MONTRÉAL – Il y a un an, Hassoun Camara se remettait d’une saison pénible tapissée de blessures et son avenir à Montréal était remis en question. L’Impact avait renoncé à son option au contrat du défenseur et il était minuit moins une lorsque les deux parties avaient finalement trouvé un terrain d’entente pour assurer que les services du vétéran seraient retenus.

Le retour en force de Camara a été si spectaculaire qu’il a reçu vendredi le titre de Joueur défensif par excellence de l’Impact pour la saison 2016. Le Français de 31 ans a ainsi succédé à Laurent Ciman, qui avait mérité cette distinction l’an dernier au terme de sa toute première saison en MLS.

« C’est sûr que j’imaginais un trophée un peu plus gros pour cette année, mais à la fin, on a vécu des beaux moments, a dit Camara après avoir reçu sa récompense des mains de l’entraîneur Mauro Biello. Et ce qu’il y a de beau, c’est qu’on peut tous se regarder dans les yeux et savoir qu’on a tout donné pour l’équipe. »

La nomination n’a surpris personne. Il y a bien sûr eu quelques petits pépins physiques, mais en dépit de ces contretemps, Camara a été un modèle de constance au cours de cette année de la renaissance. Après avoir été limité à 478 minutes de jeu la saison précédente, il a en emmagasiné plus de 2700 cette année, séries éliminatoires incluses. Son apport notoire sur le flanc droit a contribué à dynamiser l’attaque et sa polyvalence a permis à Biello de l’utiliser en défense centrale, sa position de prédilection, quand le besoin s’est fait sentir.

Admettant que la saison 2015 avait pesé lourd sur son moral, Camara a affirmé qu’il n’avait jamais malgré tout douté de sa capacité à rebondir et à reprendre la place qu’il jugeait sienne dans l’effectif.

« Je crois en moi, je connais mon potentiel et je savais qu’en me préparant d’une certaine façon, en marge de l’équipe, je pourrais arriver à faire quelque chose de fort [au camp d’entraînement] à Orlando cette année. C’est ce que j’ai fait. Je me suis mis au diapason du coach, on a travaillé en collaboration. Il m’a laissé faire mon travail personnel de côté, il m’a fait confiance et pour ça, je le remercie. J’ai progressé au cours de l’année, j’ai pu faire de belles choses et j’en suis heureux. »

Pour sa résurgence, Camara a donné une partie du crédit à Didier Drogba, affirmait que s’il acceptait l’honneur qui lui revenait, « c’est en grande partie grâce à lui ».

« Il m’a apporté des choses sur le plan thérapeutique, il m’a offert l’aide de son kiné personnel. C’est le genre de chose qu’il a faite pour pas mal de joueurs et que personne du grand public n’a vu. Je tiens personnellement à le remercier. »

« Un joueur de vestiaire »

Le fait de briller sous les projecteurs ne signifie pas qu’on y est nécessairement à l’aise. Brillant et articulé devant les lentilles, Camara préférera tout de même toujours faire dévier l’attention vers ses coéquipiers. C’est pourquoi on le sentait un brin inconfortable sur l’estrade, vendredi, à commenter l’attribution d’un honneur individuel.

« Moi, c’est très simple, je suis un joueur de vestiaire. J’aime travailler pour le groupe, aider l’équipe à aller le plus loin possible, a expliqué le grand numéro 6. C’est là où je suis le plus satisfait, je pense. Quand on entame un match, ou la veille d’un match, ma mission est de faire en sorte que ces joueurs brillent, qu’ils ne soient pas exposés, que l’équipe soit prête à travailler et à donner le maximum d’elle-même. Je ne travaille pas pour ma personne, mais plutôt pour que des joueurs comme Didier, Nacho, Matteo et Dominic puissent briller et puissent faire briller l’équipe. »

Dans la même veine, Camara a vite distribué les fleurs lorsque questionné sur sa préférence personnelle a évolué dans l’axe.

« C’est toujours d’actualité, a-t-il d’abord admis en souriant. J’ai des discussions tout le temps avec le coach et il le sait, j’ai eu des super matchs en centrale cette année, je me suis éclaté. Mais à la fin, on a des bons joueurs aussi, on a Laurent qui est top, on a Victor qui va être au top. C’est un gars qui a beaucoup de potentiel et qui va être un des meilleurs dans la Ligue, je le dis parce que je le pense. Alors on verra. À la fin, c’est collectivement qu’on doit être bon. »

Bilan : Piatti et Camara

Piatti répète

Personne n’est tombé en bas de sa chaise non plus quand Ignacio Piatti est venu accepter le trophée Giuseppe Saputo remis au joueur par excellence de la saison de l’Impact. « Nacho » inscrivait son nom sur l’imposante récompense pour la deuxième année consécutive.

Piatti a connu une saison époustouflante avec une récolte de 17 buts, presque le double de sa production de l’année précédente, en plus d’ajouter six passes décisives. Ses douze buts à l’étranger et ses six buts gagnants, incluant ses performances en séries éliminatoires, expliquent en grande partie l’étendue du chemin parcouru par l’Impact en 2016.

Mais aux yeux de son entraîneur, l’Argentin a aussi fait du progrès dans un aspect de son jeu qui était jadis considéré comme une faiblesse.

« Tout le monde parle de tous les buts qu’il a comptés, mais à mon avis, le fait qu’il ait contribué défensivement pour récupérer les ballons très bas et travailler pour ses coéquipiers en dit long. Il a démontré beaucoup de choses », a noté Biello.

« Je pense que c’est parce que je suis content d’être ici, a dit Piatti pour tenter d’expliquer sa nouvelle polyvalence. Je me sens très bien avec tout le groupe et je veux gagner tous les matchs. C’est peut-être ça qui, dans ma tête, a changé quelque chose. »

Mais ne vous trompez pas : Piatti aime d’abord et avant tout se porter à l’attaque et c’est avec le désir d’en faire plus à ce niveau qu’il s’est lancé dans sa deuxième saison complète en MLS.

« Cette année, je voulais compter des buts et je me suis mis dans la tête que quand le ballon allait être en avant, j’allais compter des buts », a révélé Piatti, qui n’avait marqué que 19 fois en 63 matchs lors de son séjour avec le club argentin de San Lorenzo avant de signer avec l’Impact.

« Il a illuminé la ligue par son talent, a vanté Camara en parlant de son timide coéquipier. C’est vraiment un joueur incroyable avec un état d’esprit incroyable dans le vestiaire. Je tiens vraiment à lui tirer un coup de chapeau. Sincèrement, il est l’un des meilleurs joueurs avec qui j’ai joué dans ma carrière et je suis très heureux d’être à ses côtés. »

Piatti a signifié à la direction de l’Impact qu’il entendait honorer la dernière année du contrat qui le lie au club la saison prochaine.

« Je veux revenir encore meilleur que cette année », s’est-il fixé comme ambitieux objectif.

Le bilan de Biello