MONTRÉAL – Avec cinq matchs à jouer avant d’en arriver à la fin d’une saison qui menace de virer au désastre, qui chez l’Impact se lèvera et saura, par les bons mots, mais surtout les bonnes actions, galvaniser un groupe au sein duquel tout le monde semble présentement chercher le sauveur chez son voisin?

Mardi, Ambroise Oyongo s’est laissé emporter par un surprenant élan d’optimisme en affirmant qu’« avec tout le talent qu’on a, si on écoute nos leaders, on va aller plus loin que l’année dernière. » Sommé d’identifier les coéquipiers auxquels il faisait référence, Oyongo a nommé cinq personnalités fortes du noyau bleu-blanc-noir. Leur identité ne surprendra personne : Didier Drogba, Ignacio Piatti, Patrice Bernier, Laurent Ciman et Hassoun Camara sont universellement reconnus comme étant l’âme de ce club, les cinq doigts qui, lorsque regroupés, forment un puissant poing pouvant mettre K.-O. n’importe quelle équipe du circuit Garber.

Mais justement, en s’attardant aux individualités qui composent cet intimidant conseil des sages, on peut mieux comprendre pourquoi l’Impact traverse une période de doutes au cours de laquelle il n’a signé qu’une seule victoire en sept matchs.

Drogba, en plus d’offrir une production offensive très parcimonieuse, ne semble plus être l’ombre de cette présence rassembleuse qui a métamorphosé cette équipe à pareille date l’an dernier. Piatti, qui est plutôt du genre à préférer parler avec ses pieds, marque avec de moins en moins de régularité. Il n’a pas de but à ses trois derniers matchs, sa plus longue disette depuis le mois d’avril, et n’en revendique qu’un seul depuis l’arrivée du mois d’août.

Bernier, le capitaine, serait prêt à sortir du terrain sur son bouclier pour ce club, mais on ne l’envoie que trop rarement, sur ce terrain, ce qui a pour conséquence de compliquer l’application de son leadership. Ciman, qui sera le premier à avouer que son jeu n’est pas au niveau souhaité, démontre des signes d’impatience de plus en plus fréquents devant la désorganisation collective qui place trop souvent la ligne arrière sous une pression intenable.

Camara est probablement celui qui affiche la forme la plus solide et la plus constante du quintette, mais l’influence du grand défenseur a ses limites et pour l’instant, son flegme ne provoque pas l’effet d’entraînement souhaité.

Quand Mauro Biello, à sa première sortie publique depuis la défaite de la fin de semaine contre le Revolution de la Nouvelle-Angleterre, s’est fait demander si ses leaders jouaient bien leur rôle dernièrement, l’entraîneur a détourné la question en livrant sa propre définition d’un meneur. Sa réponse évasive a certainement atteint le but recherché de ne pas créer de vagues, mais a en revanche laissé toute la place à l’interprétation.

« À mon avis, un leader, c’est quelqu’un qui est prêt à apprendre, a énoncé Biello. Ça ne veut pas dire que si tu joues pendant 20 ans, tu es automatiquement un leader. Ce sont des choix que tu dois faire sur le terrain. Si tu fais les bons choix sur le terrain et que tu te comportes de la bonne façon à l’extérieur du terrain, les autres vont te suivre. C’est ça le message que je donne à mes joueurs. »

Affirmant compter sur « beaucoup » de leaders, Biello concède qu’un joueur ne peut traverser une saison complète sans que son aura ne perde un peu de sa luminosité. On peut croire qu’il confirme ainsi implicitement qu’il en prendrait probablement un peu plus de quelques-unes de ses têtes d’affiche à l’heure actuelle. Qui se lèvera, alors?

« Dans une saison, c’est sûr qu’il y a des hauts et des bas et tout le monde ne sera pas toujours à son 100%. Mais rendu là, ça devient mon travail, endosse Biello. Comme entraîneur, mon rôle n’est pas de les améliorer, ce sont tous des bons joueurs. Mais est-ce que je suis capable de faire ressortir toutes leurs qualités, individuellement et collectivement? Mon travail, c’est de contrôler cet environnement et les résultats qu’on obtient, c’est leur partie du marché. On partage les tâches, on travaille fort et à la fin, ensemble, on va réussir. »

Aucune tension, selon Bush

Mardi, l’entraînement qui avait été annoncé à 10 h 30 a commencé avec une demi-heure de retard, mais contrairement à ce qui s’était produit après une défaite contre le Fire de Chicago il y a un mois, il n’a pas été question de grande rencontre au sommet ou de lavage de linge sale en famille. Simplement une petite séance vidéo pour revenir sur les erreurs – et elles étaient nombreuses, ne peut qu’approuver Evan Bush – du week-end dernier.

« Quand tu revois les vidéos, tu te sens mal, a confessé Oyongo, piteux. Regarder un match et voir que tu as perdu par trois buts à un à la maison, et qu’en plus on prend un but à la 25e seconde, ça fait très mal. On essaie donc de travailler ça ce matin et on va continuer toute la semaine parce que voilà, avec le même système de jeu contre les Red Bulls, si on n’est pas bien au milieu de terrain, on va se faire bouffer. Il faut vraiment qu’on se réveille, qu’on joue tous ensemble. »

Bush, qu’on pourrait légitimement inclure dans le groupe de leaders détaillé précédemment, assure qu’il n’y a pas de discorde au sein d’un collectif qui a toujours confiance de s’en sortir.

« La saison dernière, on a traversé un passage similaire. On avait perdu le championnat canadien contre Vancouver, puis on était allé perdre à Toronto et à ce moment, on a atteint le fond du baril. Il y avait des tensions dans le vestiaire entre les joueurs et le staff, mais je ne sens pas ça cette année. Notre groupe est solide cette année et ça ne donnerait de trop brasser la cabane et de commencer à se pointer du doigt. »

« Il faut gérer les frustrations parce qu’il n’y a pas un joueur qui veut perdre, ajoute Biello. C’est un gros travail de gérer tout ça et de les guider dans la bonne direction, mais on va réussir. Ça va prendre du travail, mais il faut y croire collectivement. »