Il importe à mes yeux de faire une mise au point. Je n'ai jamais demandé à discuter avec la direction et si je le demandais, ce ne serait pas pour mon cas. J'ignore d'où émane ces informations, mais ce n'est pas la vérité.

Je me rends compte qu'on interprète beaucoup les choses parce que je ne joue pas beaucoup. On a dit que j'étais à couteaux tirés avec mon entraîneur Frank Klopas. Je dirais que les seules tensions qui éclatent ont rapport avec le fait qu'on ne gagne pas de façon régulière. On est au bas du classement et on a eu une très mauvaise défaite à Chicago il y a quelques jours.

Je dois vous dire que je ne lis pas vraiment ce qui s'écrit au sujet de l'Impact. J'essaie de ne pas y porter attention. Ce sont les gens qui me rapportent ce que les médias disent. Je sais comment ça fonctionne à Montréal et j'essaie de me tenir loin de tout ça.

J'ai appris en Europe à ne pas trop lire tout ce qui s'écrit sur ton club parce que tu peux commencer à y croire ou tu as l'impression qu'il y a des choses que tu ignores sur ta propre équipe et toi aussi, tu interprètes les choses. Moi, je suis à l'interne et je sais ce qui est vrai ou non. Que les choses aillent bien ou mal à Montréal, tout le monde a son analyse et au bout du compte, il y a plein d'opinions.

J'ai porté les couleurs de clubs européens très médiatisés et quand une défaite survenait, on amplifiait souvent les choses et on invoquait des problèmes dans le groupe. Des fois il y a des tensions provoquées par les défaites ou par le fait que tout le monde veut jouer. Comme athlète, je ne peux pas dire si tout ce qui est écrit dans les médias est vrai ou faux.

Il arrive parfois que les joueurs locaux soient plus médiatisés que d'autres parce qu'ils arrivent aussi avec un certain standard. Les amateurs peuvent aussi s'identifier un peu plus à ces joueurs. Je ne peux pas dire s'ils avaient plus de pression parce qu'à l'époque j'étais plus jeune et je ne me préoccupais pas de ces choses. Je me souviens en Norvège, on avait un attaquant qui avait joué et marqué des buts en Belgique et quand il ne trouvait pas le fond du filet, il avait peut-être plus de pression parce qu'on s'attendait à ce qu'il soit le leader offensif de notre club. Quand ça ne fonctionnait pas, il avait la pression, mais quand les choses allaient rondement, il en avait tout le bénéfice.

Une réunion d'équipe nécessaire

À la suite de notre revers cinglant à Chiago, j'ai senti qu'il était nécessaire de convoquer une réunion d'équipe entre joueurs. Je considérais que la défaite face au Fire était similaire à ce que nous avions vécu en 2014 sur la route et comme je me rappelle ce qui est arrivé par la suite, je voulais m'assurer qu'on évacue la tension pour qu'un match comme celui-là ne se reproduise pas.

On sait que ça arrive des matchs où une équipe ne se présente pas. On venait de signer deux victoires de suite et je ne voulais pas qu'on tombe dans une tendance inverse et qu'on revienne dans nos mauvaises habitudes.

Il fallait se rencontrer. Pas nécessairement pour mettre les pendules à l'heure, mais simplement s'assurer que tout le monde soit sur la même page. Il fallait qu'on s'en sorte ensemble et on avait la partie de mercredi contre Vancouver pour rebondir.

Quand j'ai donné la parole à mes coéquipiers, certains ont choisi de s'exprimer, dont Laurent Ciman qui n'est pas gêné de dire ce qu'il pense. Il est un gars qui peut se permettre de donner son opinion compte tenu de son vécu. Il parle aussi sur le terrain et il est quelqu'un de très franc et direct.

Avec le contingent de nouveaux joueurs qui s'est greffé à l'équipe cette année, je peux vous dire qu'il y a quelques leaders dans le lot. Il y a notamment Nigel Reo-Coker, Laurent et Hassoun Camara qui ressortent un peu plus.

Le nouveau venu Eric Kronberg est un vétéran qui a beaucoup de vécu. Il a joué pour des clubs qui ont eu du succès et il n'a pas peur de s'exprimer à l'occasion.

L'Impact refuse de baisser les bras

Chez les jeunes, Wandrille Lefèvre n'est pas gêné de dire ce qu'il pense. En tant que joueur local, il n'a pas peur de dialoguer. Qui sait, c'est peut-être un futur capitaine? Evan Bush est plus tranquille, mais il s'impose aussi comme leader.

Il nous fallait rebondir contre Vancouver après notre défaite à Chicago. Nous n'avons pas aimé notre façon de perdre et il fallait performer contre les Whitecaps et démontrer notre volonté de gagner en étant agressif. On n'a pas baissé les bras même dans les moments difficiles et nous avons répondu à l'appel. C'était important pour nous.

Nous avons pris l'avance et  même si Vancouver a égalé, nous avons réussi à l'emporter. Dans un passé récent, on aurait fait match nul ou on aurait perdu la partie.

Les parties ne sont jamais faciles. Lors de notre victoire récente de 4-1 sur Salt Lake, on s'est retrouvé sur la corde raide quand le Real a fait 1-2. Dans tous les matchs, il y a des moments difficiles. D'ailleurs, les dernières minutes de la première mi-temps contre Vancouver ont été plus difficiles. Quand ça arrive, il fait bien gérer la situation malgré la baisse de régime pour passer au travers. Des fois, ça dure quelques minutes alors que d'autres fois, c'est plus long.

Il faut maintenant trouver un moyen de connaître du succès à l'étranger parce que sur la route, nous présentons le même visage depuis des années et ce n'est pas un très beau profil. En 2013, on avait réussi à gagner quatre parties sur les pelouses adverses, mais depuis, c'est la sécheresse. Ces quatre victoires nous avaient permis de trôner au sommet du classement une bonne partie de la saison. C'est à nous à trouver une façon de croire qu'on peut aller de l'avant et je sais que c'est peu naïf, mais il nous faut développer un état d'esprit où on y va pour gagner. Il faudrait peut-être même jouer un style plate  au point d'ennuyer l'adversaire pour le surprendre en fin de partie. On voit souvent des équipes à l'extérieur qui présentent un style qui n'est pas beau, mais qui leur permet d'aller chercher des points. La MLS est une ligue où personne ne se démarque. Il y a de bonnes équipes, mais tout le monde peut battre tout le monde. On voit parfois des clubs qui ne sont pas techniques, mais qui ont plus de volonté pour ne pas perdre et qui permet de soutirer des résultats.

On ne se présentera pas à Columbus samedi avec un quelconque complexe d'infériorité. On connaît notre histoire sur la route et à chaque partie à l'étranger, il y a une possibilité de changer cette histoire. Notre victoire contre Vancouver nous a permis de passer un cap et c'est à nous d'aller à l'extérieur avec la même mentalité.

*propos recueillis par Robert Latendresse