MONTRÉAL – Le consensus général veut qu’Evan Bush ait retrouvé ses moyens depuis trois matchs devant le filet de l’Impact. Mais pour ce faire, encore faudrait-il qu’il les ait perdus en cours de route, une théorie à laquelle le vétéran gardien n’est pas nécessairement prêt à adhérer.

Bush, c’est vrai, est sensationnel depuis la performance conservatrice livrée par l’Impact sur le terrain des Red Bulls de New York à la fin septembre. Son arrêt sur un tir de pénalité de Chris Wondolowski contre les Earthquakes de San Jose a probablement sauvé la saison de son équipe et la semaine dernière, la justesse de ses réflexes a permis aux siens de ramener trois précieux points d’Orlando.  

Mais s’il admet que le niveau de son jeu a probablement monté d’un ou deux crans dernièrement, le cerbère de 30 ans ne croit pas avoir connu une saison particulièrement difficile.

« Toute ces histoires à propos d’individualités qui ont traversé des léthargies, je crois que ça a été un peu exagéré. À mon avis, le problème était surtout au niveau du collectif », a argumenté Bush après l’entraînement de vendredi.

« C’est évident que si vous vous attardez au nombre de buts qu’on a accordés, la position de gardien de but devient une cible facile. Et si c’est ce que les gens veulent faire, je suis correct avec ça. Mais pendant tout ce temps, je savais qu’on en arriverait où on est aujourd’hui et c’est pour ça que je me préparais. C’est le moment de la saison que je préfère. »

Les statistiques de Bush ne sont pas à la hauteur de celles qu’il avait affichées la saison dernière. Avec sensiblement le même nombre de minutes jouées, le portier de l’Ohio a déjà concédé six buts de plus et avec seulement deux matchs à jouer, ses sommets personnels de quinze victoires et neuf jeux blancs sont hors de portée.  

Bush jure toutefois n’accorder aucune attention à ce genre de données.

« Les chiffres d’un gardien sont directement reliés à la qualité du jeu collectif devant lui. Si vous êtes bombardé de tirs à bout portant, vous n’en arrêterez probablement pas une tonne. Si les tirs que vous recevez sont décochés sur une distance de 25 mètres, vous en arrêterez probablement plus. Et puis prenez par exemple le cas du gardien d’Orlando. À un certain moment, il dominait la Ligue au chapitre des arrêts, mais ça ne veut pas dire grand-chose parce que son équipe n’a que sept victoires. »

« Je sais que les amateurs regardent les chiffres et peuvent leur faire dire ce qu’ils veulent, mais je crois que plusieurs de mes confrères seraient d’accord pour dire que l’interprétation des statistiques des gardiens est un peu biaisée », conclut Bush.

Le gardien de l’Impact est toutefois lui aussi capable de faire dire ce qu’il veut aux chiffres. Au début de la saison, après une victoire de 3-0 aux dépens des Red Bulls au Stade olympique, Bush avait admis s’être fixé l’ambitieux objectif de réussir douze blanchissages en 2016. Quand on lui souligne qu’avec seulement six « 0 » au compteur, sa prédiction est déjà tombée à l’eau, il sourit et semble prendre le calcul pour un défi.

« Peut-être que c’est encore possible », rectifie-t-il en sous-entendant qu’une longue percée en séries éliminatoires pourrait lui permettre d’y arriver.

« C’est normal de se fixer des buts. Parfois on les atteint, d’autres fois non, poursuit Bush sur un ton plus sérieux. Douze blanchissages, ça nous aurait placés au sommet de la Ligue et ça aurait été super, mais je crois que nos insuccès en cours de saison ont provoqué une introspection qui était nécessaire. On a dû travailler pour trouver notre identité et si on n’avait pas autant douté, on n’aurait pas autant travaillé à chercher des réponses. Parfois, le scénario idéal est parsemé de moments difficiles. »

Mancosu au ralenti

C’est avec un effectif réduit que l’Impact s’est prêté à un entraînement sous le signe de la légèreté, vendredi.

Blessé à une cuisse, Donny Toia a participé à l’échauffement collectif avant de se retirer pour travailler en privé avec le préparateur physique Yannick Girard. Kyle Bekker et Amadou Dia se sont quant à eux contentés de faire quelques pas de course en marge du groupe.

L’absence la plus inquiétante est peut-être celle de l’attaquant Matteo Mancosu, qui a effectué un bref jogging sur la pelouse du Centre Nutrilait avant de retourner entre les murs de la Caserne Letourneux. L’Italien avait été ralenti par des raideurs au dos avant le match du 24 septembre à New York, mais ses maux ne l’ont jusqu’ici pas tenu à l’écart des terrains.

Cinq joueurs manquaient toujours à l’appel en raison de leur convocation en équipe nationale : Johan Venegas (Costa Rica), Michael Salazar (Belize), Laurent Ciman (Belgique), Ambroise Oyongo (Cameroun) et Anthony Jackson-Hamel (Canada).