MONTRÉAL - Si, comme Laurent Ciman, vous en avez plus qu’assez d’entendre parler des problèmes de l’Impact sur les séquences de jeu arrêtées, n’allez pas plus loin. Ce texte pourrait provoquer l’apparition d’effets secondaires dont on ne voudrait être tenu responsable.

Pour les autres, voici une mise à jour d’un vieux problème qu’on tarde à résoudre chez le onze montréalais.

L’Impact se dirigeait vers sa première victoire de la saison au Stade Saputo, samedi, quand il s’est figé dans un moment de flottement sur un long coup franc de Shkelzen Gashi. Didier Drogba, qui, il faut le noter, s’avère d’une aide inestimable dans cette facette du jeu depuis son retour au jeu, a mal synchronisé son intervention aérienne. Derrière, Wandrille Lefèvre était prêt à dégager, mais il a été devancé par le défenseur Axel Sjoberg, qui fonçait dans la surface comme un homme possédé. Un bond chanceux et le ballon s’est retrouvé aux pieds d’un autre défenseur, Bobby Burling, qui s’est facilement imposé devant Patrice Bernier.

Tout ça a mené au but égalisateur des Rapids du Colorado, qui ont éventuellement quitté la ville avec un point en poche. Si on compte le penalty converti par Sebastian Giovinco une semaine plus tôt, il s’agissait du sixième but accordé par l’Impact sur séquence de jeu arrêtée depuis le début de la saison. Sur un total de onze, on serait porté à croire que c’est une proportion problématique.

« Je ne crois pas que c’est une hémorragie, soutenait toutefois Mauro Biello mardi. Dans la ligue, si tu regardes les statistiques, il y a beaucoup de buts qui sont comptés dans ces circonstances. »

Biello, bien sûr, ne parle pas à travers son chapeau. Tenez, prenez seulement les matchs qui se déroulaient en même temps que celui de l’Impact en fin de semaine. Vous avez vu le deuxième but de David Villa? Bien sûr, le service d’Andrea Pirlo était d’une précision chirurgicale et le ciseau à la volée de l’Espagnol était superbe, mais il a fallu que deux joueurs des Whitecaps de Vancouver se laissent contenir par un seul adversaire pour que le goleador du New York City FC se retrouve en solitaire dans une zone aussi critique.

Et vous ne pensez pas que la défensive des Earthquakes de San Jose s’en voulait d’avoir laissé un fin renard comme Chris Pontius échapper trop facilement à la surveillance de son couvreur?

Bref, le problème n’est pas unique à l’Impact. Mais ça ne le rend pas moins irritant.

« Pour moi, c’est une mentalité, explique Biello, loin de nier l’existence d’une carence au sein de ses troupes. Il faut avoir cet esprit pessimiste quand on défend, il faut s’attendre au pire. Ça commence avec ça et ensuite, c’est la répétition à l’entraînement, du travail. Il faut lire la trajectoire du ballon, avoir la bonne position devant ton homme et aussi la conviction que tu vas gagner cette balle. Toutes ces choses entrent dans la formule pour mieux défendre. »

« La solution est dans le travail, acquiesce Bernier. Toutes les équipes dans cette ligue ont un défaut, une faille. Nous, on sait que dans les actions de jeu, c’est rare qu’on prend des buts. Mais ça, c’est une partie de notre jeu qui n’est pas parfaite. On est encore loin d’être une équipe parfaite. Mais on va travailler là-dessus, on va répéter jusqu’à ce que ce soit dans notre ADN, jusqu’à ce que ce soit quelque chose dont on n’ait plus à parler. »

Le Crew, un adversaire problématique

Un argument revient régulièrement à la bouche de ceux qui tentent de se faire l’avocat du diable dans ce procès. On aime répéter que l’Impact forme une petite équipe, qu’elle ne compte pas sur des joueurs du gabarit de Kendall Waston, à Vancouver, ou encore Kei Kamara, à Columbus.

Celle-là, Ciman semble l’avoir assez entendue. « Il faut juste se concentrer et aller au ballon, peu importe la taille », a plaidé le défenseur belge avec sa franchise habituelle samedi soir.

Mardi, Ciman a trouvé un autre allié dans le groupe de leaders de l’équipe. Pour le capitaine non plus, cette excuse ne tient plus la route.

« C’est sûr qu’il y a des équipes plus costaudes, mais comme je l’ai dit auparavant, j’ai déjà vu des petits gars marquer des joueurs beaucoup plus grands qui n’ont pas passé. Ça devient une attitude, une mentalité, avance Bernier. Quand tu arrives dans une situation comme celle où on menait 2-1, tu dois tout donner. Sans tomber dans l’illégalité, il faut faire des blocs et être alerte parce que le ballon peut rebondir dans les deux sens. Il faut juste être plus alerte. Même si on n’a pas la taille, il y d’autres équipes dans la ligue qui sont aussi petites que nous et qui n’accordent pas de but. »

Le match de samedi contre le Crew de Columbus sera une bonne occasion pour les Bleus de passer de la parole aux actes et d’afficher cette attitude que Biello tente de leur transmettre. En plus de Kamara, l’équipe qui a éliminé l’Impact lors des séries éliminatoires de l’automne dernier compte dans ses rangs le milieu de terrain camerounais de 6 pieds 4 pouces Tony Tchani et l’imposant défenseur central argentin Gaston Sauro, répertorié à 6 pieds 3 pouces.

Sauro s’est blessé à une cuisse le 9 avril lors de la visite du Crew à Montréal et a raté les trois derniers matchs des siens, mais selon le Columbus Dispatch, il devrait être en mesure de reprendre son poste lors du match revanche au Mapfre Stadium. La rencontre sera présentée sur les ondes de RDS.