MONTRÉAL – Devant l’imminence du retour d’Ambroise Oyongo à Montréal, Hassoun Camara se prépare au pire.

« Ah oui, oui, oui! Ambroise, il va nous fatiguer! », anticipait Camara, rieur, dans un coin du Stade olympique lundi midi.

La veille, le vétéran défenseur de l’Impact s’était installé devant son écran pour voir son jeune coéquipier participer au triomphe du Cameroun à la Coupe d’Afrique des Nations. Les Lions Indomptables ont été couronnés en défaisant l’Égypte 2-1 en grande finale, complétant un parcours de rêve auquel le numéro 2 de l’Impact a activement participé. Excusé du début du camp d’entraînement montréalais pour prendre part au tournoi, Oyongo a été titularisé à la position de défenseur latéral gauche pour les six matchs de son équipe nationale.

« J’ai vécu de grosses émotions parce qu’Ambroise, c’est comme un petit frère et de le voir triompher au plus haut niveau du football mondial, c’est extraordinaire pour lui, il le mérite, se réjouissait Camara. Maintenant, champion d’Afrique, ça demande le respect et je pense qu’il va demander le respect dans le vestiaire. Alors voilà, on va le respecter comme il se doit. »

Camara dit avoir été impressionné par l’aplomb démontré par Oyongo au cours de cette importante compétition continentale.

« En tant que latéral gauche, je n’ai pas vu beaucoup de joueurs beaucoup plus forts que lui. Pour moi, c’est un joueur de classe mondiale et en toute objectivité, il a sa place dans beaucoup d’équipes européennes. Franchement, je ne lui souhaite que le meilleur parce qu’à la fin, le talent doit être récompensé et il est juste à son niveau au top. »

Il n’y a pas qu’à Montréal que la qualité du jeu d’Oyongo sur la scène internationale a ouvert des yeux. Le défenseur de 25 ans n’a jamais caché son ambition de faire carrière en Europe et plus que jamais, l’intérêt semble réciproque sur le Vieux Continent. La semaine dernière, le site Kan Football Club rapportait que le Dijon FCO avait offert 700 000$ à l’Impact pour le transfert du joueur convoité. L’Impact aurait répondu qu’il n’était pas intéressé à se départir de ses services pour une somme inférieure à 2 M$.

Le contrat qui lie Oyongo à l’Impact est encore valide pour un an. La question n’est plus de savoir s’il partira, mais bien à quel moment sera officialisé son changement d’adresse.

« Oui et non, a répondu Camara quand on lui a demandé s’il craignait que les récentes performances de son coéquipier précipite son départ de Montréal. Ambroise est un ami, donc c’est toujours bien d’être près de lui. Mais quand on sait qu’un joueur comme lui peut atteindre les plus grands sommets, c’est bien pour lui personnellement. Alors voilà, s’il s’éclate ici avec nous et qu’il trouve le bon compromis, c’est top pour nous, pour les spectateurs, pour l’équipe. S’il est amené à aller ailleurs, ce sera sa décision et celle du club. »

Bonne influence

À court terme, l’Impact ne peut que bénéficier de l’expérience que ramènera Oyongo dans ses bagages. Camara croit qu’un tel succès servira automatiquement d’inspiration aux jeunes qui rêvent de connaître un parcours similaire.

« Avoir des éléments qui jouent en équipe nationale, à l’instar de Laurent Ciman quand on le voit jouer avec de très grands joueurs, c’est toujours inspirant. Ambroise va revenir avec une grosse expérience. Vous voyez non seulement les joueurs avec qui il jouait, mais surtout ceux qu’il côtoyait autour de la sélection. D’être assis aux côtés de Samuel Eto’o et de Roger Milla, d’être en contact avec ces grands joueurs, c’est extraordinaire. Alors qu’il ramène ce vécu et le partage auprès des jeunes surtout - j’insiste, mais c’est ce dont l’équipe a besoin. »

« Durant ce voyage qu’il a eu avec cette équipe, plein de choses lui sont arrivées, c’est sûr, et qu’il puisse maintenant transmettre ces expériences, c’est important, approuvait l’entraîneur Mauro Biello. Il est proche de plusieurs joueurs et je sais qu’ils se sont déjà parlé. C’est sûr que ça va nous aider. »

« Ça n’arrive pas tous les jours d’avoir un champion d’une coupe dans le vestiaire, alors en espérant qu’il transportera cet état d’esprit ici, a ajouté Patrice Bernier. J’espère qu’il ne restera pas trop dans la fête parce que je sais que c’est quand même tout un événement là-bas! Mais sérieusement, je suis très content pour lui et très fier. »

À quand le retour?

Après avoir écoulé les deux premières semaines de son camp d’entraînement à Orlando, l’Impact passera la semaine à Montréal avant de reprendre la route de la Floride mardi prochain. Si Biello est resté évasif quand on lui demandé si Oyongo rejoindrait ses coéquipiers au Québec où à St. Petersburg, le principal intéressé semble déjà avoir reçu des directives assez claires. Dans une entrevue publiée sur le site officiel de la FIFA, il a déclaré qu’il n’était pas attendu avant le 15 février.

« On va voir, s’est contenté de dire Biello. Mais je veux lui donner quelques journées aussi parce qu’il a joué tous ces matchs et géré toute cette pression. C’est un gars en forme, je pense qu’il peut courir toute la journée, mais quand même, il faut bien le gérer pour qu’il revienne prêt pour nous aider. »

Parlant de gestion, Biello avait donné congé d’entraînement aux vétérans Laurent Ciman et Marco Donadel lundi. Par expérience, l’entraîneur se méfie des effets néfastes du changement de surface entre le gazon naturel de la Floride et la surface synthétique du Stade olympique.

« C’est quelque chose qu’on a vécu l’année dernière et qui nous avait donné certains problèmes au niveau des blessures, alors on veut faire attention, a expliqué Biello. Rien de grave, c’est simplement préventif. On va les réintégrer de façon progressive. »

Le défenseur Anthony Wallace, un joueur invité qui tente de se tailler un poste permanent au sein de la formation de l’Impact, brillait lui aussi par son absence, mais Biello a assuré qu’il était toujours dans les plans de l’équipe. Il devait régler des dossiers personnels et sera de retour sur le terrain mardi.