Bakary Soumare a demandé à être échangé
Impact mercredi, 15 juil. 2015. 21:07 jeudi, 12 déc. 2024. 22:58MONTRÉAL – À Montréal ou ailleurs, Bakary Soumare veut jouer. Mécontent de son utilisation depuis un mois et demi, le grand défenseur central a confirmé avoir rencontré la direction de l’Impact pour demander un changement de décor.
« Je leur ai dit que je ne serais pas contre un départ, la possibilité d’aller voir ailleurs si c’est possible », a déclaré Soumare mercredi, exposant calmement sa version des faits 24 heures après que RDS ait fait mention d’un divorce imminent entre le Malien et le club montréalais.
Utilisé à souhait lors du parcours de l’Impact en Ligue des champions et titularisé dans sept des huit premiers matchs de la saison en MLS, Soumare est confiné à un rôle secondaire depuis sa contre-performance du 30 mai à Chicago. D’abord remplacé par Wandrille Lefèvre, ensuite par Victor Cabrera, il n’a débuté que deux des huit dernières parties de l’équipe.
« J’ai envie de jouer, vous savez? Je ne sais pas combien de temps je vais jouer encore. C’est peut-être ma dernière année, peut-être une année de plus, je ne le sais pas encore. Mais j'ai envie de jouer. C’est vrai qu’ici c’est un peu en dents de scie. J’ai eu de bonnes performances et d’autres un peu moins bonnes, je le concède. Mais s’il arrive un moment où je pense qu’on n’a plus vraiment besoin de moi ou que je ne fais plus partie des plans du club, vaut mieux aller voir ailleurs. »
Soumare s’était amené à Montréal en décembre par le biais du repêchage intra-ligue de la MLS.
« Je ne suis pas venu pour un contrat, je ne suis pas venu pour qu’on parle de moi. Je suis venu pour jouer au football. À partir du moment où je ne joue plus régulièrement, pourquoi ne pas aller voir ailleurs pour jouer au foot? Je ne suis là que pour ça! Je ne fais rien ici. Je me réveille le matin, je vais à l’entraînement, je rentre chez moi, je dors et je ne fais rien jusqu’au lendemain pour venir à l’entraînement. Et je joue les matchs. Si je ne peux pas faire ce que je suis venu ici pour faire, je vais aller voir ailleurs. »
Confirmant que l’entraîneur Frank Klopas et lui avaient eu un entretien privé avec leur joueur mécontent en début de semaine, le directeur technique de l'Impact, Adam Braz, a affirmé qu'il essaierait d'exaucer le souhait de Soumare avant la fermeture de la fenêtre des transferts le 6 août. « On va essayer de faire un échange et de le laisser partir à une autre équipe », a dit l'ancien joueur devenu gestionnaire, ajoutant plus tard qu’il avait « envoyé des courriels et des textos. Mon téléphone est ouvert 24 heures sur 24, sept jours sur sept. J’attends des nouvelles. »
Braz s'est également dit satisfait de la profondeur dont bénéficie l'Impact à la position de défenseur central et ne croit pas qu'il sera nécessaire d'obtenir de renfort immédiat dans une éventuelle transaction.
« Si Baky part, il y a aussi Hassoun (Camara) qui peut joueur comme arrière central et on a confiance en nos quatre joueurs à cette position », assure Braz, faisant référence à Lefèvre, Cabrera et à l'indélogeable Laurent Ciman. Camara, qui est à l'écart depuis la fin avril en raison d'une blessure à un genou droit subie dans le match aller de la finale de la Ligue des champions, est de retour à l'entraînement complet depuis une semaine et s'approche d'un retour au jeu.
« Je sais que la pelouse n’est pas toujours plus verte chez le voisin, mais... on verra bien, lance quant à lui Soumare. Rien n’est dit que ça va se faire, hein! Je suis encore là, je me suis entraîné ce matin et on verra. Peut-être que ça va se faire, peut-être que ça ne se fera pas. Si ça se fait, tant mieux. Si ça ne se fait pas, je serai là jusqu’à la fin de la saison. »
Un malaise évident
Conscient qu’il n’est pas sans reproche sur le terrain, Soumare s’est toutefois dit las de ce qu’il décrit comme la business du foot. Celui qui entretient une amitié de longue date avec Klopas a même osé des propos qui se dressent comme un autre indice d’un clivage évident au sein de l’organisation dirigée par Joey Saputo.
« Au niveau de la direction et du club, jamais une fois on m’a parlé de football. Jamais on m’a dit ‘Baky, on n’est pas content de tes performances’. Rien, rien. Mais je l’ai entendu par des intermédiaires, ouais... »
« Vous savez dans ce club-là, il y a plein de trucs qui ne viennent pas directement, a-t-il poursuivi en poussant un long soupir. Ça vient des oreilles des autres, vous l’entendez à droite et à gauche, mais personne n’est venu me voir directement. »
Soumare s’est également permis de lancer une flèche vers Braz qui, quelques minutes plus tôt, avait mentionné vouloir compter sur « des joueurs qui veulent être ici, qui veulent se battre pour l’équipe. »
« Adam peut dire ce qu’il veut, a répliqué le vétéran de 29 ans dans une réponse entrecoupée de brèves hésitations. Il y a des joueurs qui n’avaient pas envie d’être ici, mais on les a forcés à être ici. Qu’il arrête avec ses conneries, ça suffit. C’est vrai que des fois, il faut mettre le pied sur le frein. Il faut qu’il arrête avec ça. »
« Moi je préfère les gens qui sont honnêtes, avec qui c’est clair. Pour que les choses se passent bien, soyons honnêtes. Pour le reste, les histoires, ça suffit, vous en avez assez entendu. Vous savez comment ça se passe dans ce club de toute manière. »
Pas de distraction
Surpris de la décision de Soumare, Klopas a dit ne pas s’inquiéter des vagues que pourrait créer le mécontentement de son vieux complice dans l’entourage de l’équipe.
« Ce n’est qu’un exemple du genre de petites choses qui peuvent faire surface au cours d’une saison. Parfois, d’autres histoires surviennent pendant que vous n’êtes pas ici, alors personne n’en entend parler, a tenté de désamorcer l’entraîneur lors de sa rencontre avec les journalistes. C’est un cas qu’on doit gérer, mais à mes yeux ce n’est pas un gros problème. On en discute, on le règle et on passe à autre chose. »
Conscient de la nature publique de sa relation privilégiée avec Soumare, qu’il avait dirigé avec le Fire de Chicago avant de l’attirer dans le giron de l’Impact, Klopas a tenu à clarifier que jamais le numéro 5 n’avait profité d’un statut particulier pour obtenir du temps de jeu.
« J’essaie toujours de prendre mes décisions dans les meilleurs intérêts de l’équipe, peu importe qui elles concernent. Si je crois que ma femme doit rester sur le banc pour un match, elle restera sur le banc! », a-t-il blagué. Plus tard, il a ajouté plus sérieusement qu’il n’y avait « rien de garanti pour personne. Si Ciman connaît deux ou trois mauvais matchs, il devra commencer à s’inquiéter pour son poste comme n’importe qui au sein de l’équipe. C’est important d’être juste avec tout le monde. »
C’est en partie parce qu’il jugeait qu’il avait besoin de repos, prétend-il, que Klopas a réduit le temps d’utilisation de Soumare au cours des dernières semaines. Mais l’entraîneur a également précisé qu’il était toujours à la recherche d’une chimie idéale dans défense centrale.
« On tente toujours de trouver la paire qui travaille le mieux ensemble. Elle ne sera pas nécessairement composée des deux meilleurs joueurs, mais de ceux qui se complètent le mieux. »