MONTRÉAL – À l’extrémité nord-est de son complexe d’entraînement, la direction de l’Impact a aménagé un grand rectangle rempli de sable, comme une petite parcelle de désert dans une oasis de verdure. C’est là que Marco Donadel a passé les dernières minutes de sa journée de travail, mardi.

En arpentant pieds nus, dans une succession d’exercices spécifiquement élaborés, l’instable surface sablonnée, Donadel entend renforcir sa cheville droite qui, de son propre aveu, le fait encore souffrir.

« J’essaie d’entretenir une sorte de relation avec ma douleur, a révélé le milieu de terrain italien, mi-blagueur, mi-sérieux. Je lui parle le matin, je lui demande comment ça va... Pendant les matchs, avec l’adrénaline, je peux passer par-dessus. Deux jours après, comme aujourd’hui, c’est plus douloureux. Mais demain, ça ira déjà mieux. »

Donadel a réintégré la formation le 23 juillet, un peu moins de deux mois après s’être infligé une entorse contre le Galaxy de Los Angeles. Il a disputé un match complet la semaine suivante, mais samedi dernier, contre le Dynamo de Houston, l’entraîneur Mauro Biello l’a retiré du terrain pour les dix dernières minutes du match.

« C’était un mélange de douleur et de fatigue, a admis l’éclopé. Ce n’est pas une période facile pour moi. Ça a été très frustrant de rester à l’écart pendant deux mois. Maintenant, on entre dans une portion de la saison où il faut pousser davantage et endurer les petits bobos. J’étais vraiment content de jouer 90 minutes à Washington. Ça a été souffrant, mais mentalement ça m’a fait du bien. »

Donadel doute qu’il puisse retrouver toutes ses facultés d’ici la fin de la saison, mais a l’intention de mettre toutes les chances de son côté pour limiter la durée de ses absences.

« Je veux jouer. Je ne veux plus rester à l’écart pour plus de deux semaines », souhaite-t-il.

Donadel a joué un rôle important dans la victoire cruciale qu’a décrochée l’Impact contre Houston. Juste avant de sortir du match à la faveur de Calum Mallace, il a intercepté une relance de son ancien coéquipier Eric Alexander et a décoché une passe qui a mené directement au seul but du match, inscrit par son compatriote Matteo Mancosu.

« Je crois que c’est Michael Salazar qui a appliqué une belle pression en provenance de l’intérieur du terrain, tentait de se remémorer Donadel, modeste. De ma position, mon travail était de tenter de lire dans les pensées d’Eric et je voyais qu’il n’avait qu’une seule option. J’ai intercepté sa passe et j’avais déjà aperçu Matteo juste avant. Parfois, on n’a qu’une demi-seconde pour réagir.

Mancosu a réceptionné le relais aérien avec la poitrine, devant deux défenseurs, avant de pivoter et d’armer une précise frappe du pied droit.

« Cette passe n’était pas parfaite, tient à spécifier Donadel. Tout le monde me complimente sur ma passe, mais ça aurait pu être beaucoup mieux. Elle aurait dû être un peu plus longue, mais Matteo a fait tout un travail pour la contrôler et sa finition était spectaculaire. »

Une autre option

Contre Houston, Donadel a été utilisé devant la ligne défensive dans un triangle inversé complété par Patrice Bernier et Hernan Bernardello. Ce schéma tactique, qui a souri à l’Impact dans le passé, sied également bien au numéro 33 du bleu-blanc-noir.

« Je cours moins et je suis mieux en mesure de gérer mon énergie durant un match. Mais ultimement, ça m’est égal. J’ai joué à différentes positions durant ma carrière et je peux continuer de le faire. Je veux jouer, c’est tout. S’ils veulent de moi en défense centrale, j’irai! » 

Mauro Biello aurait aimé voir une symbiose plus rapide entre ses trois vétérans, mais au final, il se disait plutôt satisfait des résultats issus de l’expérience.

« Ça a pris un peu de temps avant qu’on s’ajuste. Le Dynamo a fait un excellent travail au niveau de son organisation défensive, il ne nous a pas donné beaucoup d’espace. Mais à la fin on s’est stabilisé, on a commencé à avoir un meilleur positionnement et on s’est mis à les déstabiliser, surtout sur les côtés. Ce sont trois joueurs d’expérience, trois joueurs au profil différent qui me donnent une option de plus pour les prochains matchs. »

« Chaque match est différent parce que chaque adversaire est différent, note sagement Donadel. Et puis une blessure est vite arrivée! Mais présentement, les malheurs semblent derrière nous, presque tout le monde est en mesure de jouer et c’est encourageant. »

Outre Donadel qui a passé une partie de la séance d’entraînement en solitaire, Laurent Ciman et Ambroise Oyongo sont les deux seuls autres joueurs à avoir bénéficié d’un traitement particulier mardi. Les deux défenseurs, blessés respectivement à une cheville et à un talon, avaient obtenu congé.