MONTRÉAL – On pouvait presque entendre le battement d’ailes des mouettes qui survolaient le terrain du Stade Saputo quand Kyle Beckerman s’est installé pour prendre un coup franc dans les premières minutes de la deuxième demie, samedi après-midi.

Quelques instants auparavant, son coéquipier Devon Sandoval s’était chargé d’étouffer les clameurs d’une foule plutôt modeste en inscrivant le premier but du Real Salt Lake. Soudainement, l’avance de trois buts que s’était forgée l’Impact au cours d’une première mi-temps impériale semblait fragile.

L’histoire s’écrivait sous nos yeux. Encore une fois, le onze montréalais était inexplicablement en train de perdre ses moyens à son retour du vestiaire.

« Leur premier but était chanceux. Je ne crois pas que c’était son intention de décocher une frappe de la sorte, mais elle s’est retrouvée dans le fond du filet », racontait le gardien Evan Bush au terme de la rencontre. « Quand quelque chose comme ça se produit, tu commences à te demander qu’est-ce qui pourrait bien arriver encore une fois. Même quand Nacho a raté son penalty en première demie, on menait par trois mais je me suis demandé ‘Est-ce qu’on en aurait eu besoin d’un quatrième?’... »

L’enjeu était donc de taille quand le capitaine du RSL a laissé partir une frappe qui s’est frayé un chemin dans le trafic avant de finalement apparaître dans le champ de vision de Bush, qui a plongé à sa gauche pour expulser le projectile de la zone dangereuse. L’arrêt était gigantesque dans les circonstances. Son auteur croit qu’il fut le point tournant de la rencontre, qui s’est finalement soldée par un score de 4-1.

« Leur premier but était survenu deux ou trois minutes plus tôt. S’ils en marquaient un autre là-dessus, il leur restait 40 minutes pour aller en chercher un troisième, calculait Bush. J’ai été chanceux que la balle ne dévie pas en traversant la surface. J’ai pu mettre ma main dessus et l’éloigner de la pression. Heureusement, personne n’était là pour sauter sur le retour. »

Et donc finalement, l’Impact s’est débarrassé de cette guigne qui l’affligeait depuis trop longtemps. Depuis qu’il a survécu de justesse aux assauts tardifs d’Alajuelense lors de son match retour de la demi-finale de la Ligue des champions au début avril, le onze montréalais a concédé un total de 18 buts. Du lot, seize ont été encaissés après la 45e minute.

L'Impact ouvre les valves!

« Je pense que c’est une question de mentalité, a commenté l’entraîneur Mauro Biello. Des buts, on va en accorder. L’important, c’est la façon dont on réagit par la suite. Aujourd’hui, il y a eu quelques moments énervants, mais quand même, on avait besoin de souffrir un peu et de s’en sortir. Je pense que ça a été très positif pour nous, de s’en sortir et de grandir jusqu’à la fin. » 

« C’était dur, les dix premières minutes de la deuxième mi-temps!, a soufflé le défenseur Bakary Soumaré. Il faudra rectifier le tir et être plus concentrés quand on arrive en deuxième mi-temps. Mais le résultat nous fait du bien. Je pense que c’est la première fois de la saison qu’on a vraiment eu le ballon et qu’on a réussi à créer beaucoup d’opportunités. C’était important de jouer un match comme on l’a fait. »

« Je crois qu’on a finalement eu le sort qu’on méritait, a ajouté Bush. On a extrêmement bien joué en première demie. Ça a été un peu moins facile en deuxième, mais le fait de finalement sortir d’ici avec trois points fait beaucoup de bien. »

Reo-Coker a été entendu

Après la défaite du week-end précédent contre Portland, Nigel Reo-Coker avait publiquement imploré ses coéquipiers de mettre leur égo de côté et de gérer la circulation du ballon en gardant en tête l’intérêt collectif du club.

Le message semble avoir été entendu. La belle complicité affichée par les trois milieux offensifs et l’attaquant Dominic Oduro à l’entrée du dernier tiers du terrain a permis de créer un buzz constant autour du filet adverse. L’Impact a terminé la rencontre avec 15 tirs au but, donc neuf cadrés.

« C’était une belle performance d’équipe et j’en suis fier, a déclaré Reo-Coker au collègue Patrick Friolet lorsqu’intercepté sur le terrain au terme de la rencontre. Nous avons joué du bon soccer. Les joueurs n’ont pas été égoïstes et ont joué de manière simple. »

« On a créé beaucoup de mouvement sans le ballon, c’est ça qui a fait la différence, a noté Laurent Ciman. C’est bien d’avoir le ballon, mais quand il n’y a pas de mouvement devant, c’est difficile de le faire circuler. Je crois qu’on l’a bien fait tourner en jouant une ou deux touches et après, les qualités individuelles sont ressorties. »

« Tout le monde doit travailler pour ses coéquipiers et si on est capables de faire ça, on va obtenir des résultats, a dit Biello pour résumer le message qui avait été transmis au groupe dans les jours précédant la rencontre. Aujourd’hui, on a vu qu’on a des joueurs avec de grandes qualités et quand on joue ensemble, quand on est prêts à se battre, les résultats suivent. »

Au tour d’Oduro de tomber

Comme si l’Impact avait besoin d’une telle malchance, il a perdu les services d’un autre attaquant alors que Dominic Oduro a dû quitter le match dans la dernière demi-heure après être resté étendu pendant de longues minutes sur le terrain.

Une victoire collective

Oduro a tenu à rester assis devant son casier quand les journalistes l’ont abordé dans le vestiaire après la rencontre et il se déplaçait laborieusement à sa sortie du stade. Il a lui-même confirmé qu’il s’était blessé à l’aine.

« Espérons que ce n’est pas trop grave. Je sais qu’il y a eu plusieurs blessures à nos attaquants, mais je crois toujours qu’on a un banc de qualité. On a des gars qui peuvent entrer et faire le boulot. C’est à souhaiter qu’ils sont prêts », a commenté le Ghanéen.

En mars, l’Impact a subi la perte de la recrue Cameron Porter lorsque celui-ci s’est déchiré le ligament croisé antérieur du genou gauche contre le Revolution de la Nouvelle-Angleterre. Mercredi dernier, le vétéran Kenny Cooper s’est blessé au genou droit en encaissant un tacle de Benoît Cheyrou contre le Toronto FC.

Jack McInerney et Anthony Jackson-Hamel sont présentement les seuls attaquants en santé qui comptent de l’expérience en MLS. La recrue Romario Williams, qui était disponible dans un rôle de réserviste samedi, est une autre option.