MONTRÉAL – Une saison est constituée de centaines de moments qui devraient être indissociables quand vient le temps d’en faire le récit. Certains ne seront jamais oubliés, d’autres ont aussitôt été effacés des mémoires, mais chacun mérite sa part égale dans le résultat final.

Le buteur sera toujours couvert de gloire, mais il n’aurait jamais pu lever les bras au ciel sans l’exécution d’infimes détails enchaînés dans l’ingratitude de l’anonymat. Ainsi, identifier un moment charnière devient souvent un exercice futile, un injuste penchant vers la facilité.

Vivons cependant dans le moment présent pour un instant et osons un constat : Evan Bush a sauvé la saison de l’Impact en stoppant Chris Wondolowski sur pénalty dans les dernières minutes d’un match qu’il était interdit de perdre contre les Earthquakes de San Jose.

Un nul n’aurait pas servi la cause de l’Impact mercredi soir. Un nul aussi dérisoire résultant du gaspillage d’une avance de deux buts contre la pire attaque de la MLS, un nul qui aurait prolongé à cinq la série de matchs sans victoire de l’Impact à domicile, un nul de cet acabit aurait complètement dégonflé une équipe qui semblait se chercher des raisons d’abandonner depuis quelques semaines.

Avec la victoire simultanée de D.C. United sur Columbus, un nul aurait fait glisser l’Impact d’un rang au classement de l’Association Est et aurait décuplé l’importance de son prochain match dimanche disputé sur la pelouse d’Orlando City SC.

Oui, mathématiquement, l’Impact serait toujours sain et sauf si Bush n’avait pas eu le dessus sur l’un des plus dangereux buteurs de l’histoire de la MLS. Mais la réalité, c’est qu’un petit drapeau blanc serait hissé aujourd’hui sur un mât du Stade Saputo si l’une des pires équipes de l’Ouest en était sortie après y avoir volé deux points.

« Si on n’avait pas gagné, je ne l’aurais probablement pas avoué, mais dans un sens, c’est vrai que bien des gars auraient sans doute été découragés par un résultat différent, a confié Bush dans le vestiaire des vainqueurs. Mais avec trois matchs à jouer, on a maintenant un coussin de cinq points plutôt que deux ou trois. On est dans une bonne position, mais il reste encore du travail à faire. »

« C’est énorme. Énorme, a répété l’entraîneur Mauro Biello après le match lorsque questionné sur l’importance de ce petit miracle sur la santé mentale de son groupe. Pour l’équipe, pour Bush, pour tout le monde. C’est un jeu exceptionnel qu’il a réussi dans un moment critique. »

« C’est le genre d’arrêt dont tu as besoin à ce temps-ci de l’année, un arrêt qui change la donne, a qualifié Patrice Bernier. On prend un penalty, on se dit que la malchance s’acharne encore sur nous et cet arrêt vient faire tourner le vent. Il nous permet d’aller à Orlando avec beaucoup plus de confiance. »

Dès qu’un arrêt de jeu lui a permis de le faire, le défenseur Hassoun Camara s’est dépêché d’aller rejoindre son gardien pour lui faire l’accolade.

« Ça m’a fait super plaisir parce que vous savez, il y a des circonstances et des faits de jeu qui nous sont en défaveur en ce moment. On n’a pas trop de situations qui tournent dans notre sens – comme l’arbitrage, mais je n’en dirai pas plus – et à la fin, Evan nous sort cet arrêt au bon moment. C’est formidable parce que c’est un tournant du match, peut-être un tournant de la saison. »

L'arrêt qui change tout!

Marco Donadel, qui était sur la ligne de front pour observer l’improbable, a avoué qu’il s’est rapidement mis à penser au pire des scénarios avant que Bush ne gagne son duel.

« Quand j’ai vu le juge de ligne signaler une décision différente de celle de l’arbitre, je me suis dit que je vivais un cauchemar! De mon point de vue, ce n’était pas un penalty, alors j’étais très fâché. Je me disais : ‘Encore une mauvaise journée!’ », racontait candidement le vétéran italien.

« Dans ma tête, c’était déjà 2-2 et j’avais commencé à réfléchir à des moyens pour aller marquer un autre but avant la fin du match. Et puis Evan a fait l’arrêt. Présentement, on est heureux, mais on a été chanceux. Merci à Bushy », a dit Donadel.

Dans une saison où même les leaders qu’on croyait intouchables ont été écorchés, Bush est loin d’avoir été sans reproche. Auteur de nombreux arrêts salutaires qui avaient mené à l’ajout direct de points au classement dans le dernier droit de l’année dernière, le cerbère américain n’a pas affiché la même stature devant son filet cet été. Il a déjà accordé six buts de plus que son total de 2015 et ses cinq jeux blancs ne s’approchent même pas de la douzaine qu’il s’était fixée comme objectif au camp d’entraînement.

Mais le jeune vétéran a meilleure mine depuis un certain temps. Mauro Biello a dit avoir noté des signes de progrès dans la défaite du week-end à New York et dans la victoire de mercredi. Et un arrêt comme celui réalisé contre Wondolowski ne peut être qu’un présage positif de ce que réserve la fin de la saison.

« C’est le genre de choses qui vous donnent envie d’avancer plus loin, confirme Hassoun Camara. Il y avait pas mal de sceptiques autour de notre équipe, je pense qu’il y en aura encore après ce match, mais on va se servir de ça pour avancer. »

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