MONTRÉAL – Bien sûr, l’Impact n’est en position de négliger aucun adversaire. D’abord parce qu’il ne gagne lui-même pas assez souvent pour se permettre cette arrogance. Aussi parce qu’il s’est plus d’une fois fait surprendre cette saison par une équipe qu’on lui disait inférieure.

Mais dans le contexte, il n’y a peut-être pas plus prenable que les Earthquakes de San Jose, qui seront en visite à Montréal mercredi.

En action chez elle samedi dernier, la formation californienne traversera le continent uniquement pour venir jouer 90 minutes au Stade Saputo. C’est donc avec des jambes lourdes qu’elle devrait transporter un profil peu reluisant auquel il serait criminel de donner le moindre espoir.

Les Earthquakes n’ont aucune victoire à leurs six derniers matchs. Au cours de cette séquence, ils n’ont marqué que trois buts. San Jose est d’ailleurs la seule équipe de la MLS à avoir marqué moins de buts (28) qu’elle n’a disputé de matchs (29) cette saison.

Les Séismes montrent aussi un dossier de 1-6-7 sur les terrains adverses. Remarquez qu’on disait la même chose de Chicago, d’Orlando, de la Nouvelle-Angleterre... Mais de plus, l’Impact montre une fiche encourageante de 3-2-4 cette saison contre les équipes de l’Association Ouest. Ses deux défaites sont survenues à l’étranger.

Malgré la piètre forme qu’il affiche depuis près de deux mois, l’Impact peut encore s’accrocher à l’une des dernières places donnant accès aux séries dans l’Association Est, mais étant donné l’immensité de l’enjeu et l’accessibilité du rival, il est difficile d’imaginer un scénario où la troupe de Mauro Biello pourrait se relever d’une défaite mercredi et ensuite offrir une quelconque forme d’opposition dans ses trois derniers matchs de la saison.

Ça passe ou ça casse pour l’Impact.

« C’est entre nos mains, personne d’autre ne contrôle notre destinée, affirme Dominic Oduro, qu’on a déjà entendu plus convaincant. On a reçu un peu d’aide de l’extérieur dernièrement, mais mercredi, on doit gagner. Sinon, aussi bien mettre nos mains sur notre tête et nous mordre les doigts en espérant un autre coup de main. Mais non, on doit se prendre en main. »

« Il reste quatre matchs et ça dépend de nous, a répété Ignacio Piatti de façon plus concise. Au classement, on est cinquième avec des avances d’un et deux points sur les autres équipes et le reste dépend de nous. Il faut gagner mercredi pour rester comme ça. »

Avant de se soucier des potentielles conséquences négatives d’un autre échec, les joueurs de l’Impact doivent trouver une façon de trouver leur mojo à domicile. Si on fait abstraction des deux victoires acquises au Stade olympique au début du calendrier, le Bleu-blanc-noir montre une fiche perdante dans ses pantoufles cette saison. Il n’y a glané qu’un point sur une possibilité de douze à ses quatre dernières sorties.

Lundi, Biello a mis en perspective avec beaucoup de justesse la récente défaite à New York en soulignant l’importance de ces points gaspillés.

« Ce n’était pas le résultat qu’on voulait, mais à mon avis c’est un match que tu peux perdre dans la saison. La question n’est pas là. Le problème, ce sont les quatre parties à domicile avant ça. C’est ça qui donne à ce match des allures de mauvaise défaite. »

« [À New York], on a tenu le plan de match et même si on a pris un but, on a revu ce qu’on voyait au début de la saison, soit une équipe soudée, structurée, qui ne donne rien, soutient Patrice Bernier. Et là, je suis pas mal sûr qu’on va amener ça au match de mercredi. Il faut surtout apporter cette unité dans le secteur offensif. En ce moment, on a tendance à vouloir trop en faire individuellement. On a oublié ce qui nous a déjà apporté des buts : le collectif. »

Les propos du capitaine sont le reflet d’un optimisme fragile, mais qui semble sincère dans les rangs tricolores. Tant que le premier sifflet ne s’est fait pas fait entendre, les joueurs de l’Impact continuent de dire les bonnes choses et de travailler avec entrain. Le hic, c’est qu’une fois le match commencé, cette belle attitude prend trop souvent le bord au premier contretemps.

« Ce n’est pas évident [de rester positif], c’est sûr, convient Bernier. On a perdu une couple de matchs et donc on sent que c’est pressant. On n’arrive pas à trouver la bonne recette, mais on est toujours confiant. Dans le vestiaire, on est encore très conscient de ce qu’on doit faire. Le message, c’est de ne pas paniquer. Il faut jouer avec urgence, mais il ne faut pas paniquer. »

« On ne peut pas toujours avoir une gueule d’enterrement, note Oduro. Parfois, il faut briser la glace, sourire, avoir du plaisir. Alors restons calmes, amusons-nous... mais mercredi, on va à la guerre. »

Tout est en place pour une victoire nécessaire des locaux mercredi soir à Saputo. Si cette équipe est réellement sérieuse dans ses prétentions et ses ambitions, il s’agira du seul résultat acceptable.