Ça a commencé cet hiver en enlevant les honneurs d’un tournoi préparatoire en Floride. Ça s’est poursuivi en championnat de la MLS, alors qu’on a remporté sept de nos onze premières parties. Et ça a pris encore plus d’ampleur mercredi soir lorsqu’on a soulevé la coupe des Voyageurs à Vancouver.

Gagner, c’est une habitude. Plus tu goûtes à l’ivresse de la victoire, plus tu es assoiffé. Une ou deux victoires ne suffisent plus, tu regardes toujours en avant pour voir ce que tu peux accomplir de plus.  

Et avec la victoire vient une responsabilité de confirmer. Confirmer, à chaque nouvelle occasion, ton statut de gagnant, ta place au sein de l’élite.

Gagner, c’est une habitude. Une habitude dont l’édition 2013 de l’Impact de Montréal est maintenant dépendante.

L’an dernier, tout était nouveau, notre potentiel nous était inconnu. Il aura fallu une saison complète pour qu’on commence à le reconnaître. Tout s’est placé cette année avec un nouvel entraîneur qui a beaucoup travaillé sur l’aspect mental de notre jeu, en mettant l’accent sur la volonté de gagner et le travail collectif nécessaire pour y arriver.

En ce moment, tout le monde réalise qu’on peut accomplir de grandes choses avec tout le talent réuni au sein de notre effectif. Prenez un gars comme Nesta. Il a tout réussi dans le monde du soccer, mais à 37 ans, alors que sa carrière tire à sa fin, il continue de jouer avec la victoire en tête. Il a une réputation de gagnant et il veut la conserver.

Et tranquillement, on dirait que cette attitude s’imprègne dans le groupe.

Chez l’Impact, la victoire se célèbre sur le terrain, mais elle se prépare à l’entraînement. C’est là que cette volonté de vouloir tout rafler prend naissance. Il faut voir tout le monde se défoncer pour mériter sa place sur le XI partant. C’est une circonstance parfaite pour comprendre tout ce qu’on peut accomplir lorsque le groupe est soudé.

Et lorsque les résultats coïncident avec les efforts déployés à l’entraînement... il n’y a rien de mieux! Personne ne va me dire que les émotions que procurent la victoire, ce n’est pas bon! Tout va bien quand on gagne.

Vous doutez encore?

En début de saison, notre motivation envers le Championnat canadien a été remise en doute. Quand il a été annoncé que notre gardien auxiliaire, Evan Bush, se verrait confier le mandat de protéger notre filet dans ce tournoi, certains nous ont prêté l’intention de prendre la compétition à la légère. Ces murmures se sont transformés en virulentes critiques lorsqu’on est revenu de Toronto avec un résultat négatif, obtenu avec un alignement fortement modifié, en lever de rideau.

Je sais que les amateurs d’ici sont habitués à une réalité différente. Au hockey, par exemple, 20 des 25 joueurs inscrits dans la formation sont en uniforme pour chaque match et alternent régulièrement leurs présences sur la surface de jeu. Au foot, seulement onze joueurs peuvent être utilisés à la fois et il n’y a que trois changements par match!

C’est donc normal qu’en cours de route, un entraîneur jongle avec son effectif. Les saisons sont longues et il faut garder tout le monde impliqué. Le fait de mettre à contribution des joueurs avec moins d’expérience dans une situation donnée ne doit pas se traduire par un manque de sérieux, au contraire! C’est plutôt un vote de confiance qui démontre que notre groupe est uni, qu’il s’agit là de notre force.

 Le Championnat canadien, c’est une grosse affaire pour nous tous. Si vous avez porté attention à nos célébrations après notre victoire à Vancouver, je vous mets au défi de trouver une réaction qui laissait croire qu’un d’entre nous ne prend pas cette compétition au sérieux. Chaque joueur au sein du club, qu’il soit européen, américain ou sud-américain, a ressenti la même euphorie après cette belle réussite.

Les joueurs connaissent tous l’histoire de l’Impact. Ils sont au courant du parcours qui a été tracé en 2008 en Ligue des champions de la CONCACAF. C’est le genre de chose qui devait être apprise et la direction du club, en plus de ses quelques joueurs locaux, s’est assuré que ce soit fait.

Et ce qu’on vit présentement, j’en suis convaincu, stimule au plus haut point les jeunes de l’Académie qui nous regardent en espérant un jour faire partie de la même aventure.

Un sentiment nouveau

Le sort a voulu qu’en l’absence de notre capitaine Davy Arnaud, ce soit moi qui hérite du privilège de recevoir la coupe des Voyageurs pour la présenter à mes coéquipiers. Ça a été un moment spécial, je dois l’admettre!

J’ai gagné deux coupes lors de mon séjour au Danemark, mais de réussir l’exploit avec un club montréalais, ça a été encore plus particulier. On dirait que je suis davantage en mesure de saisir l’importance de l’événement pour les partisans du club. Cette victoire, pour moi, est assortie d’un petit attachement supplémentaire, un petit côté sentimental et émotif que je n’avais jamais vécu auparavant.

Tu veux toujours gagner, mais c’est encore mieux de le faire parmi les tiens.

Maintenant, l’idée d’affronter des pays du Mexique, d’Amérique centrale et des Caraïbes m’intrigue. C’est un défi nouveau et très stimulant qui pique ma curiosité.

Par contre, ma concentration et celle de toute l’équipe doit pour le moment revenir exclusivement sur le championnat de la MLS. On a vécu un gros high à Vancouver et le scénario idéal aurait été de profiter de quelques jours de répit pour pouvoir en profiter pleinement. Mais on est des athlètes professionnels et à partir d’aujourd’hui, il faut tourner la switch et s’activer.

Samedi, on visite à Kansas City une équipe qui excelle à domicile. Il s’agit là de notre prochain défi. La route continue, chaque étape que l'on surmonte nous rapprochant un peu plus de notre but.

*Propos recueillis par Nicolas Landry.