MONTRÉAL – On devine que ce n’est qu’une question de temps avant qu’il n’en soit dépouillé, mais pour l’instant, l’astérisque est encore là. Mauro Biello se présentait toujours comme l’entraîneur-chef par intérim de l’Impact de Montréal lorsqu’il s’est assis pour dresser le bilan de la dernière saison de l’équipe.

Biello a confirmé qu’il avait eu des discussions avec le propriétaire Joey Saputo au sujet de son avenir et que les négociations progressaient à son goût.

« Je ne cacherai rien : je veux être de retour et c’est sûr que l’équipe veut la même chose », a avoué celui qui a maintenu un dossier de 9-3-2 après avoir pris les commandes de l’équipe à la suite du congédiement de Frank Klopas à la fin août.

« C’est normal qu’il y ait un processus, a-t-il ajouté. On vient de terminer la saison, ça n’a pas été une élimination facile. Les deux derniers jours ont été très difficiles. Il y a eu des discussions, mais ce n’est pas quelque chose qui se fait en une journée. Je suis très content d’où on en est. »

Les résultats affichés par Biello en font le candidat logique - aussi bien dire la seule option envisageable - pour devenir le quatrième entraîneur de la jeune histoire du Bleu-blanc-noir en MLS. Dès son entrée en poste, il a remis sur les rails une équipe en perdition. Aidé par l’arrivée providentielle de Didier Drogba, il a hissé son groupe jusqu’au troisième rang du classement de son association et l’a guidé dans le plus long parcours éliminatoire de l’histoire du club.

Pendant plus de cinq ans, il a été le bon soldat, le bras droit loyal de trois entraîneurs qui lui ont été préférés. Il a observé, a pris des notes, a tiré des leçons des bons coups et des erreurs des autres.

« J’ai beaucoup réfléchi sur le bon moment de prendre un poste comme celui-là, partage le pilote de 43 ans. Après le départ de Jesse Marsch, j’avais eu l’équipe pendant trois semaines et je me rappelle de m’être dit à l’époque que je pouvais envisager de faire ça un jour, mais je savais que je n’étais pas prêt. Même après Schällibaum, j’avais encore besoin de travail. J’ai appris beaucoup avec ces entraîneurs. »

Un peu comme un jeune couple qui envisage de fonder une famille, Biello comprend qu’il n’existe pas de moment parfait pour endosser le poids des responsabilités qui viennent avec ses ambitions. Arrive un moment où on doit simplement prendre une grande inspiration et plonger sans trop se poser de questions.

« Même aujourd’hui, c’est difficile de dire que je suis prêt, admet-il sans gêne. On ne se dit pas qu’on est prêt, il faut l’être, tout simplement. Je pense qu’avec l’aide de toutes les personnes que j’ai côtoyées, j’ai grandi et je me suis mieux positionné pour faire le mieux possible. »

Biello s’est attiré les éloges généralisés de ses joueurs au cours des quelques mois où il a pris le contrôle du vestiaire. On a vanté sa capacité à transmettre le sentiment d’appartenance à une équipe qu’il a d’abord représentée pendant une longue carrière de joueur. Il a eu le don d’embarquer tout le monde dans son projet, de redonner une importance aux joueurs qui se sentaient à l’écart sous l’ancien régime. Sur le terrain, on ne compte plus les substitutions heureuses qui ont fourni des résultats presque immédiats.

Mais le jeune quadragénaire approche la suite avec beaucoup de réalisme. « J’ai beaucoup à améliorer, encore beaucoup à apprendre », convient-il.

« Comme entraîneur, il faut être très créatif. Quand les choses ne vont pas bien, il faut être capable de renverser cette négativité dans l’effectif. Si tu reviens toujours avec les mêmes solutions, ça peut être lourd et peser sur l’équipe trop longtemps. De là peuvent naître des doutes. »

Biello pense avoir fait un travail satisfaisant à cet égard, mais garde en mémoire deux défaites consécutives encaissées en octobre, contre Orlando et New York, comme preuve qu’il y a toujours place à amélioration.

« Je penser que les joueurs l’ont bien absorbé, mais c’est quelque chose que je devrai être prêt à affronter si je suis entraîneur-chef. »

Sans nécessairement confirmer qu’il entendait conserver intact son groupe d’adjoints le jour où le secret de polichinelle entourant son embauche sera dévoilé, Biello a affirmé qu’il y avait « des bonnes personnes en place pour avoir du succès ».

« C’est important d’avoir une bonne dynamique dans le staff technique. Il faut comprendre que je vois ces gars-là plus souvent que ma famille, a dit celui qui était notamment secondé par Enzio Concina, Jason Di Tullio et Youssef Dahha. J’ai toujours dit que je devais pouvoir faire confiance aux gens autour de moi. C’est dans les moments difficiles que tu vois qui est près de toi et qui peut t’aider. On a eu des moments difficiles et je peux dire que j’avais ce soutien. Pour moi, c’est extrêmement important pour le futur de ce club. »

« On était à 13 minutes de passer »

Pendant les trois jours qui ont suivi l’élimination de son équipe aux mains du Crew de Columbus, Biello a passé en revue les causes du résultat décevant ramené de l’Ohio.

« Ils ont été meilleurs que nous à certains moments, mais quand je regarde le match dans son ensemble, je pense qu’on a fait notre travail. On était à 13 minutes de passer », rappelle-t-il.

« Je suis extrêmement fier de ce match. Jusqu’à la fin, on a poussé. Jusqu’à la fin, j’ai vu une équipe qui a cru qu’elle était capable de gagner. Parfois, dans le sport, tu as besoin d’un peu de chance et malheureusement, ce n’était pas là pour nous à ce moment. »

L’Impact faisait face à une tâche colossale quand Biello en a pris les rênes. Le glorieux parcours printanier de l’équipe en Ligue des champions a considérablement alourdi son calendrier de fin de saison en championnat, si bien que qu’elle a dû disputer six matchs en 22 jours en octobre et entrer en éliminatoires au beau milieu d’une séquence de trois matchs en huit jours.

« Quand j’ai pris le poste, je sentais que j’étais déjà dans les séries. Vous me le rappeliez à chaque jour! », a lancé Biello aux membres des médias. « Chaque match était important. Quand tu essaies de transformer une mentalité, il y a un peu de cette pression qu’il faut transmettre aussi. J’ai pensé à ça. Ce qu’on a vécu, les voyages, les matchs un après l’autre, c’était beaucoup. Je ne veux pas utiliser ça comme excuse, mais ce n’était pas facile, ça c’est sûr. Saut que l’identité et l’esprit qu’on a démontrés dans ces matchs, c’était extraordinaire. J’en suis extrêmement fier. »

Biello hésite un peu quand on lui demande de parler du fait saillant de sa saison. « Il y a beaucoup de moments où je peux dire ‘wow!’ », laisse-t-il tomber en réfléchissant avant de se remémorer le but de Cameron Porter dans un stade olympique rempli à craquer en quarts-de-finale de la Ligue des champions.

« C’est un moment qui a fait exploser le stade et cette ville quand tout le monde pensait que c’était fini. C’est au top de cette année, mais il y en a eu d’autres. »

Et il y en aura d'autres, pourra promettre Biello en temps et lieu.