MONTRÉAL – Dans le dernier match d’une saison que l’organisation voudra rapidement laisser derrière elle, l’Impact a été incapable d’offrir à son capitaine une sortie à la hauteur de l’homme qui aura fièrement porté ses couleurs pendant neuf ans. 

 

Le parcours professionnel de Patrice Bernier s’est terminé dimanche soir sur une défaite de 3-2 aux mains du Revolution de la Nouvelle-Angleterre devant 20 681 spectateurs au Stade Saputo.

 

« Montréal, ça a été une belle aventure, a lancé Bernier au micro au terme du match. Une page se tourne, mais l’histoire continue. Je n’oublierai jamais les sensations, les ovations, l’amour. »

 

« Tout ce que je vous demande, c’est de continuer à croire parce que même si cette année c’était difficile, on va revenir. Merci. À la prochaine. Allez Montréal! », a conclu le capitaine avant d’amorcer un tour d’honneur du terrain.

 

Bernier aura néanmoins laissé sa marque sur le dernier match de sa carrière en inscrivant le premier but des siens, le 15e de son passage en MLS. Le milieu de terrain a converti un penalty dans les arrêts de jeu de la première demie, déjouant le gardien Brad Knighton du côté droit après lui avoir servi la feinte dont il avait fait sa marque de commerce dans les premières années de son deuxième séjour à l’Impact.

 

Bernier a célébré en allant saluer ses parents, Jean et Gladys, qui avaient reçu le mandat de faire résonner l’Étoile du Nord, la cloche installée derrière le but de la tribune Est. Le but, qui créait l’égalité 1-1, lui permettait de rejoindre Dominic Oduro à égalité au quatrième rang du classement des meilleurs marqueurs de l’Impact depuis son entrée en MLS.

 

Le Revolution a repris les devants dans la première minute de la deuxième demie, puis Matteo Mancosu a répliqué à la 90e. Bernier a assisté à l’explosion de joie provoquée par le but de l’Italien du bout du banc.

 

Quelques minutes auparavant, l’entraîneur-chef Mauro Biello l’avait exposé à une dernière ovation en l’appelant au banc à la faveur du jeune Shamit Shome. Bernier a reçu l’accolade de coéquipiers et adversaires avant de quitter le terrain en pleurs.

 

« La sortie, c’était difficile, il y avait beaucoup d’émotions, pouvait difficilement cacher Bernier après la rencontre. Tu es triste parce que c’est fini, mais à quelque part, tu es content parce que tu l’as vécu. Il faut tourner la page, mais c’est difficile quand c’est ce que tu as voulu faire depuis que tu es tout petit. »

 

Mancosu lui a fait momentanément retrouver le sourire, mais c’est finalement un but de Kelyn Rowe, inscrit à la fin des six minutes de temps additionnel, qui a scellé l’issue du match.

 

« C’est décevant, comment ça s’est terminé, a déploré Biello. Je pense que ça symbolise notre saison. Il y a eu des bons moments et d’autres où on a donné des cadeaux. »

 

Le « 8 » mur à mur

 

La vague de reconnaissance envers le capitaine a commencé à déferler alors que la majorité des sièges étaient encore inoccupés à l’intérieur du Stade Saputo. Premier joueur sorti du tunnel pour la période d’échauffement, Bernier a été chaleureusement accueilli sur le terrain pendant que ses coéquipiers, tous vêtus d’un maillot numéro 8, le laissaient volontiers monopoliser la tribune.

 

Des bannières à l’effigie du héros du jour ont été soulevées dans les deux tribunes de supporteurs, à chaque extrémité du terrain, pendant la présentation des joueurs. Bernier est apparu accompagné de ses deux filles tandis que les Ultras dévoilaient une représentation géante de son maillot avec, plus bas, cette inscription : « Dans nos cœurs à jamais ».

 

La journée de Patrice Bernier

Avant que le ballon ne soit mis en jeu, les projecteurs sont demeurés braqués sur Bernier pendant le visionnement d’une courte vidéo sur l’écran géant pour lequel les membres de sa famille avaient été invités sur la pelouse.

 

Rapidement, Knighton a laissé entendre qu’il n’avait l’intention de collaborer à aucun party. À la cinquième minute, il a placé ses gants sur une torpille provenant du pied d’Andrés Romero. Il s’agissait du premier des sept arrêts qu’il allait effectuer dans le match.

 

Le Revolution a joué le rabat-joie pour la première fois à la 19e minute. Profitant de la confusion de la défensive de l’Impact, Krisztian Nemeth a envoyé un tir dangereux sur le poteau et vu Diego Fagundez envoyer le retour dans les cordages. C’était la 21e fois de la saison que l’Impact subissait le premier but du match.

 

Anthony Jackson-Hamel s’est démené pour tenter de sauver la soirée de son mentor. Il a menacé deux fois dans le quart d’heure suivant, mais chaque fois Knighton a fait l’arrêt sur sa ligne. Puis à la 42e minute, l’attaquant québécois a patiemment attendu l’intrusion de Blerim Dzemaili dans la surface avant de lui refiler le ballon. Le Suisse a été fauché, mais l’arbitre n’a pas bronché.

 

Une main adverse dans la surface a finalement valu un penalty à l’Impact avant la fin de la période et tel qu’il l’avait promis, Bernier s’est imposer pour le tirer. Et il l’a converti, comme il l’avait déjà fait dix fois en pareilles circonstances.  

 

Mais Knighton tenait à jouer les trouble-fête et il n’a pas quitté sa mission des yeux en deuxième demie. Ignacio Piatti l’a mis à l’épreuve, sans succès. Shaun Francis a tenté de le surprendre d’une tête sournoise, mais le cerbère veillait au grain.

 

Le but tardif de Mancosu, sur une déviation d’un tir de Ballou Tabla, a mis le feu au derrière des locaux, qui ont tout donné pour aller chercher la victoire avant le coup de sifflet final. On pourrait dire que c’était trop peu trop tard, si seulement le but décisif n’était pas venu de l’autre camp.

 

L’Impact a donc terminé sa saison sur cinq défaites consécutives et une fiche perdante pour la troisième fois de son histoire. Au classement final, ses 39 points lui auront valu la neuvième meilleure récolte de l’Association Est.

 

Mais dimanche, personne n’avait d’intérêt pour ce genre de calcul.

 

Dimanche, victoire ou défaite, c’était la journée de Patrice Bernier. ​

 

« Beaucoup d'émotion »

Dimanche, victoire ou défaite, c’était la journée de Patrice Bernier. ​

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