MONTRÉAL – Après la première journée du camp d’entraînement, Mauro Biello en avait vu assez pour livrer une évaluation élogieuse de Kyle Fisher, le choix de première ronde de l’Impact au plus récent repêchage de la MLS.

« Dès que je l’ai vu, il m’a donné l’impression qu’il était ici depuis cinq ans déjà », a dit l’entraîneur-chef montréalais lundi après avoir dirigé sa première séance de l’année sur la pelouse artificielle du Stade olympique.

Fisher était la seule des nouvelles recrues de l’Impact qui avait fait le voyage à Montréal pour l’ouverture du camp. Les attaquants Michael Salazar et Keegan Smith ainsi que le milieu de terrain Eric Verso devaient rejoindre l’équipe à Orlando, en Floride, mercredi.

« Il parlait et communiquait déjà comme un vétéran, a remarqué Biello. C’est un bon début pour lui. On voit des choses qu’on a vues au Combine et qu’on a suivies durant sa dernière saison universitaire. C’est sûr qu’il peut nous amener quelque chose. »

« C’est tout ce qu’on peut demander à un gars qui arrive pour sa première semaine d’ouvrage : être à l’aise et croire en lui et en ses capacités. C’est assurément ce que j’ai vu en lui », renchérissait le gardien Evan Bush.

« C’est un bon joueur, a approuvé Laurent Ciman. Il faut lui laisser le temps de s’incorporer à l’équipe et à notre façon de jouer, mais c’est sûr qu’il a des qualités, sinon il ne serait pas là. C’est un chouette mec en tout cas. Il reste dans son coin pour le moment, mais le fait qu’on parte en stage, ça va lui faire du bien. Ça a l’air d’être un chic type et il a envie de jouer. »

Ciman apparaît logiquement comme le mentor idéal pour Fisher, un défenseur central issu du programme de l’Université Clemson. Pendant que le Belge était élu défenseur par excellence du circuit à sa première saison en MLS, son nouveau dauphin héritait du titre de joueur défensif de l’année de l’Atlantic Coast Conference (ACC).

Fisher avait bien fait ses devoirs avant le jour du repêchage. Dès qu’il a entendu le commissaire Don Garber faire l’annonce de son union avec l’Impact, il a su qu’il aurait l’occasion d’apprendre son métier de l’un des piliers défensifs de la MLS.

« Je le connaissais bien et j’étais très enthousiaste à l’idée de jouer avec lui. C’est un gars d’une stature similaire à la mienne, un excellent joueur de qui je pourrai beaucoup apprendre. »

Cocapitaine de son club à sa dernière saison chez les amateurs, Fisher ne manque pas de confiance en ses moyens. Il a beau n’avoir que 21 ans, il croit fermement pouvoir contribuer aux succès de sa nouvelle équipe grâce à son leadership.

« Même si je suis jeune, je peux rehausser la compétition chaque jour et faire en sorte que les gars se dépassent à l’entraînement, en espérant que ça me permette éventuellement de me tailler une place au sein de la formation. Si j’arrive ici et que je travaille fort, tout le monde en sortira gagnant. »

Depuis son arrivée en MLS, l’Impact n’a toujours pas su profiter de la première ronde du repêchage amateur pour mettre la main sur un joueur d’envergure. Andrew Wenger a été échangé après un peu plus de deux saisons dans un rôle confus, Blake Smith a été libéré avant d’obtenir un seul départ avec la première équipe, Eric Miller est enfoui quelque part dans la profondeur du rempart défensif et Romario Williams, le troisième choix au total de l’encan 2015, semble coincé au bas de l’échelle dans la hiérarchie des attaquants de l’équipe.   

Fisher saura-t-il briser cette tendance? Biello s’attend à tout le moins à pouvoir donner des minutes à sa recrue dans le courant de la prochaine saison. « C’est un gars qui peut grandir ici et même donner des minutes », a laissé planer le coach.

De la Caroline du Sud au Canada

Le personnel de l’Impact semblait avoir un intérêt marqué pour Kyle Fisher à l’approche du repêchage.

Dans une vidéo mise en ligne par le département multimédia du club cette semaine, il est possible d’entendre les débats entre le directeur technique Adam Braz, le vice-président aux relations internationales Nick De Santis, Biello et ses adjoints dans le quartier général de l’équipe alors que le processus de sélection bat son plein. « Vous voyez, ces gars-là n’ont pas pris le meilleur joueur disponible, ils y vont par position », fait remarquer Biello quand l’Union de Philadelphie choisit le défenseur Keegan Rosenberry avec le troisième choix de la première ronde.  

« Les gars, Fisher sera là. Est-ce qu’on le prend? », prédit ensuite Biello, qui a finalement pu avoir son homme quand le droit de parole de l’Impact est arrivé, au 14e rang.

Une bonne attaque commence par une bonne défense

Fisher a vu la vidéo à son arrivée à Montréal et s’est dit flatté d’être convoité de la sorte. « J’avais eu une rencontre avec les gens de l’Impact à la journée d’évaluation qui précédait le repêchage. J’avais vraiment aimé l’expérience et je crois que j’avais laissé une bonne impression. J’étais vraiment heureux qu’ils m’aient choisi. »

Fisher est né et a grandi en Caroline du Sud, une région des États-Unis où les gens sont passionnés de football universitaire et de course automobile, pas de soccer. Mais le nouveau numéro 26 de l’Impact, qui est aussi un grand amateur de basketball, a été initié au ballon rond à un jeune âge par son père. « Je suis rapidement tombé en amour avec le sport », raconte-t-il.

Aujourd’hui, à peine majeur, sa passion l’amène de l’autre côté de la frontière, dans un milieu où sa capacité d’adaptation sera rapidement mise à l’épreuve. Les deux partants de l’Impact à sa position, Ciman et l’Argentin Victor Cabrera, ne s’expriment que très approximativement en anglais et avec la présence d’Ambroise Oyongo, Hassoun Camara et Maxim Tissot sur la ligne arrière, le français est la langue dominante de l’unité.

« Il n’y pas de meilleure manière d’élargir ses horizons que d’apprendre le français à un moment donné. J’en parlais avec Cameron Porter, il a acheté un logiciel Rosetta Stone et prévoit donner sa première entrevue en français. J’espère pouvoir en faire tout autant. »