeunes ont peut-être eu l’inspiration de se dire qu’un jour ils voudraient être de cette équipe et du bon côté la prochaine fois.

Les prochains jours ne seront pas faciles, mais il faut attaquer notre saison en MLS parce que nous allons jouer plusieurs matchs à domicile. Nous avons un peu la chance de devoir passer à autre chose.

Nous sommes seulement au départ de la saison. Nous allons devoir engendrer des points. La réalité de la MLS est toute autre que celle de la Ligue des champions. En MLS, le bonbon est à la fin de la saison. Ce n’est pas la même intensité rapide que la Ligue des champions.

Il va falloir retrouver notre concentration et se regrouper parce qu’il faudra gagner des points chaque fois que nous jouons si nous voulons rattraper notre retard et nous garder bien proche des autres équipes. Nous avons un objectif et ce sont les séries.

Mais avant le retour en MLS, nous repartirons avec un match d’une autre coupe puisque ce sont les demi-finales du Championnat canadien mercredi prochain face au Toronto FC.

*Propos recueillis par Christian L-Dufresne