TORONTO – L’Impact espérait écrire l’histoire mercredi soir à Toronto. Il a plutôt signé son arrêt de mort.   

Le onze montréalais a cédé deux fois en deux minutes dans la première portion de la prolongation et, à court de miracles, s’est incliné par la marque de 5-2 devant le Toronto FC. Devant une foule en liesse, les Reds sont ainsi devenus la première équipe canadienne de l’histoire à se qualifier pour la grande finale de la MLS, une distinction qui était fort convoitée par leurs rivaux québécois.

Le TFC aura l’honneur de disputer la Coupe MLS aux Sounders de Seattle, représentants de l’Association Ouest, le 10 décembre prochain dans la Ville Reine.

Tout juste entré dans le match pour remplacer un Sebastian Giovinco amoché, Benoit Cheyrou a asséné le coup de grâce au Bleu-blanc-noir en convertissant de la tête un centre de Steven Beitashour à la sixième minute de la période supplémentaire. Comme héros inattendu, on peut difficilement trouver mieux : le milieu de terrain français n’avait pas été utilisé depuis trois rencontres et n’avait marqué qu’un but en 43 matchs en MLS avant de réaliser ce coup d’éclat.

Deux buts en deux minutes pour Toronto

Les espoirs de remontée des visiteurs se sont envolés pour de bon peu après les fumigènes déclenchés par la section d’irréductibles planqués derrière le but d’Evan Bush, quand l’international canadien Tosaint Ricketts a battu Hassoun Camara de vitesse pour fondre sur un centre de Jozy Altidore à la 100e minute.

Battu 3-2 la semaine dernière à Montréal, Toronto aura finalement remporté la série de deux matchs au total des buts par le pointage cumulé de 7-5.

« Je ne crois pas qu’on ait mal joué. On a été capable de compter deux buts à l’extérieur, on est allé en prolongation. À la fin, quelques petites erreurs nous ont coûté cher », a commenté l’entraîneur Mauro Biello qui, bon joueur, a amorcé son point de presse d’après-match en félicitant son homologue Greg Vanney pour la mission fraîchement accomplie.

Dominic Oduro et Ignacio Piatti ont inscrit les buts de l’Impact, qui était toujours dans le siège du conducteur quand son pilier argentin a porté le score à 2-2 au début de la deuxième demie. Un but du défenseur Nick Hagglund à la 68e minute a toutefois forcé la tenue d’une demi-heure additionnelle à laquelle les Montréalais n’ont ultimement pas survécu.

Altidore et Armando Cooper ont été les autres marqueurs du TFC. Les deux ont trouvé le fond du filet sur des coups de pied de coin à la fin de la première demie.

C’est d’ailleurs la douloureuse constante qu’on retiendra de cette défaite sans lendemain : l’Impact a payé comptant son manque de rigueur et ses erreurs de couverture dans sa propre surface de réparation.

« La différence, à mon avis, ça a été les coups de pieds arrêtés, a d’ailleurs tranché Biello sans hésiter. C’est aussi simple que ça. Ils ne nous ont pas déséquilibrés tant que ça. Ils ont compté ces buts-là sur lesquels on aurait peut-être pu faire mieux. »

Peu enclin à développer davantage sur les causes de l’élimination, Biello a exprimé sa fierté envers un groupe qu’on identifiait encore comme négligé avant le début du match.

« C'est dur, on avait le contrôle »

« Personne ne pensait qu’on se rendrait si loin. On a perdu juste un match dans les séries. On s’est battu jusqu’à la fin, on a poussé. Malheureusement, ce n’était pas assez. »

Didier Drogba, qui avait dit être venu en MLS pour gagner des trophées et qui avait prédit, lors de l’hommage qui lui avait été rendu après son dernier match à Montréal la semaine dernière, que l’Impact irait « chercher sa qualification » à Toronto, a terminé son passage avec le club sans offrir de cadeau d’adieu. Mandaté par Biello pour remplacer Matteo Mancosu à la 73e minute, il a récolté un tir au but en 47 minutes de jeu.

Un match robuste

Vu l’animosité depuis longtemps enracinée dans l’histoire des deux clubs et les préliminaires du match aller, on pouvait s’attendre à ce que l’arbitre Jair Marrufo soit un homme sollicité dans le feu de l’action. D’entrée de jeu, l’homme en jaune a entendu les doléances de Giovinco d’une oreille et celles de Piatti de l’autre, mais sans broncher. Le ton était donné.

Un premier carton jaune a été décerné à la septième minute quand Laurent Ciman a accroché Altidore à l’orée du tiers offensif. L’attaquant format géant avait déjà commencé à donner des maux de tête au quatuor défensif du Bleu-blanc-noir en marquant son territoire autour de la surface de Bush.

Altidore a frappé son plus grand coup – littéralement – au quart d’heure de jeu quand il a appliqué une épaule sur la tête d’Hernan Bernardello lors d’un duel aérien. Le fougueux Argentin a semblé encaisser un double choc quand sa tête est allée percutée le sol et est resté pendant de longues minutes étendu sur la pelouse, léthargique. Altidore s’en est sorti sans réprimande.

« Je ne l’ai pas revu, mais je pensais que le coude était haut et on m’a dit que c’était le cas, a jugé Biello. L’arbitre a pris une décision. Au final, il a laissé passer beaucoup de choses ce soir. »

Contre toute attente, Bernardello a été renvoyé sur le terrain après s’être relevé du choc. Selon Biello, le milieu de terrain a « passé tous les tests » et avait retrouvé tous ses esprits. Ce serait finalement un malaise à une épaule qui aurait incité l’entraîneur à le remplacer par Johan Venegas en revenant de la mi-temps.

Jamais confortable

L’Impact a répliqué en exploitant le point le plus sensible de son adversaire : le tableau indicateur. À la 24e minute, Patrice Bernier a lancé Mancosu vers le filet adverse. L’Italien a pris tout l’espace qu’on lui concédait, a accueilli la compagnie avec quelques dribbles et a laissé Oduro, seul sur la droite, terminer le travail.

« Je suis très fier de cette équipe »

Mais jamais cette avance n’a semblé confortable. Sans d’autres options que d’augmenter la pression, le TFC a envoyé ses blindés contre une défense qui l’attendait avec des baïonnettes. Les locaux sont ainsi parvenus à renverser la vapeur en enfilant deux buts sur séquence de jeu arrêté avant la fin de la demie.

À la 37e minute, Bernardello a arrêté une tête de Hagglund directement sur la ligne du but défendu par Bush, mais Armando Cooper a récupéré le retour et l’a redirigé dans le cadre. Dès la reprise du jeu, Bush a accroché ce même Cooper qui se ramenait en cavale dans la surface, mais M. Marrufo a décidé de fermer les yeux sur l’incident.

Toronto a pris l’ascendant pour la première fois de la série sur un autre coup de pied de coin juste avant d’entrer au vestiaire. Envoyé au service par une bête erreur de Victor Cabrera, Giovinco a visé Altidore au premier poteau. Le géant a échappé à la couverture de Camara et a battu Mancosu au ballon pour semer l’hystérie au BMO Field.

« Sur ce but, on devait faire mieux, ça c’est sûr, a déploré Biello. Quand vous êtes désavantagé en terme de gabarit, il faut néanmoins savoir utiliser son corps pour obtenir un meilleur positionnement. On ne l’a pas fait. Ils ont marqué trois buts sur des jeux semblable, avec comme résultat qu’ils s’en vont en finale. »

L'Impact et la difficulté à défendre

L’Impact n’avait toutefois qu’un seul genou au sol et est revenu de la pause prêt à se battre pour sa survie. À la 53e minute, une séquence décousue amorcée par Venegas a atteint les pieds magiques de Piatti. « Nacho » a failli s’enfarger et a, de peine et de misère, décoché un faible tir qui s’est perdu dans les jambes du défenseur Hagglund. Mais le ballon est resté en vie en déviant vers le filet d’Irwin et ne s’est arrêté que de l’autre côté de la ligne des buts.

L’Impact, presque par accident, était de retour aux commandes.

Sauf que cette version combattive du Bleu-blanc-noir a encore cédé le plancher à la mouture un peu lunatique qui s’était fait surprendre deux fois en première demie. À la 68e minute, le bloc défensif de l’Impact a une fois de plus perdu un ballon aérien contesté dans sa surface. Arrivé sournoisement par la porte arrière, Hagglund s’est élevé par-dessus la mêlée et a mis sa tête sur un centre de Justin Morrow.

Dans l’air, une odeur de prolongation flottait. Malheureusement, l’Impact n’avait plus les jambes pour faire du temps supplémentaire.