MONTRÉAL – La situation ne s’est pas seulement présentée au soccer, mais aussi au hockey, au football et au baseball notamment. Au fil des ans, le milieu francophone du Québec a trop souvent refroidi des athlètes professionnels les poussant même à opter pour une autre destination, mais tout le contraire s’est produit dans le cas de Didier Drogba.

Nul doute, il s’agit d’une excellente constatation pour l’Impact de Montréal qui est parvenu à arracher le joueur ivoirien des griffes du Fire de Chicago. À partir du moment que l’Impact a eu vent que Drogba songeait sérieusement à venir poursuivre sa carrière en MLS, le président Joey Saputo a fait valoir l’argument de la langue française tout en vantant les charmes multiculturels de la ville.

La question sera bientôt posée directement au joueur très attendu (il devrait arriver à Montréal mercredi), mais selon les dires de Nick De Santis, ces attraits ont joué fort dans la balance du redoutable marqueur.

« Quand on a commencé à penser à lui, on a songé à notre ville multiculturelle. C’est un Africain qui parle très bien français et qui a joué dans l’un des meilleurs clubs en Angleterre. Toute la ville peut s’attacher à lui, les Anglophones, les Francophones, les Africains et tous les autres amateurs », s’est réjoui le vice-président relations internationales et développement technique.

« On vient d’acquérir un joueur qui est connu de tous internationalement. Il a choisi Montréal pour notre projet, notre vision, la ville, la langue … C’est avec grand plaisir qu’on va l’accueillir », a-t-il ajouté, fier du dénouement.

Le onze montréalais aurait tout de même pu échapper ce buteur d’exception au Fire, mais le contexte québécois a l'a vraisemblablement convaincu.

« Ça représente beaucoup »

« On lui a d’abord parlé et ce fut ensuite confirmé que Chicago détenait ses droit. On s’est alors retiré par respect en attendant. C’était à lui de décider et il a insisté que c’était vraiment son choix », a décrit De Santis avec appréciation.

Cette conclusion a prouvé une autre fois – après l’exemple de Laurent Ciman – que cette particularité constitue parfois davantage qu’un incitatif.

« C’est une arme importante. Il faut être réaliste puisque quand les plus grands noms pensent à la MLS, ce sont les villes de New York et Los Angeles qui leur viennent en tête. Ça diminue les pourcentages pour nous, mais quand un joueur s’arrête à penser à la langue, la vie culturelle et la facilité à s’intégrer en comparaison avec des clubs américains, c’est très important pour nous. On désire ajouter des joueurs de haut calibre et on l’a montré avec cet exemple », a détaillé celui qui a participé aux discussions auprès du président Joey Saputo.

Un geste pour suivre la tendance en vogue ?

L’acquisition de cette étoile mondiale du soccer propulse définitivement l’Impact dans un autre répertoire. Il serait plutôt hasardeux de contredire la saveur historique de l’embauche, mais les dirigeants de l’Impact n’osent pas parler d’une nouvelle ère.

« C’est une progression. On a toujours essayé de faire la meilleure chose pour le club. Parfois, des erreurs surviennent et ça peut aussi bien aller comme c’est le cas cette année alors qu’on est en position pour bien faire », a jugé De Santis.

« Tu veux prouver que tu peux jouer avec Drogba »

Depuis l’arrivée de poids lourds en MLS tels David Beckham et Thierry Henry, la tendance s’est accrue dernièrement avec des joueurs comme Frank Lampard, Andrea Pirlo, David Villa et compagnie. D’après le directeur technique Adam Braz, l’Impact ne s’est pas lancé à la poursuite de Drogba pour emboîter le pas, mais plutôt pour le bien du club.

À vrai dire, aux yeux de Braz et peut-être même ceux de Saputo qui paie la note, la signature de ce contrat possède une valeur supérieure aux nombreux dollars investis.

« Je pense en effet qu’on peut dire que ça n’a pas de prix d’amener un joueur de son calibre. Il est content que des attentes existent envers le club, il sera un bel exemple pour nos joueurs et un modèle pour la ville », a prétendu Braz.

Le directeur technique se permet de parler avec des termes aussi élogieux puisqu’il a eu le privilège de s’entretenir avec le célèbre sélectionneur José Mourinho dont sa formation, Chelsea, était de passage à Montréal pour s’entraîner.

« Il l’a vanté pour sa personnalité dans le vestiaire, c’est un individu de confiance dans les moments difficiles autant sur le terrain qu’à l’extérieur », a rapporté Braz en lien avec son échange avec Mourinho. 

« Il aura un gros impact à tous les niveaux et dans la communauté. Il vient ici pour gagner et c’est ce que nous voulons faire », a enchaîné Braz à propos de l’Ivoirien qui commande le respect avec sa feuille de route éloquente.

« Tout le monde est fier »

Même si l’intensité du football anglais devrait lui permettre de s’adapter à merveille avec le style robuste de la MLS, rien n’est assuré que Drogba puisse accumuler les buts dès ses premières prestations. L’athlète au physique imposant s’est donc assuré d’insister sur le collectif avant de prendre sa décision finale.

« Il ne voulait pas venir dans un club dans lequel il devait tout porter sur ses épaules. Je lui ai assuré que nous avions une équipe compétitive qui serait améliorée par sa venue. On a lui expliqué que notre club grandissait et il accepte les responsabilités envers l’équipe et l’organisation parce qu’il est un leader. Dès qu’il mettra le pied dans le vestiaire, ça va créer une certaine mentalité », a exposé De Santis avec enthousiasme.

Inévitablement, l’Impact devra composer avec la hausse considérable d’attention dirigée vers le club. Virtuose dans les moments d’envergure, Drogba ne risque pas de s’en soucier et le reste de l’équipe devra s’y habituer sans trop de peine étant donné la qualité du renfort.

L’Impact pourrait bien s’arrêter ici et miser sur ses actifs actuels pour aspirer aux plus grands honneurs, mais le nom de Johan Venegas demeure dans les cartons. En effet, sans trop dévoiler d’informations, De Santis et Braz ont confirmé que l’organisation poursuivait les démarches avec le talentueux produit du Costa Rica.