MONTRÉAL – Patrice Bernier a vu une tempête se lever dans les yeux de Mauro Biello quand les joueurs de l’Impact retraitaient vers leur vestiaire après une première demie catastrophique mardi dernier. Redoutant le pire, le capitaine a décidé de rebrousser chemin et d’aller s’échauffer sur le terrain, où il se doutait bien qu’on l’enverrait de toute façon réparer les dégâts au retour de la pause.

L’instinct du vétéran ne l’avait pas trompé. Biello a effectivement savonné ses troupes dans le vestiaire des visiteurs du BC Place, où reposait une équipe qui venait de connaître un autre début de match de misère et qui tirait par conséquent de l’arrière 2-0 au tableau indicateur.

« Ça avait l’air de quoi? D’un coach qui rallume ses troupes, tout simplement, a offert comme aperçu le gardien Maxime Crépeau, qui a assisté à la crise. Et c’était normal que Mauro réagisse ainsi parce que notre première mi-temps était inacceptable. »

« Je n’étais pas content et je voulais juste donner un peu d’émotion au groupe, a admis Biello vendredi. Il faut avoir des émotions quand on joue et c’est ce que je voulais transmettre. Ça a fonctionné, mais il faut comprendre qu’il faut commencer les matchs de cette manière et les terminer de cette manière. Si on fait ça, on va être une très bonne équipe. »

Après le match, que l’Impact a finalement perdu 2-1, Biello a pimenté son point de presse de cette hypothèse : « Peut-être qu’il faudrait que je casse le vestiaire avant le match. Peut-être que ça va les réveiller ».

L’idée n’est pas bête, mais dans un monde idéal, l’entraîneur n’aurait pas besoin d’élever le ton chaque fois que ses joueurs tombent dans un état de stupeur. Mieux encore, une situation comme celle qui s’est produite à Vancouver ne serait rien d’autre qu’une bête erreur de parcours et non l’aberration qu’elle est devenue, un malaise chronique qui force tout le monde à répéter les mêmes excuses depuis des semaines.  

Biello a récemment endossé le blâme pour les piètres sorties de son équipe, rappelant à qui voulait l’entendre qu’il lui incombait de trouver les solutions quand les problèmes surgissent. Et assurément, l’entraîneur-chef et ses adjoints ne sont pas sans reproche pour ce début de saison raté. Dans leur préparation millimétrée qui précède chaque match, il doit y avoir des ajustements à apporter afin de mieux relayer le message et d’optimiser le niveau de motivation de leur groupe. Là, il y a clairement une carence.

Mais quand la chaîne débarque, tout le monde doit être prêt à se salir les mains pour la replacer dans l’engrenage. Présentement, trop de joueurs donnent l’impression d’attendre au bord de la piste qu’un bon samaritain vienne faire la sale besogne à leur place ou qu’on les renvoie de force sur la selle à grands coups de pied au derrière avant de se mettre à pédaler.

« Je pense que c’est important que je transmette comment je me sens, dit Biello. Les joueurs doivent sentir ça. Si je dis toujours que c’est correct, ils vont continuer. C’est mon travail de trouver des solutions. Des fois, c’est en envoyant un message comme ça. »

Biello devrait-il se fâcher plus souvent? Non, répond Bernier, qui suggère plutôt que tout le monde arrête de bouder et s’engage à faire partie de la solution plutôt que de débattre sur la source du problème.

« Je regarde un gars comme Daniel Lovitz, cite le capitaine en exemple. Il avait joué un bon match à D.C. et là il a eu une autre chance dans un poste qui n’est pas nécessairement celui dans lequel il a été formé. Il est rentré, a récolté une passe décisive sur notre but. Il a fait sa job, il a été professionnel. Il se pointe à tous les jours, ne se plaint pas et chaque fois qu’il a une opportunité, il est à la hauteur. »

« Dans le monde du sport, il y a des sélections qui sont faites, mais quand ton numéro arrive, il faut que tu saisisses ta chance et que tu montres au coach que tu frappes à la porte »,  conclut le numéro 8.

Vingt-quatre heures de cauchemars

Bernier a dû faire sa propre introspection à la suite de la défaite subie à Vancouver. Entré dans le match à la 55e minute, il a raté deux chances en or de créer l’égalité après que David Choinière eut inscrit l’Impact à la marque.

Incapable de convertir un penalty à la 73e minute, le capitaine a vu le gardien Spencer Richey sortir la jambe pour bloquer un tir près de la ligne des buts dans les arrêts de jeu.

« Des cauchemars ce soir, mais tout est toujours en jeu pour mardi prochain à mtl », a inscrit Bernier sur son compte Twitter après la rencontre. Le gazouillis était prémonitoire puisque son auteur a admis vendredi avoir eu peine à dormir après l’avoir rédigé.

« Mais à la fin, les journées passent et on réalise qu’il y a un deuxième chapitre à la série. On est allé chercher un but à l’extérieur, ce qui est déjà crucial. Là il faut juste se concentrer sur le prochain match. »

Des deux chances ratées, Bernier avoue que c’est la deuxième qui lui a procuré le plus grand pincement au cœur.

« Tu te dis : ‘Si je la frappe un peu mieux, il n’a pas le temps de mettre le pied...’ Et surtout, c’est sur une action de jeu, en toute de fin de match. J’aurais pu sortir avec deux buts, ce qui n’arrive pas souvent, mais bon! Comme je l’ai dit, j’y ai pensé pendant 24 heures. Après, il faut passer à autre chose. »