MONTRÉAL – Hassoun Camara aime les appeler « les aléas du football ». Ce sont ces imprévus, ces malchances, ces éléments extérieurs qui surgissent inévitablement en cours de saison et qui forcent un entraîneur à constamment se creuser les méninges pour apporter les ajustements adéquats à la formation qu’il déploie sur le terrain.

L’Impact n’a pas été épargné par cette réalité cette saison. Ses deux meilleurs défenseurs, lorsqu’ils n’étaient pas partis en sélection, ont souvent joué sur une seule jambe. Quatre milieux de terrain réguliers ont chacun dû passer plus d’un mois sur la liste des blessés. Son attaquant vedette, déjà indisposé à jouer sur les surfaces synthétiques, a dû prendre quelques pauses pour reposer son corps meurtri. Quelques joueurs ont été suspendus, d’autres n’ont pas offert le rendement attendu. 

« Je crois que l’idéal est d’afficher une certaines constance dans les affectations, ça aide assurément, mais ça a été difficile de le faire avec les résultats qu’on a obtenus, constate Harry Shipp, lui-même limité à 17 départs cette saison. On n’a pas vraiment été en mesure de coller des résultats assez satisfaisants pour justifier l’utilisation des mêmes éléments. »

Tous ces facteurs ont forcé Mauro Biello à jongler avec son effectif probablement plus souvent qu’il ne l’aurait souhaité cette saison. Mais avec six matchs à jouer avant le début des séries et un groupe qui apparaît majoritairement en bonne santé, le pilote du onze montréalais a une bonne idée des joueurs avec lesquels il veut aller à la guerre et entend désormais bâtir un XI partant sous le signe de la stabilité.

« Un entraîneur doit toujours apporter des petits ajustements à son alignement, mais on a déjà commencé à voir certains éléments qui ont été mis en place dans une quête de cohésion plutôt que d’expérimentation. [...] Plusieurs joueurs ont eu la chance de gagner leur place. Maintenant, j’ai des décisions à prendre », affirmait Biello à la veille d’un affrontement contre le Revolution de la Nouvelle-Angleterre.

« Ça ne veut pas dire que les gars qui seront sur le banc ne seront pas importants parce qu’on sait que dans un match, il faut bien commencer, mais il faut aussi bien finir, spécifie le coach. Dans cette optique, l’apport des réservistes est crucial. Ils devront être capables de fermer le match ou d’en donner un peu plus au niveau offensif. Je crois que tant que les responsabilités de chacun sont claires, on deviendra plus fort d’ici à la fin de la saison. »

Biello, il est vrai, a déjà commencé à annoncer ses couleurs au cours des dernières semaines. Depuis quatre matchs, Camara est une valeur sûre en défense centrale aux côtés de Laurent Ciman tandis que Donny Toia a retrouvé sa place à l’extrémité droite de la ligne arrière complétée par Ambroise Oyongo. Juste devant la défense, Hernan Bernardello s’est imposé comme un contribuable régulier dans le schéma en 4-2-3-1 privilégié par Biello, dont les propos laissent croire que l’autre place reviendra tant que possible à Marco Donadel.

Le portrait est un peu plus vague en avant. Si le flanc gauche est la propriété d’Ignacio Piatti, on attend toujours d’avoir une idée plus claire sur l’identité de ses partenaires parmi les ténors offensifs du club. Michael Salazar, Dominic Oduro et Lucas Ontivero ont chacun obtenu au moins un départ dans le corridor droit depuis trois semaines, mais aucun des trois ne s’est spectaculairement imposé comme la solution à la position. Et derrière l’attaquant, Kyle Bekker a obtenu deux matchs pour se faire valoir avant qu’on place Patrice Bernier dans ce rôle samedi dernier contre Philadelphie. Là aussi, les intentions de Biello sont difficiles à décrypter.

« Des fois, quand Pat joue comme numéro 10, il a des responsabilités défensives pour gérer le milieu de terrain, mais dans la phase offensive, c’est sûr que ce n’est pas un numéro 10, a laissé tomber le stratège montréalais. C’est plutôt un 6 ou un 8 et ça devient un peu plus difficile pour lui de démontrer ses qualités parce qu’il est dans des espaces réduits. »

Il sera aussi intéressant de surveiller la gestion que fera Biello de ses deux principaux attaquants. Si Matteo Mancosu a obtenu le départ la semaine dernière, il serait étonnant que Didier Drogba doive se contenter d’un rôle de réserviste d’ici la fin de la saison. Où certains pourraient être tentés de crier à la controverse, Biello préfère voir un heureux problème qu’il se fera un plaisir de gérer sur une base hebdomadaire en fonction des caractéristiques de l’adversaire.

« Mancosu amène cette habileté à se faufiler dans les espaces libres et à étirer la défense et c’est un atout dont il peut nous faire profiter autant comme partant que comme réserviste, observe Biello. Il l’a prouvé depuis qu’il est ici et a su s’imposer comme un élément important de cette équipe. »

Quant à Drogba, « il m’a dit qu’il voulait gagner et que peu importe ce qui lui était demandé pour en arriver à ce résultat, il était prêt à le faire », a résumé Biello. 

Une attaque en panne

Parmi les plus prolifiques de l’Association Est en début de saison, l’attaque de l’Impact semble à court de munitions. L’unité n’a produit que sept buts dans les huit derniers matchs de l’équipe et il faut remonter au 23 juillet, au soir de la dégelée de 5-1 servie à l’Union de Philadelphie, pour recenser le dernier match où elle a généré plus d’un but.

Ignacio Piatti, qui pointe maintenant au cinquième rang dans la course au meilleur buteur de la MLS, et Mancosu ont marqué chacun deux fois au cours de cette léthargie collective. Drogba compte autant de buts que Hassoun Camara au cours de cette séquence.

« J’ai le goût de dire qu’on a été un peu malchanceux, défend Biello, qui semble démontrer une patience bipolaire envers le manque d’opportunisme de ses troupes. Même dans le match contre Orlando, je crois qu’on aurait facilement pu marquer cinq buts. [...] On a démontré cette année qu’on était capable de marquer. On traverse une période un peu plus tranquille, mais tant que les chances sont là, je crois que le vent va finir par tourner et qu’on retrouvera notre confiance. »

Le Revolution de la Nouvelle-Angleterre, le prochain visiteur au Stade Saputo, n'a concédé que deux buts à ses quatre derniers matchs de championnat.