MONTRÉAL – L’odeur de déception n’avait pas encore été tout à fait évacuée de l’enceinte du Stade olympique quand l’Impact s’y est remis au boulot lundi matin.

Deux jours après avoir échappé une avance de deux buts lors de l’ouverture de leur saison locale, les hommes de Mauro Biello admettaient qu’ils auraient encore besoin d’un peu de temps pour chasser de leur mémoire la remontée réalisée par les Sounders de Seattle dans les dix dernières minutes d’un match qui aurait dû être une affaire classée.

« C’est sûr qu’on l’a un peu à travers la gorge parce qu’on n’a pas encore parlé du prochain match, on n’a pas abordé l’aspect tactique contre New York, expliquait le défenseur Wandrille Lefèvre. Je pense que lorsqu’on va le faire, on va se remobiliser et passer à autre chose, mais pour l’instant, c’est encore là. »

« On pensait tous que c’était dans le sac, a confessé Dominic Oduro, verbalisant sans le vouloir l’essentiel du problème. On ne se mentira pas, le penalty [converti par Nicolas Lodeiro à la 83e minute] nous a mis sous pression. Ils n’avaient plus rien à perdre et on a un peu paniqué. Mais je le répète, nous sommes une très bonne équipe et nous apprendrons de cette erreur. »

Le problème, c’est qu’avec une formation qui est presqu’en tous points semblable à celle de la saison dernière et un personnel d’entraîneurs bien en selle, l’Impact devrait depuis longtemps avoir assimilé et être capable de mettre en pratique cette théorie qui le hante depuis plusieurs saisons.

Si on n’a pas appris de la fin de saison à Columbus il y a deux ans, et si on n’a pas appris du match aller de la finale de l’Est contre Toronto, apprendra-t-on de ce match nul concédé à Seattle?

« Je sais qu’on forme la même équipe et que bien des gens ne comprennent pas comment on peut continuer de répéter les mêmes erreurs, réalise Oduro. Mais chaque saison à ses hauts et ses bas et je crois que c’est bien que ce creux de vague survienne aussi tôt dans la saison. Il faut juste se réveiller à temps et tout ira bien. »

« Ça va arriver dans une saison, c’est comme ça le foot, excuse Lefèvre. Tout ne va pas toujours bien et tu ne l’emporteras pas chaque fois que tu es la meilleure équipe pendant 70 minutes. Des fois, il se passe ce qui s’est passé samedi. Ça aurait pu être plus grave. Maintenant, on apprend de nos erreurs. »

Concrètement, Biello aurait aimé voir une équipe en meilleur contrôle de ses émotions à partir du moment où la pression s’est fait grandissante.

« On a dégagé beaucoup de ballons au lieu d’avoir cette sensation de calme, de tenir le ballon, de faire respirer l’équipe, de faire monter le bloc. Ça, c’est une manière de mieux fermer un match », verbalisait l’entraîneur après avoir dirigé sa première séance d’entraînement de la semaine.

Biello avait en tête le premier match à domicile de son équipe l’année dernière, une convaincante victoire de 3-0 sur les Red Bulls de New York. Avec une avance à protéger, l’Impact avait à un certain moment contrôlé le jeu en s’échangeant 43 passes consécutives. Nostalgique, Biello se rappelle que cette séquence avait tué toute la conviction qui aurait pu rester dans le cœur des visiteurs ce jour-là.

« Ils étaient devenus frustrés et dans leur tête, le match était perdu. C’est ça la mentalité qu’il faut avoir. Si on avait été meilleurs pour faire la même chose contre les Sounders, ils n’auraient jamais eu le momentum. »

Problèmes récurrents dans la surface

Le contrariant nul de samedi aurait aussi pu être évité si l’Impact n’avait pas encore une fois cédé l’ascendant à l’adversaire sur un ballon catapulté dans sa surface de réparation.

Alors que les dernières secondes ajoutées au match s’égrenaient sur le chronomètre de l’arbitre Jair Marrufo, Cristian Roldan a décoché un centre vers la zone payante. Jordan Morris n’a démontré aucun respect pour le défenseur Chris Duvall, qui tentait de le couvrir, et a facilement rabattu l’offrande aux pieds de deux coéquipiers. C’est finalement Will Bruin qui a déballé ce cadeau inespéré.

La chronologie des événements a relancé l’éternel débat : l’Impact est-il équipé pour imposer le respect et gagner les ballons contestés dans les zones de turbulence?

« Il y a des choses qu’on doit continuer à améliorer, mais il ne faut pas penser qu’on n’a qu’à amener un autre joueur et que tous nos problèmes seront réglés », répond Biello.

Une difficulté à conserver l'avance

Sur la séquence précise qui a permis aux Sounders d’égaliser, Biello identifiait davantage la latitude accordée à l’ailier pour qu’il puisse alimenter ses coéquipiers dans la surface – la tâche de couvrir Roldan revenait ici à Hernan Bernardello - comme la source du problème.

« Avec le personnel que j’ai sous la main, la meilleure façon d’améliorer cette facette de notre jeu, c’est de fermer les centres, soutient-il. Je pense qu’on a fait un excellent travail durant le match pour ne pas donner beaucoup de centres à une équipe qui en avait réussi beaucoup la semaine précédente à Houston. Duvall et [Ambroise] Oyongo ont très bien maîtrisé cet aspect, mais à la fin, on a donné le centre et on s’est fait battre dans le duel. »

« C’est vrai qu’on a pris des buts sur coups de pied arrêtés en présaison, mais depuis le début de la saison, ce n’est pas le cas. Rien de ce qui nous afflige est lié à notre soi-disant problème aérien, plaide Lefèvre. C’est vrai qu’on n’a personne qui fait 6 pieds 5 pouces, ça, c’est une chose. Mais on a d’autres qualités défensives, comme notre lecture de jeu et notre sens de l’anticipation. Je pense que c’est là où on aurait dû être meilleurs à la fin de ce match. »

Comme piste de solution, Biello dit avoir envisagé d’intégrer un troisième défenseur central en fin de match, mais que la sortie précipitée de Victor Cabrera, victime de crampes et remplacé par Lefèvre à la 84e minute, a contrecarré ses plans.

« Une façon de régler le problème serait peut-être d’avoir cinq gars en arrière et trois autres dans l’axe qui sont capables de mieux défendre dans ces situations. Du moins, c’était notre idée... », a raisonné le coach, qui a jugé que Cabrera faisait « un excellent match » avant d’être forcé de hisser le drapeau blanc.