MONTRÉAL – On pourrait dire que Daniel Lovitz a redéfini le rôle de remplaçant de luxe depuis son arrivée à Montréal.

En plus des deux départs qu’il a obtenus en MLS, l’Américain de 25 ans a vu son numéro apparaître à cinq reprises sur le tableau électronique du quatrième officiel. On l’a envoyé dans la mêlée avec une avance à protéger autant qu’avec un déficit à combler et les missions qu’on lui a confiées ont été variées. Il a été utilisé comme défenseur latéral, milieu défensif, ailier et a même été appelé en relève à l’attaquant Anthony Jackson-Hamel quand l’Impact s’est retrouvé en pénurie de joueurs à vocation offensive à la fin d’un match contre Vancouver le 29 avril.

Lovitz retire une grande fierté de cette polyvalence qui est devenue sa marque de commerce. « Au début de ma carrière, on ne faisait pas appel à mes services aussi souvent que je l’aurais souhaité, soulignait-il lundi. De me retrouver aujourd’hui dans une position où l’entraîneur me fait signe quand je suis sur le banc et d’être en mesure d’influencer le cours d’un match à ma manière, c’est merveilleux. »

Mais celui qui a passé les trois premières années de sa carrière avec le Toronto FC avoue sans gêne qu’il n’est pas venu à Montréal pour être reconnu comme un homme à tout faire. Il avait fait ses devoirs avant de choisir sa prochaine destination et savait qu’Ambroise Oyongo serait appelé à manquer sa part de matchs pour rejoindre la sélection camerounaise. Son objectif était clair : s’imposer comme la solution incontournable au poste de latéral gauche chez l’Impact.

Daniel LovitzPour l’heure, Lovitz semble avoir gagné son pari. Après la victoire de 1-0 de l’Impact contre les Red Bulls de New York samedi, Oyongo a quitté pour un séjour transatlantique d’un mois au cours duquel il participera notamment à la Coupe des Confédérations. Dépendamment des résultats obtenus par le Cameroun, il pourrait rater jusqu’à sept matchs en club et ne revenir à Montréal qu’à la mi-juillet.

Impossible de prédire quel sera le statut de Lovitz à ce moment, mais voilà ce qu’on sait : à partir de samedi prochain à Kansas City, le poste d’Oyongo sera le sien.

« Je suis très content de ce que Daniel nous apporte jusqu’à maintenant, a affirmé l’entraîneur Mauro Biello. À l’entraînement, il est concentré, travaille toujours sur ce qu’il doit améliorer et il écoute bien. Techniquement, il a un excellent pied gauche et il est très fort au niveau de ses passes et de ses prises de décision. Il amène aussi une agressivité, une intensité pour récupérer le ballon et défendre, ce qui est un atout très important. On l’a mis dans différentes positions et chaque fois, il nous a apporté quelque chose. Il traverse un bon moment et il aura maintenant l’opportunité de jouer plusieurs matchs consécutifs, mais je pense qu’il a tout fait pour être prêt pour ça. »

À plus long terme, Oyongo apparaît comme un indélogeable dans le groupe de partants de l’Impact. Le même constat aurait toutefois pu être fait à propos de Victor Cabrera et Hassoun Camara avant que Kyle Fisher ne se rende indispensable pendant leurs absences respectives. L’ascension rapide de son jeune coéquipier prouve à Lovitz qu’il a le pouvoir de transformer sa promotion temporaire en une situation permanente.

« Fisher a su faire de l’excellent boulot parce qu’il s’était préparé en conséquence et je crois pouvoir en dire autant. C’est une opportunité pour laquelle je suis prêt et que je crois mériter. Je suis prêt à laisser tout ce que j’ai sur le terrain pour le prouver au cours du prochain mois. »

Camara vit l’inverse avec classe

Contrairement à Lovitz, Hassoun Camara goûte au côté moins rose de la compétition interne. Le défenseur de l’année chez l’Impact en 2016 a débuté l’année comme une valeur sûre sur la ligne arrière, mais des blessures l’ont empêché de cimenter une place qu’il doit à présent bûcher pour regagner.

D’autres se seraient peut-être laissé gagner par l’amertume et la jalousie. Camara, lui, a servi une remarquable preuve d’humilité et de leadership lundi en admettant, sans même avoir été questionné à ce sujet, que l’Impact était présentement mieux servi avec Fisher qu’avec lui en défense centrale.

« Pour être très franc, l’association entre moi et Laurent était difficile et pas très complémentaire je pense », a soulevé le Français lorsqu’on lui a demandé si le rendement défensif de l’équipe commençait à s’approcher du niveau souhaité après avoir réussi deux jeux blancs à ses quatre dernières parties en MLS.

« Parce qu’on a chacun l’envie de jouer et de relancer, il manquait peut-être un peu d’impact en défense centrale, a offert le vétéran en guise d’hypothèse. C’est ce qui faisait un peu notre défaut. Le fait d’avoir placé un garçon comme Fisher aux côtés de Laurent, c’est la meilleure solution parce que ça amène de l’énergie, ça amène une bonne complémentarité et ça amène aussi à Laurent la possibilité d’être le premier relanceur et d’avoir un certain confort dans son idée. »

La déclaration surprenait par sa franchise, mais aussi parce qu’elle venait contredire la vision de son entraîneur. En effet, Biello a déjà déclaré que parmi les éléments à sa disposition, Ciman et Camara formaient la paire la plus compatible en défense centrale. Mais aux yeux de Camara, les trois matchs pour lesquels ils ont été réunis – à San Jose, Los Angeles et Philadelphie – ont suffi pour déboulonner la théorie.

« Ça reste un avis, moi je vous donne le mien. Et ça reste que ce n’était pas trop mal. C’était des matchs difficiles que j’ai joués avec Laurent, des matchs à l’extérieur où on a quand même récolté des points. Mais à la fin, il faut s’asseoir et faire en sorte que chacun ressorte le meilleur de ses qualités. »

Ne comptez donc pas sur Camara pour faire des vagues pendant que son jeune coéquipier aligne les bonnes performances. En incluant le match retour de la demi-finale du Championnat canadien, l’Impact montre une fiche de 4-2 avec Fisher comme titulaire et tant que le succès collera à la peau du kid, le doyen de la brigade attendra la prochaine occasion sans rechigner.

« Je ne sais même pas si je jouerai [samedi à Kansas City], si je jouerai à droite. Je suis vraiment concentré pour travailler physiquement et retrouver le top de ma forme. En ce moment, il n’y a vraiment pas de souci. J’aide l’équipe au maximum pour motiver les gars à faire un bon match samedi et j’espère que ça se passera bien. Il n’y a vraiment aucun problème là-dessus », assure Camara.