Chaque saison comporte un ou deux événements qui permettent à une organisation de constater ses forces et ses faiblesses. La décision de Didier Drogba de ne pas se joindre à ses coéquipiers pour le match contre le Toronto FC tombe dans cette catégorie.

Bien que l’affaire soit résolue à la satisfaction du club et son président, voici quelques constats qui pourraient nourrir une réflexion en vue du bilan de fin de saison. Ce dernier pourrait se faire aussi tard que la mi-décembre ou aussi tôt que la fin octobre.

Pilote à bord

D’un point de vue sportif, Mauro Biello a pris la bonne décision de faire démarrer Matteo Mancosu face au TFC.

L’Italien est d’ailleurs le grand oublié de cette saga. En parlant sans cesse de Drogba qui perd sa place, on semble oublier que l’énergie et les bonnes performances de Mancosu ont forcé son entraîneur à lui ouvrir la porte.

La situation aurait-elle été différente si Drogba avait été mieux servi par les dix joueurs derrière lui? Fort possiblement.

Néanmoins, en prenant la plus grosse décision de sa jeune carrière d’entraîneur-chef, Biello a confirmé qu’il est prêt à faire des choix difficiles s’il les juge profitables pour l’équipe. Sa volonté de clarifier sa position immédiatement après la rencontre démontre également une proactivité à laquelle l’Impact ne nous a pas habitués.

Bien que ce soit fait aux dépens de son joueur étoile, Biello a assumé sa position. Un moment fort pour le Montréalais de 44 ans qui s’est du même coup affirmé comme réel pilote à bord chez le bleu-blanc-noir.

Virage brusque

Tout comme l’intégration de jeunes talents locaux, le retrait d’un joueur-cadre doit se faire de façon graduelle. Dans les deux cas, une vision principalement axée sur le prochain match, plutôt que le moyen ou long terme, a créé des frustrations cette année.

Sur 18 départs cette saison, Didier Drogba a complété les 90 minutes à 13 occasions et a quitté la rencontre deux fois en raison de blessures. Sur les trois matchs restants, il n’est jamais sorti avant la 79e minute.

En somme, l’Ivoirien est passé d’un statut d’attaquant dont on ne pouvait se priver, ne serait-ce que pour une vingtaine de minutes en fin de match, à celui d’un joueur qu’on laisse subitement de côté. Pour un match diffusé aux quatre coins de la planète par surcroît.

Que ce soit pour l’orgueil ou la continuité du projet, cette nouvelle réalité était certainement difficile à comprendre et avaler.

Avant de le retirer complètement du onze de départ, il aurait peut-être mieux valu réduire son temps de jeu en tant que partant plus tôt cette saison.

Et les Adieux?

À ce stade-ci, l’état des relations entre Drogba et le club risquent de le priver de la reconnaissance et des adieux qu’il mérite lorsqu’il quittera la Métropole.

En ce sens, DD aurait-il choisi de déserter si on lui avait réservé une cérémonie de remerciements dimanche? C’est ce que le club avait fait pour Marco Di Vaio et Alessandro Nesta.

À son arrivée l’an dernier, Nick De Santis parlait de l’Ivoirien comme d’un futur ambassadeur de l’Impact.

Malheureusement, il semble plutôt sur le point d’ajouter son nom à une trop longue liste de joueurs qui ont connu une fin de relation pénible avec l’Impact.

Comment éviter les divorces acrimonieux dans le futur?

Défendre son club

Finalement, on se souviendra de 2016 comme d’une année où Joey Saputo a été appelé à défendre les intérêts de son club. Les sorties du président ont été peu nombreuses, mais percutantes dans la nature du message.

Après s’être assuré que Didier Drogba « respecte ses engagements contractuels », alors qu’il songeait à retourner à Chelsea, Saputo dit maintenant avoir réglé le plus récent épisode avec son joueur désigné « à la satisfaction du club ».

Impossible de savoir comment les discussions se déroulent derrière des portes closes, mais ces déclarations étaient essentielles pour maintenir l’image d’un club qui s’assume et se respecte.