MONTRÉAL – Aux départs de Justin Mapp et Dilly Duka et à l’absence prolongée à laquelle fait face Andrés Romero, le personnel technique de l’Impact a répondu par l’embauche d’un seul nouveau milieu de terrain au cours de l’entre-saison.

Son nom est Lucas Ontivero, un Argentin de 21 ans obtenu sous forme de prêt du club turc Galatasaray. Son parcours n’est pas banal. Parti de la maison à l’âge de 9 ans, il a quitté son pays natal deux ans plus tard pour amorcer son cheminement dans les académies de clubs réputés du Mexique, d’Angleterre, d’Espagne et d’Italie. À l’aube de la majorité, Ontivero est rentré au bercail pour joindre les rangs du Club Atlético Independiente. Il a ensuite déménagé en Uruguay et à 19 ans, il est retourné tenter sa chance de l’autre côté de l’Atlantique.

Arrivé à Montréal en fin de semaine dernière après avoir rejoint ses nouveaux coéquipiers en Floride, Ontivero raconte qu’une opportunité d’aller jouer à Bologne s’est présentée au cours des derniers mois, mais que la présence d’un autre joueur en milieu de terrain lui bloquait la voie et que devant ce constat, le propriétaire du club, un certain Joey Saputo, lui a proposé d’aller aider son autre équipe en MLS.  

L’entraîneur-chef du onze montréalais, Mauro Biello, le décrit comme « un joueur de grand talent, dynamique, capable d’aller à un contre un, qui a une excellente frappe et qui peut déséquilibrer l’adversaire avec le dribble ».

Biello ne tardera probablement pas à donner à Ontivero toutes les chances de lui donner raison. À moins qu’il connaisse un camp d’entraînement désastreux ou qu’il soit frappé par la malchance, on suppose que le petit gaucher sera la première option de l’entraîneur sur l’aile droite, possiblement dans un schéma 4-3-3, dès le début de la saison régulière, le 6 mars à Vancouver.

Mais pour l’instant, Ontivero arrive au Québec avec plus de questions que de réponses.

Pourquoi, par exemple, ce « grand » nomade, qui vient de s’engager à Montréal pour la prochaine année, en est-il à son cinquième club en deux ans? Comment se fait-il que, pendant cette période, il soit passé de la Turquie à la Hongrie à la Slovénie sans jamais rester au même endroit pendant plus de cinq mois?

« C’était très difficile parce que je n’aimais pas la ville, explique-t-il au sujet d’Istanbul, sa ville d’adoption intermittente en Europe. Aussi, c’était compliqué parce que je ne me suis jamais retrouvé avec un autre joueur latin et c’était difficile de créer des liens. »

Ses nouveaux patrons doivent espérer que la présence d’Ignacio Piatti et Victor Cabrera résolve ce problème. D’ailleurs, une petite visite sur le compte Twitter d’Ontivero permet de croire que les trois compatriotes s’entendent déjà à merveille.

« Nacho et Victor m’aident beaucoup parce que je ne parle ni français ni anglais. Ça facilite beaucoup mon adaptation », confirme le natif de Catamarca, qui a aussi côtoyé Didier Drogba au Galatasaray.

Mais on ne pourra jamais reprocher à Ontivero de ne pas vivre dans le moment présent. Quand on lui demande s’il voit cette nouvelle opportunité comme un tremplin vers de plus verts pâturages ou une belle occasion d’enfin poser ses valises, le voyageur évite de se commettre.

« En vérité, je désire avant tout faire une bonne saison. Ensuite, je penserai au futur, à savoir si je reste ici ou si je vais avec un autre club. »

Dans les petits pots…

Il y a aussi la taille du petit nouveau qui soulève quelques doutes. Le nouveau numéro 32 de l’Impact mesure 5 pieds 6 pouces et est répertorié à 142 livres par le site internet officiel de l’équipe.

Même si la MLS est reconnue comme un circuit exigeant physiquement, Ontivero ne s’attend pas à devoir traverser la période d’adaptation qui est le lot de tant de joueurs internationaux qui arrivent en Amérique du Nord.

« Le soccer est un sport cérébral pour moi. Pendant une partie, je suis toujours en train de penser. Si je ne m’énerve pas trop et que je garde cette mentalité, tout va bien aller. »

Ontivero dit avoir souvent vu jouer Sebastian Giovinco, le chiquito de Toronto, qui a remporté le titre de joueur par excellence de la MLS à sa première année dans la Ville Reine la saison dernière. « C’est un exemple! », clame-t-il d’un ton qui se veut rassurant.

Plus réaliste, Biello s’attend à ce que son diminutif milieu offensif ressente pendant un certain temps les contrecoups de son plus récent déménagement.

« Comme n’importe quel joueur qui vient de l’étranger, il devra s’habituer à de nouveaux coéquipiers, de nouveaux entraîneurs, une nouvelle façon de jouer. On veut le voir franchir les étapes une à la fois. On va l’aider et le guider pour qu’il devienne un joueur très utile pour nous. »